Nous avons lu pour la lettre Reconstruire (n°33 – février 2024) « Peuple, populisme, démophobie », le dernier numéro de la revue Catholica. Ce numéro consacre trois articles sur le peuple et les crises démocratiques.
Depuis quelques décennies, la question du populisme occupe les hommes politiques et les commentateurs. Sous le titre, « Peuple, populisme, démophobie », la revue Catholica consacre donc son dernier numéro (hiver-printemps 2024) à ce sujet, à travers la publication de trois articles. Le premier pose d’emblée une question essentielle, qui est d’ailleurs son titre : « Parler du peuple sert-il encore à quelque chose ? »
Un timide changement
Son auteur dresse d’abord le constat d’un timide changement de discours venant principalement des sphères universitaires. À la présentation du populisme comme un épouvantail se substituent des études cherchant à cerner le phénomène. Mais l’intérêt de l’article se trouve ailleurs, dans le retour qu’il opère « sur la définition du peuple dans la modernité politique » en montrant que « le peuple » du populisme s’insère entièrement dans cette compréhension moderne (une collectivité d’individus) et qu’il s’épuise ainsi dans sa remise en cause d’un système dont il partage les mêmes présupposés. Un deuxième article pointe des exemples précis de l’opération de sauvetage tentée par la démocratie représentative pour donner l’illusion d’une extension de la participation directe ou semi-directe, afin de la mieux contrôler à son profit.
La survie du peuple…
Enfin le dernier article sur le sujet s’interroge sur la survie du peuple en partant d’un constat : « Les éruptions épisodiques dites populistes qui ont eu lieu dans la période la plus récente témoignent de la situation de dérilection dans laquelle ont été placées des catégories entières de citoyens, frustrés de cadres stables de références et d’organisation. » Peut-il en sortir une remise en cause plus globale du système ? La réponse de l’auteur est prudente. Tout est fait pour dissoudre ce qui restait de peuple réel mais la société témoigne également d’une capacité de résistance, principalement d’ordre moral, culturel et religieux, « potentiellement apte à fonder une volonté politique ». Quoi qu’il en soit, le populisme apparaît non comme une solution mais comme le révélateur de la crise profonde de la démocratie moderne.
Catholica, n° 158, 128 p., 16 €. >> à lire également : Après 500…