Action de grâce, mémoire et présence, les trois dimensions du mystère eucharistique

Publié le 12 Juin 2024
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© Daniel Reche/Pixabay

Le Pape a célébré la Fête-Dieu dimanche 2 juin 2024, à Saint-Jean du Latran. Dans son homélie, il revient sur l’institution de l’Eucharistie, et la présence réelle de Dieu, qui nous rend libre.

 

Avec la fête du Sacré Cœur, la Fête du Saint Sacrement ou Fête-Dieu clôt la première partie du cycle liturgique. Fête relativement tardive, puisque du XIIIe siècle, elle doit son origine d’une part au développement de la doctrine eucharistique durant le Moyen Âge, depuis l’hérésie de Bérenger au XIe et, d’autre part, aux révélations faites à sainte Julienne du Mont Cormillon.

Celle-ci eut une vision de la lune auquel il manquait un segment. Par cette étrange vision, Notre Seigneur lui fit comprendre que la lune représentait le cycle liturgique annuel, auquel il manquait une fête en l’honneur du Saint Sacrement. L’ancien archidiacre de Liège et directeur spirituel de la sainte, Jean de Troyes, répondit aux vœux du Seigneur, lorsqu’il devint pape sous le nom d’Urbain IV.

Il demanda à saint Thomas d’Aquin de composer messe et office de la fête, qu’il établit en 1264. L’œuvre eucharistique de saint Thomas traversa les siècles et les rues du monde entier retentirent comme en écho des Adoro Te, Lauda Sion, O Salutaris hostia, O sacrum convivium, Tantum ergo. La plupart de ces pièces faisaient partie du recueil Jubilate Deo, demandé par Paul VI, pour que ne disparaisse pas complètement dans nos paroisses le chant grégorien.

La procession, elle, est encore plus tardive, puisqu’elle remonte à 1318, sous le pape d’Avignon Jean XXII, qui œuvra beaucoup pour la musique sacrée. En France, depuis le concordat napoléonien, la Fête Dieu est repoussée au dimanche, et c’est le cas encore dans la plupart des paroisses, là où le jeudi n’est pas chômé. Cependant, le Missel de 1969 a maintenu la date traditionnelle et Benoît XVI conservait cette date. Le pape François, lui, préfère fêter le Corpus Christi avec toute l’Italie, le dimanche.

La veille de sa Passion, au cours de la Cène pascale, le Seigneur prit le pain entre ses mains et, ayant prononcé la bénédiction, le rompit et le donna aux Apôtres en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, prenant la coupe, il rendit grâces, la leur donna, et ils en burent tous. Et il dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude » (Mc XIV, 22-24). Toute l’histoire de Dieu avec les hommes est résumée dans ces paroles. Ce n’est pas seulement le passé qui est réuni et interprété ; le futur aussi est anticipé – la venue du Royaume de Dieu dans le monde.

Ce que dit Jésus n’est pas simples paroles. Ce qu’Il dit est un événement, un événement central de l’histoire du monde et de notre vie personnelle. Et, comme le souligne le Pape, nous devons toujours faire mémoire de cela, ce qui nous oblige à rendre grâces à Dieu pour ce don merveilleux de l’Eucharistie qui signifie précisément action de grâces. Autrefois, on avait respect du pain, même non consacré. À table, on le finissait et dans certains pays, on le recueillait précieusement quand il était tombé à terre et on l’embrassait. Cela apprenait à ne jamais gaspiller. Action de grâces signifie que l’on n’a pas oublié les dons de Dieu et que, comme talents, nous les faisons fructifier.

Les paroles du Christ sont inépuisables. Jésus, comme signes de sa présence, a choisi le pain et le vin. Il se donne entièrement avec chacun de ces deux signes. Le Ressuscité n’est pas divisé. Il est une personne qui, à travers les signes, s’approche de nous et s’unit à nous. Mais les signes représentent, chacun à leur façon, un aspect particulier de son mystère, et, à travers leur manifestation particulière, ils veulent nous parler, afin que nous apprenions à comprendre un peu plus le mystère de Jésus Christ.

Au cours de la procession et dans l’adoration, nous regardons l’Hostie consacrée qui apparaît ainsi comme la nourriture des pauvres, auxquels le Seigneur a accordé en premier lieu sa proximité. Dieu n’est pas distant. Il est proche de nous. Il ne nous abandonne pas, mais au contraire nous cherche. Ave verum, corpus natum de Virgine Maria !

 

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Un moine de Triors

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