Messe Stelliferi Conditor orbis :
- Kyrie 13
- Gloria 13
- Sanctus 13
- Agnus 13
Commentaire musical
On ne possède en tout et pour tout qu’une seule source manuscrite de ce Glória, originaire du Bénévent, aux XIᵉ-XIIᵉ siècle. Les moines de Solesmes l’ont consacré aux fêtes ou mémoires des saints. Il s’agit d’un 1er mode, bien unifié au plan modal, qui utilise des formules mélodiques largement reprises tout au long de la pièce.
On peut relever notamment l’emploi très fréquent du podatus de quinte Ré-La, typique du 1er mode, et qui revient jusqu’à 5 fois (et in terra juste après l’intonation ; quóniam ; tu solus (deux fois) ; cum Sancto). Par ailleurs, l’intervalle Ré-La se retrouve aussi sous la forme d’un torculus sur les deux qui tollis.
L’intonation est assez originale, puisqu’elle part du La sur l’accent au levé de Glória, et descend doucement jusqu’au Ré, tonique du 1er mode. Cette intonation a donc quelque chose de recueilli, ce qui n’empêche pas qu’elle doit être légère et entraînante.
Le mouvement s’élance ensuite clairement sur la phrase suivante, grâce à deux bonds successifs : le premier qui propulse la mélodie du Ré au La, comme on la vu, sur in ; le second qui nous conduit jusqu’au double Do, sur l’accent de homínibus, après un passage syllabique sur la dominante La.
Ce La est présent jusqu’au bout de cette première phrase, et la formule de bonæ voluntátis, qui forme une belle et simple courbe descendante (La-Sol-Fa) puis remontante (Fa-Sol-La), va se retrouver très abondamment tout au long de la pièce, sur les mots : adorámus te ; les deux Dómine Deus ; Dómine Fili ; Agnus Dei ; Fílius Patris (ces trois dernières incises successives et identiques, doivent être menées en crescendo) ; les deux peccáta mundi ; tu solus sanctus ; tu solus Dóminus, Cum Sancto Spiritu (ces deux dernières mentions commençant cependant par un podatus initial Ré-La, avant de retrouver la courbe habituelle).
Une autre formule rejoignant celle de l’intonation, c’est-à-dire partant du La à l’aigu et descendant jusqu’au Ré grave se rencontre également fréquemment, sur les mots : laudámus te, grátias ágimus tibi ; rex cæléstis, unigénite ; deprecatiónem nostram ; altíssimus ; Dei Patris.
Les éléments qui font exception à ces deux motifs principaux, sont, outre le premier sommet sur le Do de homínibus, bien lumineux : la formule au grave de benedícimus te, située entre le Do et le Fa, que l’on retrouve sur les mots propter magnam, Deus Pater, qui sedes ad déxteram Patris, ainsi que les deux Jesu Christe, d’ailleurs très expressifs et traduisant à merveille la courbure de l’adoration ; le traitement mélodique de glorificámus te, qui constitue le sommet de la pièce avec une courbe partant du La, montant jusqu’au Do et même jusqu’au Ré aigu et revenant se poser sur le La, non sans avoir fait entendre le seul Si naturel de toute la pièce ; les deux Sib situés tous deux sur l’accent du mot tollis ; et enfin la formule unique du second miserere nobis qui part du Mi et culmine sur le Sol.
La vie de ce Glória tient à l’alternance entre les formules graves, en détente et en recueillement, et les passages aigus, tout en élan et en lumière. Il s’agit, très simplement, de se laisser guider par la ligne mélodique, de bien repérer les éléments liés entre eux par des répétitions, et devant donc être menés en crescendo, de donner de la vigueur aux phrases s’achevant sur des cadences en La, et au contraire de marquer une certaine retenue sur les cadences en Ré.
Moyennant cela, on chantera ce beau Glória qui se prête à merveille à l’alternance de deux chœurs.
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