Une Église révolutionnaire ? (I)

Publié le 29 Mai 2024

Camilo Torres (au milieu) était prêtre catholique et rejoignit la guérilla révolutionnaire en Colombie.

Après avoir rappelé les fondements de la doctrine sociale de l’Église et après avoir souligné la position de l’Église face aux différentes idéologies, Carlos Sacheri s’interroge sur le concept d’Église révolutionnaire. Ce texte est daté et tient aussi beaucoup aux circonstances, et notamment au fait que l’auteur, Argentin, est directement confronté à l’émergence de la théologie de la libération que Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger combattront directement. La permanence, voire la revitalisation d’un tel esprit dans l’Église actuelle, à défaut de prendre les mêmes contours concrets, nous ont conduits à proposer ce texte aux lecteurs de Reconstruire.

  Face à la gravité de la crise qui affecte le monde contemporain dans tous ses aspects et à tous les niveaux, certains secteurs de l’Église, clercs et laïcs, ont formulé des propositions et assumé des attitudes en faveur d’un soi-disant « changement révolutionnaire », de l’usage de la violence, en brandissant comme étendard la libération de l’homme de toute injustice, misère ou dépendance. L’expression de cette nouvelle « théologie politique » néo-moderniste est constituée par les « socialistes chrétiens » et, en ce qui concerne l’action, par la participation directe ou indirecte de prêtres et de laïcs à des organisations clairement subversives, à des groupes de guérilla urbaine, etc.  Ce phénomène soulève une question très grave dans la conscience du chrétien et de tout être humain : peut-on admettre la possibilité, voire l’opportunité, d’une Église révolutionnaire ? Le message chrétien et la pratique de la subversion et de la guérilla sont-ils compatibles ?  

Le message du christianisme

Dès son origine, l’Église apparaît au milieu du monde en prêchant une religion d’Amour (« Dieu est amour », dit saint Jean dans l’Évangile), de Charité, d’amour de Dieu et du prochain. C’est cette permanence dans l’amour qui a conduit certains penseurs contemporains représentatifs, tels que Nietzsche, à se moquer du christianisme en le qualifiant de « religion de moutons »… Le message du christianisme est un message de plénitude. Plénitude humaine et plénitude surnaturelle, harmonieusement combinées dans l’adhésion à une Vérité pleine et entière qui est le Christ lui-même, le Verbe incarné de Dieu, sauveur de tous les hommes. L’adhésion à la même foi est le fondement même de l’unité de l’Église, comme l’enseigne Léon XIII dans son encyclique Satis cognitum. La communauté de croyance conduit les membres de l’Église à vivre en conformité avec le Christ, dans la fidélité à son enseignement, conservé, diffusé et approfondi par le magistère de…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La Rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Bernard Dumont : Quas Primas, cent ans après : la vision politique et spirituelle de Pie XI

Enquête Quas Primas 14 | Face au désordre issu de la Grande Guerre, Pie XI élabora une réponse à la fois doctrinale et pastorale : restaurer le « règne du Christ » comme fondement de paix. En arrière-plan, l’analyse attentive d’Antonio Gramsci, fasciné par la vitalité du catholicisme italien, souligne l’enjeu d’hégémonie culturelle que l’Église, sans se confondre avec une idéologie, sut assumer pour nourrir et protéger la foi des fidèles. 

+

Quas Primas