Une curieuse disposition semble bien devoir être appliquée au prochain Synode sur la synodalité par les autorités vaticanes, le secret pontifical. Peu utilisé et en des circonstances très précises, il paraît peu adapté à une époque de communication tous azimuts appuyée sur des moyens instantanés et universels, et contredit par les habitudes ecclésiales dans un processus aussi public qu’un synode.
Depuis quelque temps plusieurs sources vaticanes laissent présager que l’ensemble des prochaines discussions synodales serait couvert par le secret pontifical. Autrement dit, non seulement les participants (c’est-à-dire les évêques et autres membres nommés) mais aussi tous ceux qui assisteront pour des raisons de logistique ou de technique aux débats du synode seraient tenus de garder le silence absolu sur tout ce qu’ils ont dit, vu et entendu, sous peine de sanctions canoniques. L’énoncé de cette exigence fait spontanément sourire tant il semble impossible aujourd’hui de maintenir une telle pratique, quand on sait, par exemple, la rapidité avec laquelle tous ont été informés des discussions voire des scores obtenus par les différents cardinaux lors du dernier conclave… Bien entendu, le secret pontifical doit être conservé et défendu dans des circonstances particulières qui exigent effectivement une discrétion absolue : enquête préalable à la nomination d’un évêque, correspondances diplomatiques, échanges entre les Églises locales et les services du Saint-Siège dans des circonstances délicates et bien précises. Il en est de même pour certaines phases des procédures judiciaires ou disciplinaires, même si beaucoup de spécialistes et les représentants des victimes exigent de plus en plus que les délits canoniques soient rendus publics afin d’éviter les récidives et de faciliter les enquêtes sur l’existence d’éventuelles autres victimes. Mais rien de tel pour un synode qui s’est donné comme feuille de route de réfléchir à l’organisation interne de l’Église et à sa mission. Les défenseurs d’une pareille mesure arguent de la liberté dont doivent bénéficier les participants. Mais en quoi ceux-ci auraient-ils peur ou honte d’énoncer publiquement ce qui leur apparaît comme la volonté de Dieu sur l’Église pour le moment présent ? Depuis quand l’Évangile doit-il être mis sous le boisseau ou caché dans l’armoire ? Imposer le secret aux pères synodaux et aux autres participants serait aller directement contre l’exemple et la pratique du dernier concile. Les historiens et les théologiens ont à leur disposition non seulement les textes de Vatican II (constitutions, décrets…