Sainte-Anne-d’Auray (3/3) | Yvon Nicolazik, le voyant, bientôt béatifié ? 

Publié le 07 Mar 2025
yvon nicolazik

Yvon Nicolazik (1591-1645), un voyant discret et pieux. © CC BY-SA 4.0, Octave 444

> Dossier : « 1625-2025 : Sainte-Anne-d’Auray, quatre cents ans d’histoire et de ferveur » 
Les apparitions de sainte Anne furent la cause pour le voyant de bien des vicissitudes, le doute sur sa sincérité pesant sur lui jusqu’à la fin, malgré sa piété, son équilibre et sa probité généralement reconnus.

  Agriculteur prospère sans être riche, Erwan, Yvon, Nicolazik est né à Plumeret, au diocèse de Vannes, le 3 avril 1591. C’est un homme pieux, connu pour sa grande dévotion mariale, d’une probité « allant jusqu’au scrupule » si exemplaire que le prieur du couvent des Carmes d’Auray, interrogé à son sujet, dira de lui : « Yvon était si loyal qu’il eût mieux aimé souffrir la perte de tout son bien que faire du tort à qui que ce fût.» Cette opinion est largement partagée par les notables, propriétaires et voisins du fermier, et son recteur, don Sylvestre Rodué, qui a autorisé, ce qui est tout à fait exceptionnel alors, son paroissien à communier tous les dimanches et fêtes.

Un ménage éprouvé

La seule ombre dans l’existence de cet excellent homme est la stérilité de son ménage puisque, après quinze ans de mariage, son épouse, Guillemette Leroux, n’a pu lui donner d’enfants… Pourtant, ce malheur n’altère pas le caractère d’Yvon. Lors de l’enquête canonique sur les apparitions, tous ceux qui le connaissent, clergé compris, s’entendront pour le décrire comme de tempérament agréable, sérieux, les pieds sur terre, ni exalté, donc capable d’avoir inventé ses visions, ni « mélancolique », autrement dit sujet aux idées noires, dépressif ou déséquilibré. Au demeurant, quel intérêt aurait-il à inventer une histoire qui, loin de le rendre intéressant, va lui compliquer la vie à l’extrême ? Et pourquoi sainte Anne, envers laquelle Nicolazik n’éprouve pas d’affection particulière, car le clergé, conscient que le culte voué à la mère de Marie voile souvent des pratiques qui n’ont rien de chrétien, ne l’encourage pas. S’aviser de la mettre en valeur, en ces années de la Contre-Réforme, tout juste débutante en France, ne peut attirer que des ennuis et Nicolazik en fera l’expérience, pénible… Entre les interrogatoires ecclésiastiques et les sollicitations indiscrètes des curieux et dès pèlerins, il n’aura bientôt plus un instant de paix. Quant aux bénéfices, ils sont nuls car Yvon donne tout au chantier de sainte Anne et y perd même puisqu’il doit…

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Yann Kernilis  

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