Les catholiques et le sport (3/3) | Sportif et saint, une combinaison impossible ?  

Publié le 27 Juin 2024
gino sport

Gino Bartali, dit « le Pieux », et son rival Fausto Coppi, ici en 1940.

DOSSIER | « Les catholiques et le sport : des patronages aux Jeux olympiques » 3/3  

La comparaison entre entraînement sportif et ascèse chrétienne est faite par saint Paul lui-même et certains sportifs ont pu s’approcher de la sainteté. La métaphore est belle, mais peut-on tout à la fois grandir physiquement et spirituellement.

  Citius, Altius, Fortius – « Plus vite, plus haut, plus fort » : la devise des Jeux olympiques remonte à la refondation de Pierre de Coubertin, en 1896. Elle n’est pourtant pas l’œuvre du sportif baron, qui l’avait empruntée à l’un de ses amis, le R. P. Henri Didon, dominicain, avec lequel il fonda la première association de rencontres sportives scolaires. Quelques années plus tard, Didon célébrera à Athènes la messe d’ouverture des premiers Jeux de l’ère contemporaine. « Plus vite, plus haut, plus fort » : les trois adjectifs rassemblés par le religieux ne désignaient pas d’abord la diversité des disciplines olympiques, mais les différents domaines d’une éducation intégrale : intellectuel, spirituel et corporel. Développement du corps, de l’intelligence et de l’âme peuvent-ils aller de pair ? La professionnalisation et la marchandisation contemporaines du sport semblent s’y opposer.  

Le premier sportif canonisé ?

Et pourtant, certains sportifs montrèrent un réel exemple de sainteté [1]. Parmi eux on peut citer Gino Bartali, dit « Gino le Pieux », vainqueur de deux Tours de France à dix ans d’intervalle (1938 et 1948), de trois Giro… Né dans une famille modeste, réparateur de bicyclettes, il économise pour acheter son premier vélo de course. Gravissant les échelons du cyclisme amateur, il devient professionnel et se fait rapidement remarquer, brillant lors de son premier Milan-San Remo, malgré un dérailleur bloqué, puis remportant une première étape sur le Giro 1935. Dès 1936, il est vainqueur au classement général. Mais quelques jours après ce premier succès, grisant pour le jeune coureur, son frère Giulio, coureur amateur, est victime d’un accident mortel. Gino hésite alors à arrêter le cyclisme, qu’il reprend finalement à la fin de la saison, pour gagner l’année suivante un second Giro, puis en 1938 son premier Tour de France. Cet événement dramatique l’avait pourtant changé intérieurement.  

« Gino le Pieux »

Sa participation au Tour de France 1937 aurait dû être pour l’Italie mussolinienne un argument de propagande : or ce ne sont pas les prouesses de Gino le Fasciste que décrira la presse sportive de l’Hexagone, mais celles de…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Paul Roy (FSSP) 

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉglise

Canoniser la jeunesse ? (4/4) : Pier Giorgio Frassati, le montagnard de Dieu

DOSSIER : « Frassati, Acutis : Canoniser la jeunesse ? » | Mort à 24 ans après une vie brûlée par l’amour du Christ et des pauvres, Pier Giorgio Frassati incarne l’idéal d’une jeunesse chrétienne joyeuse, fervente et engagée. Étudiant, alpiniste, tertiaire dominicain et apôtre de la charité, ce fils de bonne famille turinoise sera canonisé le 3 août prochain. Portrait d’un saint des temps modernes.

+

Pier Giorgio Frassati
À la uneÉglise

Canoniser la jeunesse (1/4) : Mode ou nécessité ? 

DOSSIER : « Frassati, Acutis : Canoniser la jeunesse ? » | La multiplication récente des causes de canonisation de jeunes figures soulève une question délicate : assiste-t-on à une réponse pastorale adaptée à notre époque, ou à un glissement vers une reconnaissance trop émotive de la sainteté ? À travers l’histoire se dessine un discernement nécessaire, entre exemplarité et emballement collectif.

+

Domenico Savio e1747124123171 jeune
À la uneÉgliseConclave

Léon XIV, un pape venu d’Amérique

Son élection a fait jaillir la joie dans les rues de Chicago, suscité la perplexité dans les cercles catholiques conservateurs et réveillé une espérance insoupçonnée dans l’Église universelle. Premier pape américain, Léon XIV hérite d’un pontificat lourd de défis. 

+

Pape Léon XIV
À la uneSociétéFin de vie

Fin de vie : les paradoxes d’un projet de loi

Entretien | Depuis ce lundi 12 mai, l'hémicycle de l'Assemblée nationale est le théâtre d'une évaluation des deux textes, l'un portant sur la fin de vie et l'autre sur les soins palliatifs. Le 27 mai est la date prévue pour les votes distincts. Entretien avec Joël Hautebert, professeur d’histoire du droit.

+

euthanasie fin de vie