Les pieds dans le bénitier est le titre d’un livre co-écrit par Mesdames Christine Pedotti et Anne Soupa, et paru en novembre 2010. Ce livre aux idées progressistes (possible ordination des femmes, refus d’Humanae Vitae, etc.) a connu un réel succès de librairie. Le ton subversif de ce livre est tout entier dans une déclaration volontairement provocante que l’on trouve en page 113 :
« Il ne s’agit pas d’obéir au pape, à son directeur spirituel ou au Catéchisme de l’Église catholique comme un bon petit soldat, il s’agit de nous laisser ajuster, modeler par la parole de Dieu ».
Mais la parole de Dieu sans le Magistère de l’Église, cela n’a-t-il pas de forts relents de la pensée protestante ? D’ailleurs, comment obéiraient-elles au pape quand on voit l’image qu’elles en donnent :
« Pour la majorité des jeunes générations, le pape n’est qu’un vieil enjuponné, représentant une institution poussiéreuse qui s’est compromise avec tous les pouvoirs. » (p. 118).
Il est peut-être temps de montrer les vrais visages de ces deux co-auteurs, surtout celui de Madame Christine Pedotti qui vient de publier La bataille du Vatican. On peut résumer l’esprit de ce livre par un commentaire de Madame Pedotti elle-même :
« Ne nous faisons pas d’illusions, la minorité ne s’est pas tenue pour battue à l’issue du Concile. Elle tenait la place, Rome, et avait bien l’intention de regagner lentement mais sûrement le pouvoir que le Concile lui avait momentanément fait perdre… et petit à petit, petit gain par petit gain, elle l’a fait avec l’énorme bonne conscience d’une administration qui « fait son travail » »
(Commentaire de Madame Christine Pedotti, du 19 février 2012, sur le site de la Conférence catholique des Baptisé-e-s francophone, à la suite de l’article écrit par Monique sur son livre, le 14 février 2012).
La foule des JMJ,
un démenti aux affirmations gratuites sur une Église recluse
Il est important que
les fidèles catholiques – ceux qui ont à cœur d’écouter et de défendre le pape, qui acceptent l’encyclique Humanae Vitae, réfutent la possible ordination des femmes et la théorie du genre, et refusent qu’on ironise sur les prêtres traditionnels – connaissent les propos que ces deux
femmes, qui s’affirment catholiques,
ont tenu
en 2009 dans le journal Libération
. Au sujet de Madame Pedotti, les lecteurs découvriront avec étonnement les déclarations qu’elle a faites en 2011 sur le site de la Conférence catholique des baptisé-e-s francophones.
Voici les extraits de ces documents :
Portrait
de Christine Pedotti et d’Anne Soupa. Ces deux intellectuelles catholiques […]
, dénoncent le côté rétrograde du pape et recommandent l’ordination de femmes prêtres
(Interview
de Catherine COROLLER, Journal Libération
, 26 mars 2009.) :
«
[…].
Aujourd’hui, il y a un courant réactionnaire très puissant »,
disent-elles. Face à l’hémorragie des fidèles et des prêtres, l’institution se crispe.
“Elle est dans une logique d’assiégée face à un monde corrompu dont il n’y a rien à attendre, rien à espérer et dont il faut, au contraire, se protéger”.
Christine Pedotti en a elle-même subi le contrecoup. Il y a un an, elle a quitté les éditions Fleurus, catholiques et conservatrices, après un clash.
“Je préparais un Dico des garçons”,
pendant du Dico des filles, encyclopédie à l’usage des adolescentes. Un succès de librairie dans lequel l’auteure abordait tout ce qui préoccupe les jeunes filles, y compris la contraception et l’IVG. C’était en 2002. Depuis, les temps ont changé :
“Le Dico des garçons aurait dû adopter une position combattante en faveur de la masculinité et du patriarcat parce que les femmes ont pris tellement de pouvoir que les mâles sont en danger”.
Un claquement de porte plus tard, Christine Pedotti est libre.
“J’ai toujours adoré écrire, c’était l’occasion où jamais, j’ai coécrit un polar qui vient de sortir”.
