Quelle religion pour la France ?

Publié le 05 Sep 2015
Quelle religion pour la France ? L'Homme Nouveau

La parution en janvier dernier de Soumission, le dernier roman de Michel Houellebecq, a entraîné une profonde onde de choc et une série de débats. Cet été, Le Figaro Magazine a consacré toute une série au romancier, offrant à Thibaud Collin l’occasion de rebondir sur un roman qui revient aux questions essentielles.

Une nouvelle fois, nous constatons avec Soumission, le dernier roman de Michel Houellebecq (1), que la littérature est souvent plus perspicace que la sociologie ou la science politique et que le romancier pose des questions et des diagnostics que l’essayiste peine à formuler. Dans une conversation avec Alain Finkielkraut (2) affirmant qu’en Occident « Dieu est parti et il ne dépend pas de nous de le faire revenir », Michel Houellebecq lui rétorque : « La religion gagne toujours à la fin, ce sont ceux qui croient en la vie éternelle qui survivent ». La question est dès lors pour lui : quelle religion pour la France (et pour l’Europe) ? Cette question présuppose donc, contrairement aux thèses de Marcel Gauchet et d’Alain Finkielkraut, que nous sommes arrivés à la fin d’un cycle et que l’homme est bien un animal religieux. Le projet de la modernité dont l’esprit est la philosophie dite « des Lumières » n’en finit pas de s’effondrer et les rêves de bonheur se révèlent être des cauchemars nihilistes.

Impasse spirituelle

Le personnage principal de Soumission illustre à merveille cette impasse spirituelle et cette misère humaine. Il est professeur de littérature à l’université, spécialiste de Huysmans, mais sa vie intellectuelle est fade et desséchée. Il est animé d’une forme de malaise créant en lui une instabilité qui pourrait devenir une quête, mais une quête de quoi ? C’est justement ce qu’il ignore. Houellebecq peint un homme en errance relationnelle réduisant sa vie sentimentale à « consommer » chaque année une nouvelle étudiante sans réel espoir de construire une vie de couple et une famille. Or cette impasse va être le moteur de sa « conversion » finale à l’islam et c’est un des intérêts majeurs de ce roman que de nouer dans une même intrigue trois des dimensions constitutives du monde humain : la religion, la politique et la sexualité. En cela il révèle en creux la crise de notre civilisation (post)chrétienne et met ses lecteurs devant leur responsabilité : « Est-ce vraiment cela…

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