Le temps long et amer qui suivit l’abdication du pape Benoît XVI jusqu’à sa mort donne l’impression que ce pontificat fut un grand échec. Les louanges respectueuses qui sont prodiguées au « grand théologien », le « père d’Église » moderne qui aurait répondu au défi de l’ère moderne postchrétienne de manière offensive à travers la grande thématique de sa vie, « foi et raison », cachent à peine la déception de ceux qui avaient de l’affection pour lui, et encore moins la hargne et la dénonciation de ses nombreux adversaires – notamment en Allemagne. À l’heure de sa mort, Benoît paraît être un des derniers à avoir mené un vain combat défensif maladroit, et à l’aide de moyens inadaptés, contre la re-création de l’Église que demande l’époque actuelle. Il s’avérera pourtant que Benoît XVI a reconnu et nommé avec sagacité le sujet qui sera au cœur du conflit au sein de l’Église : celle-ci sera-t-elle à jamais l’obligée de la Tradition des évangélistes, des apôtres, des martyrs et des Pères de l’Église, ou pourra-t-elle rompre avec cette obligation et découvrir sans cesse de nouvelles sources de révélation ? Le concile Vatican II signifie-t-il le début d’une rupture avec la Tradition ou est-il au contraire enraciné en cette Tradition et souhaite-t-il la poursuivre sans rompre avec elle ? Il s’agit là de l’antagonisme entre une « herméneutique de la rupture » et une « herméneutique de la continuité », comme l’appelait Benoît XVI – et c’est bien cette lutte-là qui déterminera notre proche avenir. Bien que Benoît XVI ait eu le dessous jusqu’à maintenant, il a tout de même formulé la question qu’aucun catholique – qu’il soit membre du clergé ou laïc – ne pourra éviter de se poser : est-ce que je crois que l’Église des apôtres, des martyrs et des Pères est celle de Jésus-Christ ou est-ce que je crois que cette ancienne Église a disparu et que l’Esprit Saint se manifeste désormais dans l’esprit du temps ? Une fois que la fumée du désarroi actuel se sera dissipée, cette exigence d’une décision que nous a imposée Benoît XVI apparaîtra comme étant la véritable et impérissable mission que nous aura laissée son pontificat. A lire également : Un réel souci de la vérité et de la beauté
Pèlerins de l’espérance : L’Année Sainte 2025
Annoncé en 2024 et introduit le jour de l'Ascension par la bulle d’indiction « Spes non confundit », le Jubilé 2025 sera officiellement ouvert le 24 décembre par le pape François à la basilique Saint-Pierre du Vatican.