La devise de Renaissance catholique – Réflexion, Formation, Transmission – s’incarne plus particulièrement dans l’université d’été de l’association, organisée chaque année autour du 14 juillet et qui aura lieu cet été en Indre-et Loire, avec de nombreux intervenants. Une douzaine de conférences sont annoncées sur les crises dans l’Église et les moyens d’en sortir. Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de l’association Renaissance catholique.
Pourquoi avoir choisi comme sujet « Crises et renouveaux dans l’Église » pour votre université d’été qui aura lieu du 13 au16 juillet ?
Deux phénomènes s’entremêlent. D’abord l’existence du motu proprio Traditionis Custodes, qui aura deux ans cet été. Nous avons fait le constat que beaucoup sont perdus face à ce texte. Je discutais récemment avec des personnes engagées dans la vie de leur paroisse et de l’Église ; elles ne comprennent pas les raisons du motu proprio. Ces personnes ne vont pas à la messe en latin mais se demandent pourquoi l’autorité ecclésiastique embête à ce point les traditionalistes. Paradoxalement, il y a tout un courant dans l’Église qui prône le dialogue, la « synodalité », mais personne ne demande l’avis de ceux qui voudraient pouvoir assister à la messe en latin.
L’autre phénomène frappant est la forte déchristianisation du pays. Alors certes, beaucoup se sont réjouis des 5 463 baptêmes de Pâques, et c’est assurément très réjouissant. Mais il ne faut cependant pas oublier qu’ils s’inscrivent dans un contexte d’effondrement du nombre de baptêmes. Comme le disait le père Auvray, un dominicain : « Toute crise de l’Église est d’abord crise de la sainteté de ses membres. »
La crise que vit l’Église est ainsi d’abord une crise de la sainteté des laïcs qui la composent mais aussi une crise de la sainteté de la hiérarchie de l’Église. Notre université d’été veut sensibiliser à cette question de la déchristianisation mais aussi aux difficultés qui secouent l’Église. Nous ne pensons pas détenir la vérité révélée, loin de là, mais nous voulons fournir quelques éléments de réflexion.
Selon vous, pouvons-nous parvenir au renouveau de l’Église par la formation ?
Toute réforme de l’Église est d’abord le fruit d’une réforme intellectuelle et morale. Nous avons de nombreux exemples dans notre histoire, comme la réforme grégorienne ou la Contre-Réforme après le concile de Trente. La réforme intellectuelle nous permet de revenir aux vrais principes, à la réalité de choses. Et cette réforme intellectuelle se concrétise à travers une réforme morale.
Il a été beaucoup question des abus sexuels dans l’Église. Ils sont le signe d’une perte du sens du péché, d’un laxisme généralisé et de l’oubli de règles élémentaires de prudence. Au fond, un des drames de l’Église contemporaine est qu’elle nie pratiquement l’existence du péché originel et ses conséquences. Il faut d’abord repenser droit et cela commence par la formation intellectuelle.
Quelles sont les origines de cette université d’été ?
Notre première université d’été a eu lieu en 1992. C’était une idée de Michel De Jaeghere, à l’époque rédacteur en chef du Spectacle du monde. Le principe était de réfléchir autour d’une réalité historique à partir d’un anniversaire ou d’un événement d’actualité. En 1992, nous fêtions 1492, avec à la fois la découverte de l’Amérique et la chute de Grenade, la fin de la Reconquista.
À cette époque, il y avait eu une campagne de presse sur le sujet, expliquant que les Espagnols s’étaient conduits comme des sauvages en Amérique (maladies, esclavage…). Depuis trente ans, nous sommes restés fidèles à cette intuition : analyser un sujet d’actualité à la lumière de l’histoire, de la philosophie, dans la fidélité à notre tradition nationale et religieuse…
Quelle est la particularité de votre université d’été ?
Il y a, semble-t-il, trois particularités. Grâce à notre ancienneté et à notre histoire, nous parvenons à faire venir des intervenants de qualité. Cette année encore nous accueillerons des personnes reconnues dans leur domaine.
La deuxième originalité est que nous recevons une grande diversité de personnes. Nous ne sommes pas l’émanation d’un mouvement politique sur les questions temporelles, ni d’une communauté religieuse particulière sur les questions spirituelles. Cela nous donne une certaine liberté. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui de nombreuses activités de formation sont organisées par des partis politiques ou des communautés religieuses.
La troisième dimension est le recul historique dont nous bénéficions. Nous proposons un capital intellectuel avec la publication des actes. Il y a de nombreuses autres universités d’été mais aucune ne conserve une trace papier du travail fourni, contrairement à nous.
Quel est votre rôle dans l’organisation ?
Depuis le début, je participe à l’élaboration du programme de cette université d’été avec Michel De Jaeghere. Une fois le thème choisi, il s’agit de bâtir un programme cohérent puis de contacter les conférenciers qui pourraient intervenir sur tel ou tel sujet. Aujourd’hui, je suis en charge de ces contacts ainsi que de la mise en œuvre des moyens de communication afin de faire connaître cet événement à un public le plus large possible.
Il existe un noyau d’intervenants plus ou moins habituels mais, chaque année, de nouveaux conférenciers interviennent pour leurs compétences particulières sur le sujet traité. Citons cette année Luc Perrin ou Stéphane Blanchonnet.
Enfin, ces rencontres donnent lieu à la publication, ultérieurement, d’actes qui regroupent les conférences prononcées, ainsi que les débats qui les ont suivies. À ce jour nous avons publié 20 volumes représentant globalement plus de 250 conférences. Il s’agit d’une véritable contre-encyclopédie !
À qui cette rencontre s’adresse-t-elle ?
Nous ne privilégions pas une tranche d’âge en particulier. Nous sommes favorables au mélange intergénérationnel. Nous accueillons les familles avec leurs petits grâce à une garderie – il y a un tarif spécial pour les familles –, les adolescents, les parents et même les grands-parents. Nous souhaitons créer une ambiance familiale, même si les conférences prennent la majorité du temps. Il y a aussi les repas, les soirées, et un après-midi de visite qui aura lieu cette année à Notre-Dame de Fontgombault, permettant aux personnes présentes de passer un moment ensemble, de faire connaissance, d’échanger. L’aspect intellectuel est important mais sans oublier que ce sont aussi les vacances. La messe est bien sûr célébrée tous les jours et plusieurs prêtres sont présents.
Comment adaptez-vous le discours en fonction des âges ?
C’est un vrai défi ! Pendant plusieurs années, nous organisions une université d’automne au moment de la Toussaint spécialement pour les jeunes. Il existe aujourd’hui tellement de mouvements de jeunesse qui organisent ce type d’activités que cet événement avait perdu une partie de son sens. Les conférences sont d’un bon niveau mais demeurent accessibles au commun des mortels.
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