> DOSSIER « Enquête sur l’Ultra gauche : Entre révolte et impasse »
Apparu depuis quelques années dans le vocabulaire politique et journalistique, que recouvre le terme d’ « ultra gauche » ? Panorama d’une mouvance qui légitime la violence mais peine à faire la révolution faute de véritable organisation.
Ce samedi 8 juin 2024 dans le Tarn, la mobilisation de militants écologistes contre l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse a été émaillée de violences, avec un bilan de quatre blessés chez les forces de l’ordre, ainsi que trois chez les manifestants. Michel Vilbois, préfet du Tarn, a dénoncé dimanche 9 juin « une extrême violence de la part » de 1 200 individus « radicaux ». La présence de ces « radicaux » écologistes qui s’en prennent aux forces de police marque depuis maintenant plusieurs années la fracture entre une génération d’activistes et la gauche socialiste et même l’extrême gauche communiste classique. Il existe hors du jeu républicain une gauche révolutionnaire et violente : l’ultra gauche.
Héritage de la révolution
La distinction entre la droite et la gauche vient directement de la Révolution de 1789. C’est une simple contingence qui amena les députés à se positionner physiquement dans l’Assemblée nationale par rapport à leurs affinités idéologiques. Deux groupes émergèrent : les partisans du roi et de l’ordre établi à droite de la salle, ceux du changement et de la réforme à gauche. Ce caractère totalement fortuit dû aux circonstances fut dès lors inscrit dans les mœurs. La plupart des pays possèdent cette bipolarité entre tradition et innovation, sécurité et liberté, liberté et égalité, capital et biens communs, patriotisme et internationalisme, etc. Aujourd’hui, en France, la droite est associée à des idées conservatrices, favorisant l’ordre social et moral, l’ordre économique capitaliste et le système politique établi, tandis que la gauche est associée à des idéologies dites progressistes, promouvant l’égalité sociale, une libéralisation des mœurs et un partage économique et politique plus égalitaire, appelant parfois au changement des institutions, si ce n’est à l’abolition des frontières et à l’internationalisme. Parler d’extrême gauche induit l’existence de sensibilités graduées en intensité dans la gauche en général. Il existe une gauche « classique » réformiste, représentée par des partis politiques comme le Parti socialiste ou des partis écologistes.
Des idéaux sociaux-démocrates
Cette gauche adhère généralement à des idéaux sociaux-démocrates. Une position politique qui consiste à vouloir apporter des changements progressifs à la société par le biais de réformes…