À la suite du motu proprio Traditionis custodes et des responsa à ce sujet, un décret a été rendu public lundi 21 février 2022 par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre annonçant qu’elle bénéficiait d’un décret spécial du pape François lui permettant d’utiliser les quatre livres liturgiques antérieurs à la réforme de Paul VI. Une bonne nouvelle pour les prêtres de cette Fraternité et pour les fidéles des lieux de culte qu’ils desservent. Le site Benoît et moi rapporte, cependant, en s’appuyant sur un site italien (Il Sismografo), que l’on ne trouve pas de traces du décret dans les documents du Saint-Siège. De son côté, Yves Daoudal, sur son blog, tempère ceux qui voient seulement une bonne nouvelle derrière ce décret.
Il Sismografo note que le bureau de presse du Saint-Siège n’a pas fait état du décret papal, pas plus que Vatican News ou L’Osservatore Romano. Tout le monde est silencieux. Le fait est que le décret par lequel le Pape a exonéré la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre de l’obligation d’appliquer et de respecter le Motu proprio « Traditionis custodes » est une nouvelle qui n’a été diffusée que par la Fraternité. Nous pensons qu’il s’agit d’une communauté de personnes très sérieuses et responsables, et nous prenons donc pour acquis l’annonce de l’existence, avec signature et sceau papal, de ce décret, qui est si confidentiel qu’il semble presque « clandestin ». Nous ne disposons que de la transcription du texte original en latin [et en espagnol] et de quelques traductions de travail dans d’autres langues.
Nouvelle figure juridique singulière ? Nous l’ignorons. Il es dit que le Pontife a parlé au pluriel dans le cas des Instituts ex-Ecclesia Dei et cela pourrait nous amener à penser à d’autres décrets similaires. Nous avons effectué des recherches dans les archives du site vatican.va et n’avons trouvé aucune trace de ce document très important pour l’ensemble de l’Église. Il Sismografo conclut :
« Jusqu’à présent, cependant, personne n’a pu voir au moins une copie autorisée du document ».
À côté de cette question, Yves Daoudal dénonce pour sa part le fait que la liturgie traditionnelle serait désormais réservée à des « réserves d’Indiens ».
alors qu’on craignait que François détruise les instituts ex-ED en leur imposant de célébrer (aussi) la nouvelle messe, c’est une bonne nouvelle. Mais cela ne change rien au motu proprio Traditionis custodes, contrairement à ce que fantasment ceux qui le voient mis à la poubelle…
Le motu proprio de François a annulé celui de Benoît XVI, et c’est précisément ce que l’on voit. Benoît XVI permettait à tout prêtre diocésain de célébrer la messe traditionnelle, François le leur interdit, et il précise donc maintenant que cette interdiction ne concerne pas les instituts qui avaient le droit de célébrer la messe traditionnelle depuis leur création.
Ceux qui chantent les louanges du bon pape François ne pensent pas une seconde à tous ces prêtres diocésains et à tous ces fidèles qui dans le monde entier se retrouvent privés de la messe traditionnelle. Ni même au fait que les évêques qui veulent mettre en application le motu proprio peuvent empêcher aussi l’apostolat des instituts traditionnels dans leurs diocèses.
Il est odieux et contraire à la religion catholique que la liturgie latine traditionnelle redevienne l’apanage exclusif de quelques réserves d’Indiens.
Le décret évoqué a été signé de la main du pape François et rendu public par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre :
DÉCRET
Le Saint-Père François, concède à tous et à chacun des membres de la Société de vie apostolique « Fraternité Saint-Pierre », fondée le 18 juillet 1988 et déclarée « de droit pontifical » par le Saint-Siège, la faculté de célébrer le sacrifice de la Messe, d’administrer les sacrements et les autres rites sacrés, et de s’acquitter de l’Office Divin, selon les éditions typiques des livres liturgiques en vigueur en l’année 1962, c’est à dire le Missel, le Rituel, le Pontifical et le Bréviaire Romain.
Ils peuvent user de cette faculté dans les églises et oratoires propres ; partout ailleurs, ils n’en useront qu’avec le consentement de l’ordinaire du lieu, sauf pour la célébration de la Messe privée.
Sans préjudice de ce qui a été dit ci-dessus, le Saint-Père suggère que, dans la mesure du possible, les dispositions du motu proprio Traditionis Custodes soient également prises en compte.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 11 février, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, de l’an 2022, neuvième année de mon pontificat.
François