Issu d’une famille catholique emblématique au Vietnam, neveu du président Diem et de Mgr Thuc, archevêque de Hué, Monseigneur Thuan ne renonça jamais à résister au régime communiste, continuant sa mission en toutes circonstances, malgré les dangers, les poursuites, la captivité et finalement l’exil.
Singulier destin que celui du vénérable cardinal François-Xavier Van Thuan, petit-fils de Ngo Dinh Kha et neveu du président Diem. Né à Hué le 17 avril 1928, Thuan est élevé par sa mère Élisabeth, femme de l’étoffe des héroïnes cornéliennes, dans le souvenir de ses ancêtres qui ont souffert pour le Christ et la conviction que le devoir d’un « descendant de martyrs », seule aristocratie qui compte pour sa famille mandarinale, est de marcher sur leurs traces, jusqu’au sacrifice suprême si nécessaire. Ayant tôt entendu l’appel de Dieu, entré au séminaire à 14 ans, Thuan comprend bientôt, non sans angoisse car il se rêve curé de paroisse, que sa naissance le destine à jouer, une fois prêtre, un rôle de premier plan dans l’Église vietnamienne dont le « jaunissement », en prévoyance du retrait des Français, missionnaires compris, est en cours. Pour échapper à ce destin, il tente d’entrer chez les bénédictins mais des ennuis de santé l’obligent à renoncer à la vie contemplative. Ordonné le 11 juin 1953, nommé vicaire d’une grosse paroisse, le jeune prêtre déborde d’espoirs et d’enthousiasme lorsque soudain, en octobre, on lui diagnostique une tuberculose à un stade très avancé qui, les antibiotiques conventionnels n’agissant pas et sa faiblesse rendant risqué le recours à la chirurgie, le condamne à brève échéance. C’est un miracle, reconnu comme tel lors de l’instruction de sa cause de béatification qui le sauve, début mai 1954, quelques jours avant la chute de Diên Biên Phu.
Futur chef de l’Église vietnamienne
La nomination de l’un de ses oncles maternels, Mgr Thuc, à l’archevêché de Hué, l’arrivée à la présidence d’un autre de ses oncles, Diem, font du jeune vicaire l’un des futurs chefs de l’Église vietnamienne. Après un long séjour en Europe et l’obtention d’un doctorat romain il rentre au pays alors que la situation s’y détériore. À la guerre s’ajoutent les tentatives de déstabilisation, orchestrées par la CIA, du clan Ngo Dinh, jugé trop peu sûr par les Américains, qui aboutissent en 1963 à l’assassinat de Diem et d’un autre de ses frères, le ministre de l’Intérieur Nhu, et au départ pour l’Italie…