La grande richesse musicale de l’office des Ténèbres des trois jours saints est incontestablement constituée par l’ensemble des 27 répons qui sont tous sans exception des joyaux de l’art grégorien.
Ces répons nous font entrer dans l’âme du Sauveur, le rejoindre au plus intime de sa souffrance et de sa Passion rédemptrice. Ils nous dépeignent une personne qui souffre, qui se plaint, mais surtout qui aime. Le thème prédominant, souvent caché, de ces chefs-d’œuvre, est certainement l’amour douloureux mais invincible du Christ. D’emblée le premier répons du Jeudi saint nous plonge dans l’agonie du Seigneur et dans le drame intérieur qui agite son âme.
Dialogue entre le Fils et son Père
D’emblée aussi il nous insère dans le dialogue intime qui s’établit entre le Fils et son Père. Le texte qui sert de référence est l’Évangile selon saint Matthieu, 26, 36-41. Ce répons traduit le grand calme, la douceur jusque dans l’angoisse, l’abandon de l’amour qui anime l’âme du Christ en ces instants si attendus et si redoutés. Dès le début, avec la première phrase musicale, tout est décrit en six mots non scripturaires qui introduisent la citation de l’Évangile. In monte Oliveti : la mélodie souligne discrètement par son élévation la situation géographique du lieu de l’agonie : on monte avec le Christ vers le jardin des Oliviers. La hauteur mélodique évoque également le sommet spirituel de la vie du Christ que représentent sa prière et son intimité avec le Père : oravit ad Patrem. Une fois établie sur ces hauteurs, la prière de Jésus se déploie, humble et fervente : « Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi. » Le premier répons des matines des trois jours saints inaugure l’ensemble prodigieux qui recèle tant de trésors et prépare si bien nos âmes à la grande nuit pascale et au mystère de la Résurrection.
Pour écouter cet répons :