Les BRICS, qui rassemblaient depuis 2009 les pays émergent du Tiers-Monde (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), se sont ouverts récemment à des pays orientaux (Iran, Égypte, Éthiopie et Émirats arabes unis) et sont désormais brigués par la Turquie.
Le 3 septembre, le porte-parole du parti au pouvoir en Turquie, l’AKP, confirmait la demande de son pays d’intégrer les BRICS, une organisation qui, entre autres, associe la Russie et la Chine. À l’ouest, on tremble dans ses bottes tant l’on attribue d’importance stratégique à cet héritier de l’Empire ottoman devenu partenaire de l’Otan. Mais que cache cette nouvelle offensive turque ? Les BRICS, faut-il d’abord savoir, se sont constitués en 2009 rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Le sigle a été façonné à partir des initiales de ces cinq pays. Le 1er janvier 2024, ils s’élargissaient à l’Iran, à l’Égypte, à l’Éthiopie et aux Émirats arabes unis. D’autres pays se pressent aux portes de l’organisation, dont la Corée du Sud. Ils ne forment pourtant qu’une entité sans programme réel, sans objectif politique ou économique avoué. Cet assemblage hétéroclite n’a même pas de point de convergence idéologique. On y trouve aussi bien des pays du Tiers-monde que des puissances reconnues, des « amis » que des ennemis de l’Occident. Seul élément commun de ces États, ils ont tous les yeux tournés vers la Chine, étoile montante de la puissance financière.
Une concurrence économique
C’est bien ce qui inquiète les capitales occidentales. Elles craignent, non sans raison, le développement d’un pôle de richesse tel qu’il effacerait la suprématie de leurs économies en matière financière. Attisant leur crainte, le groupe a créé, en 2014, une banque de développement basée à Shanghaï (Chine). Elle a pour ambition de concurrencer la Banque mondiale et le FMI (Fonds monétaire international), institutions onusiennes, dans le domaine du financement des pays dits en « voie de développement ». En fait, elle travaille à féodaliser les États auxquels elle prête de l’argent grâce aux dettes qu’ils contractent avec elle. Disons-le, un nouvel « impérialisme » est en marche. Cependant, du moins en première motivation, la décision de la Turquie n’est pas dictée par des raisons économiques. Mise à part la Chine, elle n’entretient que peu de relations marchandes avec ces quelques pays. En revanche, elle fait plus de 50 % de son commerce avec l’Union européenne. Mais elle a bien senti la peur de l’Occident,…