Saint Thomas de Cantorbéry, défenseur de l’Église

Publié le 29 Déc 2023
Thomas de Cantorbéry
Saint Thomas Becket, ou Thomas de Cantorbéry, est fêté le 29 décembre. Né à Londres vers 1120 et mort assassiné à Cantorbéry le 29 décembre 1170, saint Thomas Becket est canonisé en 1173 dans la cathédrale de Cantorbéry.

 

Saint Thomas de Cantorbéry, encore connu sous le nom de saint Thomas Becket, est l’un des grands saints anglais de l’Église catholique. Il ne doit pas être confondu avec Saint Thomas More, avec qui il nourrit plusieurs points communs, mais qui lui est postérieur de plusieurs siècles. En effet, tous deux ont été chanceliers du Royaume, tous deux ont connu l’amitié de leur prince mais lui ont préféré la défense de la vérité, tous deux enfin ont donné leur vie pour l’honneur et la liberté de l’Église. Avant 1962, la liturgie faisait lire aux clercs pour l’office de Matines cette notice sur la vie du saint évêque, qui n’a rien perdu de sa beauté ni de sa vigueur : 

« Thomas, né à Londres, en Angleterre, succéda à Thibault, évêque de Cantorbéry. Il avait exercé auparavant, et avec honneur, la charge de chancelier, et il se montra fort et invincible dans l’office de l’épiscopat. Henri II, roi d’Angleterre, ayant voulu, dans une assemblée des prélats et des grands de son royaume, porter des lois contraires à l’intérêt et à la dignité de l’Église, Thomas s’opposa à la cupidité du roi avec tant de constance, que, n’ayant voulu fléchir ni devant les promesses ni devant les menaces, il se vit obligé de se retirer secrètement, parce qu’il allait être emprisonné. Bientôt tous ses parents, ses amis et ses partisans furent chassés du royaume, après qu’on eut fait jurer à tous ceux dont l’âge le permettait, d’aller trouver Thomas, afin d’ébranler, par la vue de l’état pitoyable des siens, cette sainte résolution, qui n’avait pu être arrêtée par celle de ses propres intérêts. Il n’eut égard ni à la chair ni au sang, et aucune faiblesse humaine n’ébranla sa constance pastorale.

 Il se rendit auprès du pape Alexandre III, qui le reçut avec bonté, et le recommanda aux moines du monastère de Pontigny, de l’Ordre de Cîteaux, chez lesquels il se rendit. Henri, l’ayant su, écrivit des lettres menaçantes au Chapitre de Cîteaux, à l’effet de faire chasser Thomas du monastère de Pontigny. Le saint homme, craignant que cet Ordre n’eût à souffrir quelque persécution à cause de lui, se retira de lui-même, et, sur l’invitation de Louis, roi de France, il alla demeurer auprès de lui. Il y resta jusqu’à ce que, par l’intervention du souverain Pontife et du roi, il fut rappelé d’exil, et rentra en Angleterre, à la grande satisfaction du royaume entier. Comme il s’appliquait, sans rien craindre, à remplir les devoirs d’un bon pasteur, des calomniateurs viennent rapporter au roi qu’il entreprend beaucoup de choses contre le royaume et la tranquillité publique : en sorte que ce prince se plaignait souvent de ce que, dans tout son royaume, il n’y avait qu’un évêque avec qui il ne pût avoir la paix. 

Ces paroles du roi ayant fait croire à quelques détestables satellites qu’ils lui feraient un grand plaisir s’ils exterminaient Thomas, ils se rendirent secrètement à Cantorbéry, et allèrent attaquer l’évêque dans l’église même où il célébrait l’Office des Vêpres. Les clercs voulant leur fermer l’entrée de l’église, Thomas accourut aussitôt, et ouvrit lui-même la porte en disant aux siens : « L’Église de Dieu ne doit pas être gardée comme un camp ; pour moi, je souffrirai volontiers la mort pour l’Église de Dieu. » Puis s’adressant aux soldats : « De la part de Dieu, dit-il, je vous défends de toucher à aucun des miens. » Il se mit ensuite à genoux, et, après avoir recommandé l’Église et soi-même à Dieu, à la bienheureuse Marie, à saint Denys et aux autres saints patrons de sa cathédrale, il présenta sa tête au fer sacrilège avec la même constance qu’il avait mise à résister aux lois très injustes du roi. Ceci arriva le quatre des calendes de janvier, l’an du Seigneur onze cent soixante-onze ; et la cervelle du martyr jaillit sur le pavé de l’église. Dieu l’ayant bientôt illustré par un grand nombre de miracles, le même pape Alexandre le mit au nombre des Saints. » 

 

De la vie et du martyre de saint Thomas de Cantorbéry, qui a inspiré de nombreuses œuvres littéraires et musicales, il est opportun de souligner deux choses. La première est sa conversion, discrète mais ferme et radicale, survenue lors de sa nomination à l’épiscopat. Du courtisan qu’il était, il est devenu un saint évêque. Ayant embrassé l’état de perfection, il s’est plié à ses exigences de pauvreté, de charité, de droiture. Sommé de choisir entre l’estime du monde et son devoir de défenseur de la sainte Église, il n’a pas hésité à sacrifier sa vie pour rester fidèle.  

C’est la seconde chose que nous pouvons admirer : son combat pour la liberté de l’Église. La victoire qu’obtiendra son martyre, c’est la pénitence et la renonciation du roi à ses lois iniques. Quelques semaines seulement après la mort du saint évêque, Henri II revint sur ses décisions et fit pénitence publiquement sur sa tombe. Elle deviendra un des lieux de pèlerinage les plus populaires en Angleterre, jusqu’à sa destruction lors de l’anéantissement des monastères anglais sous Henry VIII, triste époque qui verra le triomphe – temporaire mais néanmoins tragique – des ennemis de la liberté de l’Église. 

 

« Quelle est donc la raison de la mort de Thomas Becket ? 

À y bien regarder, il est mort pour ce qui est la cause de l’antagonisme entre le monde et l’Église. 
L’Église est établie dans tous les pays pour s’adresser à tous, aux grands et aux petits, aux personnes de tout rang et de toute condition. 
Pour diriger et, en un certain sens, intervenir en conscience, et dans le cas de misère morale des princes que le monde adule dès leur petite enfance, pour promulguer aussi la loi et enseigner, ce faisant, la Foi. 
Là est le conflit : le monde n’aime pas recevoir de leçons. Les rois d’Israël n’aimaient pas les prophètes. L’Église peut, elle aussi, en venir à s’opposer au monde et à s’élever comme témoin contre lui. 
Tel fut le conflit entre le monde et Thomas Becket. »

John Henry Newman, Sermon 2

 

>> à lire également : Congrès eucharistiques (1/4) : Aux États-Unis, un nouvel élan pour l’adoration missionnaire

Chanoine Brieuc de La Brosse

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