Depuis des temps immémoriaux, l’Église catholique a su élever les âmes. Le message a toujours inspiré aux hommes de bonne volonté d’exprimer la vérité de différentes manières afin de répondre à l’amour de Dieu. Au cours des premiers siècles, le chant plaintif de la synagogue se transforma peu à peu en chant dit grégorien contenant une plénitude nouvelle dans la liturgie, celle de la présence du Fils de Dieu parmi nous. Cela jusqu’à aujourd’hui, ou presque.
Avec les temps modernes, le relativisme s’est insinué à l’intérieur des âmes. La Vérité est devenue la vérité de chacun et les critères pour les chants d’église se sont établis selon le dicton devenu principe « à chacun ses goûts ». Le jugement moral et populaire qui décrète habituellement le sens commun sur ce qui est « de bon goût » ou « de mauvais goût » n’a plus cours en matière de chants en France. Car dans d’autres pays comme l’Allemagne, par exemple, à défaut de compositeurs contemporains capables d’écrire de la musique satisfaisante pour l’église, on a recours aux maîtres d’antan et une mélodie de Bach, de Haydn ou de Mozart est souvent au menu des fidèles. Chez nous, exception faite pour les habitants de Paris qui peuvent choisir leur temps de messe et de prière à une station de métro près, nous, pauvres provinciaux que je représente, connaissons plus d’une fois sur deux le mélange incongru de chants « dignes » avec les chansonnettes syncopées ou de rock qualifié de « soft », le tout animé par des équipes liturgiques de laïcs parfois tyranniques, avec force guitare électrique, batterie et tam-tam. Devant un feu de camp, dans un moment de détente, on n’en serait nullement offusqué, mais devant le Saint Sacrifice de la messe cela devient offensant. « Cela attire les jeunes à l’église », clament certains. Mais on ne nous dit pas combien de jeunes (et de moins jeunes) cela refoule. Dans une grande ville de France, quelques paroissiens se sont vu mettre à la porte de leur église, car un certain groupe rock, dans une atmosphère de boîte de nuit, a officiellement pris le pouvoir au détriment des habitants du quartier et tous n’avaient pas forcément la possibilité de migrer vers des lieux plus tranquilles.
Est-ce pour l’élévation des âmes que l’on a adopté ces méthodes d’évangélisation qui s’inspirent davantage de la pub que des Pères de l’Église ? La beauté à la messe peut attirer encore plus de monde, jeunes ou plus âgés, car par définition, Dieu est beau et ce n’est pas une affaire de goût. Si les jeunes privilégient les modes qui règnent sur la société actuelle, il n’est pas rare de voir revenir aussi des choses anciennes. Faute de grandes nouveautés pour nos cérémonies liturgiques, rendez-nous, Seigneur, du Bach, du Fauré et du Berlioz !