Le héros vit des aventures pas très catholiques et très sexuelles dans la “glauille” (boue) ardennaise. Aujourd’hui, Anne Soupa, aussi, est disponible. Ses enfants sont grands, son mari et son employeur la soutiennent. […]
.
Plus réservée, Anne Soupa […] apparaît comme la tête pensante du duo. C’est elle qui a élaboré la contre-attaque contre André Vingt-Trois. C’est elle qui met en slogans leurs indignations. “Pour résoudre la crise de l’Église, nous on dit : ‘Mettez des femmes et ça ira mieux.’ “On nous reproche de vouloir le pouvoir ? Eh bien oui, nous le voulons”.
Dans l’absolu mais sans illusions tant le tabou est grand, elle et Christine sont favorables à l’ordination des femmes. (1) “
Il faudra y venir, mais commençons par nommer des femmes dans le gouvernement de l’Église.”
Après la médiatisation de leur plainte, le diocèse de Paris leur a envoyé un émissaire : Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris. “Il m’a dit : ‘Vous faites du mal à l’Eglise’
, raconte Christine Pedotti à la fois amusée et indignée. Elle lui a répondu : “
C’est aussi mon Église, vous ne m’en ferez pas sortir’
. Ajoutant : “
Et vous nous avez sur le dos pour un bon moment” ».
Madame Christine Pedotti
milite
aussi pour l’idéologie du genre (2) :
« […]. Allez, remettez-nous une petite rasade de crise antimoderniste, le ridicule nous tue,
mais on s’en fiche !
Je m’explique : une fois encore, avec la question du “genre”, le catholicisme “officiel”,
celui qui parle par la bouche de Rome
,
des évêques et de leurs experts appointés est parti en guerre, tel Don Quichotte, contre un énième moulin à vent. Parce que les précédents ne leur ont pas suffit, voyez-vous ! Après avoir voulu nous faire croire que la Terre était plate, et surtout qu’elle ne tournait pas autour du soleil, après avoir rompu des lances pour essayer de nier l’évolution des espèces et maintenir
mordicus
que le monde avait été créé en 6 jours, après avoir fulminé contre Freud et ses épigones qui prétendaient que les êtres humains avaient un inconscient sur lequel il leur était bien difficile d’avoir prise, et qui souvent ne nous voulait guère de bien (Citation de Lacan : “Notre inconscient ne nous veut pas de bien”), après avoir mené une bataille stupide pour défendre le monogénisme afin de préserver la fiction d’un premier couple humain commettant un “péché originel”, après avoir tenté d’interdire aux époux honnêtement mariés de décider (décider, ouh l’horrible mot ! ) d’avoir des enfants, quand ils le jugeaient souhaitable et dans un nombre qu’ils considéraient raisonnable, au prétexte que les enfants, c’était Dieu qui les donnaient (à charge pour les parents de les nourrir et les éduquer !), après avoir finalement permis une “paternité responsable” (la maternité responsable, ces hommes-là ne connaissent pas !) sous la condition que les pratiques conjugales soient contrôlées et mesurées au point que la vie sexuelle d’un couple catholique obéissant ressemble à un jeu sado-maso !, voilà le dernier combat : le genre !
Pourquoi tant de haine ?
D’abord, qui sont les « bénéficiaires » des études du genre (études qui s’interrogent sur la façon dont se constitue une identité sexuelle, et qui donc prétendent que la donne biologique n’est qu’un des éléments qui la constituent) ? Les bénéficiaires en sont les femmes et les homosexuels, hommes et femmes. Les unes parce qu’elles ne sont plus assignées à une tâche biologique : reproduire la race humaine, les autres parce que l’identité sexuelle étant un fait de culture, la leur n’est pas “contre-nature” et donc pas condamnable sur ce critère (et donc pas condamnable du tout).
