La royauté du Christ et la consécration des églises

Publié le 29 Oct 2023
royauté du christ et consécration des églises

L'église est la maison de Dieu et la porte du Ciel où règne le Christ. © Basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome) par Jean-Pierre Dalbéra.

Dans les deux formes du rite romain, la royauté du Christ fait l’objet d’une fête spéciale à cette époque de l’année, quoique de l’une à l’autre le sens en ait été changé. Mais vers le début de novembre, la liturgie souligne aussi l’importance de l’église, maison de Dieu et antichambre des Cieux.

 

Le dimanche précédant la Toussaint, dans le Missel romain de 1962, l’Église interrompt la série dominicale per annum pour célébrer le Christ Roi. 

En instituant cette fête à la fin du jubilé de l’année sainte 1925, Pie XI voulut proclamer solennellement la royauté de Jésus-Christ non seulement sur les individus et les familles, mais sur les nations. S’il rappelle que « ce royaume est avant tout spirituel et concerne avant tout l’ordre spirituel », le Pape n’en affirme pas moins que « ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient : il tient du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant d’en disposer à son gré » (encyclique Quas Primas).

Ainsi, les textes liturgiques chantent-ils cette domination : « Une foule criminelle crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne ; c’est vous qu’avec transport nous proclamons Roi suprême de tous. À vous, que les chefs des nations rendent les honneurs publics ; que vous confessent maîtres et juges, que lois et arts portent votre empreinte. Que, soumis, les insignes des rois brillent, à vous consacrés ; à votre doux sceptre soumettez la patrie et les demeures des citoyens » (hymne des vêpres).

La préface de la messe, après avoir rappelé les fondements de la royauté du Christ, parle du « royaume éternel et universel, royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix ». La réforme liturgique de 1969 a conservé cette fête, mais en en changeant la nature : plutôt que de rappeler la royauté du Christ sur les nations, elle célèbre sa royauté universelle, plutôt eschatologique, et a supprimé les strophes citées plus haut.

En France, dans le Missel romain de 1970, le 25 octobre ou le dimanche suivant, se célèbre l’anniversaire de la dédicace des églises consacrées dont on ne connaît pas la date de consécration. 

 

Le concordat de 1801 prévoyait déjà cette fête au début de novembre. En 1914, il fut également prescrit de célébrer dans tout le diocèse l’anniversaire de la dédicace de la cathédrale. Enfin, depuis 1962, lorsque l’on connaît la date de la dédicace, c’est à ce jour que l’on doit en célébrer l’anniversaire. Ces prescriptions montrent bien l’importance que la liturgie accorde à l’anniversaire de la consécration des églises. 

Le développement du culte eucharistique avec la conservation de la Présence réelle, puis, plus récemment, l’habitude de célébrer à l’extérieur pour les foules ont un peu fait oublier que les églises consacrées sont déjà la « maison de Dieu et la porte du ciel » (Gn 28, 17 ; Introït de la messe). La préface, s’adressant à Dieu, ajoute : « Dans la maison visible que tu nous as donné de construire, en ce lieu où tu ne cesses d’accueillir ta famille dans son pèlerinage vers toi, tu nous offres le signe et la réalité admirables du mystère de ta communion avec nous ».

L’hymne Urbs Ierusalem beata, des vêpres, loue la beauté de la Jérusalem céleste, dont nos églises terrestres sont les antichambres. Aux laudes, l’hymne, après avoir rappelé que le Christ lui-même est la pierre angulaire, proclame : « Toute cette cité consacrée à Dieu qui la chérit, retentit de chants de louange et de cantiques de jubilation, proclamant avec ferveur le Dieu un et trine », puis demande : « Dans ce temple, Dieu souverain, fais ton entrée et (…) répands sans cesse en ce lieu une large bénédiction » (Angularis fundamentum).

« Porte[s] du ciel », telles sont essentiellement nos églises : « Puissions-nous tous en ce lieu voir nos demandes exaucées, et posséder les biens ainsi reçus ; puis, avec les Saints, à jamais être accueillis au Paradis, introduits dans le repos » (ibidem).

 

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Pierre Julien

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