> HS n° 60-61 « Saint-Pierre de Rome, 1700 ans de splendeurs »
Pendant ces vacances de Noël, découvrez quelques articles extraits de notre dernier hors-série sur la basilique Saint-Pierre de Rome, dirigé par Marie Piloquet.
Ad caput Petri
Une Année Sainte se termine, la Porta Santa de Saint-Pierre se referme pour des années. Chacun se félicite, à juste titre, de son pèlerinage jubilaire. Il nous semble que tout a été dit de Rome et il nous tarderait presque de passer à autre chose.
Pourtant, il y a cet homme, ce 10 octobre 2025, qui profana la Confession de la Basilique : contournant les tourniquets qui entourent l’autel sous le baldaquin, il gravit rapidement les marches et commença à se soulager in situ. Et il y avait eu cet autre, encore, quelques mois auparavant, qui arracha la nappe du même autel et projeta six chandeliers au sol. Plus ou moins conscients, plus ou moins blasphémateurs, ils nous rappellent à leur corps défendant une urgence de foi trop souvent amoindrie par la routine : l’éminente sacralité de ce lieu de quelques mètres carrés qui surplombe très exactement le tombeau funéraire de l’Apôtre.
La première basilique
Il y a 1 700 ans, une première pierre était posée là, à cet endroit précis pourtant si peu propice à la construction : la basilique constantinienne, Saint-Pierre du Vatican, allait voir le jour pour saluer la mémoire du premier chef de l’Église, sur une terre de martyrs. Treize siècles plus tard, en 1626, la nouvelle basilique voulue par Jules II était inaugurée pour perpétuer cette vénération, autour de ce même espace, inchangé.
Nous sommes, ici, ad caput Petri. Un point vers lequel tout converge, sur lequel tout s’élève. La pierre angulaire qui ne peut être brisée. « Pierre est ici » put lire l’épigraphe Margherita Guarducci sur le mur à l’intérieur du loculus où les fragments d’os révélèrent, au début des années 1960, les restes d’un homme de plus de 60 ans marqué par l’arthrose, maladie commune aux pêcheurs… Pie XII n’avait pas hésité à lancer une campagne de fouilles en pleine Seconde Guerre mondiale, pour les retrouver et faire ainsi se rejoindre la science et la foi.
L’autorité papale et romaine
Cette découverte, ou plutôt cette redécouverte, confirmait l’origine et justifiait la légitime continuité de l’autorité papale. Saint Pierre est mort à Rome : la Providence a ses raisons que la raison ne connaît pas toujours… Roberto de Mattei parle de la « romanité » comme de la face visible du Corps mystique du Christ : l’Église est placée « dans le temps et dans l’espace, dans un lieu et une mémoire historiques. » Alors même que son message est universel.
Comment s’étonner de cette harmonie magnifique, dès les premiers pas au sein de la Basilique ? La main des génies a œuvré, à partir du sens originel dont découle la grâce de l’unité. Il en ressort une sorte de fierté qui élève autant qu’elle écrase : la certitude d’être enfant de Dieu s’accompagne immanquablement de l’humilité la plus grande, sous la conduite de son Église et son Berger.
Alors, revenir à nos moutons après une Année sainte ? Oui, mais en gardant à l’esprit et au cœur, ce lieu à la fois si incarné et si symbolique. Ce n’est pas qu’une question de dévotion : c’est le cadre du combat.
Saint-Pierre de Rome, 1700 ans de splendeurs, hs n° 60-61, Éditions de L’Homme Nouveau, 132 p., 16€.
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