Quadragesimo anno et les corps intermédiaires (II)

Publié le 03 Juil 2024
corporations corps intermédiaires quadragesimo anno

La reconstitution des groupements corporatifs du Moyen Âge est l'une des fins que Pie XI assigne à « la politique sociale ». © VitVit, CC BY 3.0

Lettre Reconstruire n°37 | Questions de principe
Dans cette encyclique sociale Quadragesimo anno, le pape Pie XI insiste sur l’urgence de restaurer les corporations professionnelles afin de sortir de l’ornière de la lutte des classes, du régime d’exploitation subie par les ouvriers et de l’interventionnisme de l’État.

>> Retrouvez la partie I  

| Qu’est-ce qui fonde, selon Pie XI, la nécessité des groupements ou des corps professionnels ?

Pour faire saisir ce point, le Pape établit un rapprochement avec la constitution de la cité : « de même, en effet, que ceux que rapprochent des relations de voisinage en viennent à constituer des cités, ainsi la nature incline les membres d’un même métier ou d’une même profession, quelle qu’elle soit, à créer des groupements corporatifs. » L’existence des groupements professionnels résulte donc de l’inclination naturelle de l’homme à s’assembler avec ses semblables avec lequel il partage des intérêts et des objectifs communs. Dans la pensée catholique, ce qui est commun est plus important que ce qui divise, d’où la nécessité d’une organisation professionnelle qui poursuive le bien de la profession (ou du métier) lequel rejaillira, sauf exception, sur ses membres, quel que soit leur statut (patrons, ouvriers, employés, etc.)  

| Quelle place Pie XI donne-t-il au renouveau des corporations ?

On a souvent voulu réduire cette exigence à un rêve romantique rétrograde (faire vivre un nouveau Moyen Âge). La reconstitution de ces groupements corporatifs est pourtant l’une des fins que Pie XI assigne à « la politique sociale ». Le texte latin de l’encyclique précise que ces groupements doivent jouir d’un droit propre (consortia jure proprio utentia), spécification qui n’a pas été reprise dans la traduction française, toujours déficiente à ce jour. Les corporations possèdent, donc, dans la pensée du Pape, une certaine souveraineté, en vue de leur organisation propre et des décisions à prendre dans l’intérêt de la profession. Elles restent toutefois soumises à la poursuite du bien commun de la société tout entière, comme le précise encore Pie XI : « ce principe d’union se trouve, – et pour chaque profession, dans la production des biens ou les prestations des services que vise l’activité combinée des patrons et des ouvriers qui la constituent, – et pour l’ensemble des professions, dans le bien commun auquel elles doivent toutes, et…

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