Je n’hésite pas à dire que la parole catholique “officielle”, qui s’exprime aujourd’hui contre le “genre”, exprime sa haine des femmes “émancipées” et son homophobie. […]. »
Voici, enfin, l’attaque en règle de Christine Pedotti contre la moralité des prêtres, en annonçant des chiffres non vérifiables car ne citant aucune de ses sources (3) :
« Le pire, et c’est là que mon ami Lacan, celui qui dit que “notre inconscient ne nous veut pas de bien”, vient à mon secours ! Car enfin, qui parle ! Des hommes, qui ont “choisi” une étrange identité sexuelle, celle “d’eunuques” (pour le Royaume), des hommes qui mélangent allégrement les signes, se baladent en robe, et montrent un très étrange retour d’intérêt pour la dentelle, les broderies et la passementerie. Des hommes qui – bon sang, il fallait bien dire un jour haut et fort ce que tout le monde ecclésiastique sait et cache –, dans une proportion incroyablement supérieure à la norme commune sont homosexuels, que cette tendance soit latente ou assumée. Quoi, direz-vous ? Combien ? Les patrons de séminaire disent qu’on est passé en 15 ans de la moitié à deux tiers. Et oui, c’est une sorte de “secret”. Vous savez, un truc que tout le monde sait et commente en privé mais dont personne ne parle en public. Voilà une chose dont l’ami Lacan se délecterait non ? […] ».
Quels « patrons » de séminaire ? On ne connaissait jusqu’ici que des directeurs de séminaires… Dire de telles choses sans citer ses sources, sans donner de noms, sans afficher des statistiques scientifiquement prouvées, tient de la pure calomnie dont on sait qu’il reste toujours des traces ! D’ailleurs, Madame Pedotti omet bien de dire que le pape Benoît XVI a approuvé, le 31 août 2005, une Instruction
de la Congrégation pour l’Éducation et en a ordonné la publication le 4 novembre 2005, laquelle rappelle, au paragraphe 9 qu’on
« ne peut pas admettre au Séminaire et aux Ordres sacrés (diaconat et sacerdoce) ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu’on appelle la culture gay.
[…].
Par contre, au cas où il s’agirait de tendances homosexuelles qui seraient seulement l’expression d’un problème transitoire, comme, par exemple, celui d’une adolescence pas encore achevée, elles doivent de toute façon être clairement dépassées au moins trois ans avant l’Ordination diaconale ».
Cette mesure, mise partout en place là où elle ne l’était pas encore, n’a diminué ni par deux ni par trois dans le monde le nombre des séminaristes ordonnés prêtres, lesquels sont même en continuelle progression, ce qui prouve que les personnes homosexuelles entrées dans les séminaires n’étaient pas en aussi grand nombre que le soutient Madame Pedotti, mais bien en infime proportion !
A travers les divers extraits cités plus haut, on voit que Mesdames Christine Pedotti et Anne Soupa se mettent en dehors de l’Église, tout en voulant rester à l’intérieur pour faire triompher leurs idées. Mais l’Église n’admettra jamais l’ordination des femmes ou la théorie du genre, laquelle à le dessein d’amener les esprits à accepter l’homosexualité comme une chose normale et non condamnable, contrairement à l’enseignement moral de l’Église qui ne changera pas. Ces deux « innovatrices » voient-elles qu’elles ne font que reprendre à leur compte certaines revendications anciennes et nouvelles du monde actuel, lesquelles n’ont cependant pas réussi à affaiblir l’autorité spirituelle du Magistère de l’Église auprès des fidèles catholiques et des hommes de bonne volonté ?
1°)
Dans leur livre Les pieds dans le bénitier, après avoir écrit : « Il ne nous semble pas opportun d’ordonner des femmes maintenant »
, elles annonçaient tout de suite après : « Nous soutenons fermement que rien ne s’y oppose, sinon une tradition de pensée exclusivement masculine »
.
2°)
Peddoti Christine, Question de genre, le ridicule nous tuera (Site de la Conférence catholique des baptisé-e-s francophones, 14 septembre 2011.
3°) Idem.
Père Bernard Gallizia
Prêtre du diocèse de Blois
Membre Sociétaire de l’Association des
Ecrivains Catholiques de langue française.