Rentrée scolaire : des chiffres et des lettres

Publié le 28 Sep 2016
Rentrée scolaire : des chiffres et des lettres L'Homme Nouveau

Alors que quelque 12,4 millions d’élèves viennent de faire leur rentrée, l’enseignement libre continue à attirer de plus en plus. Devant le nombre sans cesse croissant de créations d’écoles privées hors contrat, et prenant acte des chiffres, les responsables du ministère de l’Éducation nationale ont réagi en cherchant à les limiter ainsi que la liberté de l’enseignement. État des lieux.

Ce n’est qu’en cours d’année scolaire que l’on connaîtra les chiffres exacts de l’Enseignement catholique. Mais, l’an dernier, ils étaient 2 069 000 élèves à franchir les portes de quelque 7 508 établissements sous contrat pour 131 273 professeurs (hors enseignement agricole). 56 000 élèves passaient pour leur part les portes d’un peu plus d’un millier d’écoles hors contrat (moins de 3 % du secteur privé). Sans parler de ceux scolarisés à domicile (environ 24 000).

Des effectifs en hausse

Malgré la fameuse règle des quotas en vigueur depuis les accords Lang-Cloupet (avec une répartition des postes à 80 % pour le public et 20 % pour le privé), les effectifs du sous-contrat étaient encore en légère hausse par rapport à l’année précédente (+ 1,04 % dans le premier degré, + 0,2 % au collège, + 3,22 % dans les lycées généraux, mais – 1,14 % dans les lycées technologiques et – 0,36 % dans les établissements professionnels). Au vu de la multiplication des listes d’attente, on peut supposer que cette hausse se poursuivra pour 2016-2017 avec une surpopulation scolaire dans la plupart de ces établissements privés, dont une réforme du ministre de l’Édu­cation nationale pourrait encore limiter les conditions de création. À l’instar du public – qui compte cette année en moyenne 25,5 élèves par classe en maternelle, 23 à l’école élémentaire, 24,8 au collège, 30 au lycée général et technologique et 19,3 au lycée professionnel –, l’enseignement privé sous-contrat doit souvent compter avec des classes chargées, voire surchargées, faute d’attributions suffisantes de postes selon le besoin scolaire.

L’attrait des écoles indépendantes

C’est là où, avec une moyenne de 13 élèves par classe – 15 élè­ves par classe pour le premier degré, 12 pour le collège et 11 pour le lycée –, les écoles indépendantes, avec leur liberté de choix pédagogique, commençaient à constituer une alternative de plus en plus visible. Cela n’a pas échappé au collimateur du ministère de l’Éducation nationale qui a fait réaliser des statistiques entre 2011 et 2014.

Leur nombre a augmenté de 26 % pendant cette période, avec 966 établissements hors contrat en 2014 (écoles, collèges, lycées). Les établissements du premier degré (mais aussi les collèges) sont notamment en plein essor : il y a maintenant plus d’écoles que de lycées hors contrat, alors que c’était l’inverse il y a cinq ans (à cause notamment des fameuses « boîtes à bac »).

Selon la Fondation pour l’école, près de 70 nouvelles écoles ont été créées l’année dernière : « Quand on a commencé à travailler sur le sujet en 2004, il y avait 10 créations par an. L’accélération est très nette : 37 écoles indépendantes ont ouvert à la rentrée 2013, 51 à la rentrée 2014, 67 à la rentrée 2015. » Deux écoles sur cinq sont confessionnelles. Les autres sont surtout spécifiées par des pédagogies propres s’adressant à des publics précis (méthodes classiques, Montessori, Steiner, immersion linguistique…).

Face à ce développement d’une saine et légitime liberté, le ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem (dans la lignée idéologique des Savary et Peillon) a donc concocté en hâte une réforme mettant les écoles libres (indépendantes ou non) sous le régime de l’autorisation préalable (au lieu du système actuel de déclaration) avec validation ou non des programmes par l’Éducation nationale. Sous prétexte de lutter contre la radicalisation de la jeunesse, c’est placer en réalité les écoles indépendantes sous le régime de servitude relative des écoles sous-contrat, les subventions en moins ! C’est une atteinte non seulement à la liberté d’enseignement mais aussi à la liberté de pensée, révélatrice d’un gouvernement de plus en plus totalitaire. Une fédération des parents d’élèves des écoles indépendantes s’est créée pour défendre leur droit naturel (FPEEI ).

Un monopole étouffant

C’est dans ce contexte de totalitarisme sournois que l’APEL (association des parents d’élèves de l’Enseignement catholique) a apporté, contre toute attente, son soutien à la réforme du collège de Najat Vallaud-­Belkacem, créant une vive contestation de la base et la dissidence de parents d’élèves, avec la naissance d’une nouvelle association (Parents pour l’école). L’heure ne ­serait-elle pas à repenser politiquement la liberté de l’enseignement sous le signe d’une alliance des deux composantes supposées libres du service civique de l’Éducation face au monopole de plus en plus étouffant de sa composante étatique, dont l’échec scolaire n’est plus à montrer ?

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