Les nominations de cardinaux ont été bon train sous le pontificat de François mais c’est également vrai pour les responsables des organismes romains en charge de la morale conjugale. Il semble que le Saint-Père cherche à verrouiller ce domaine essentiel, dans le sens d’une libéralisation, en contradiction avec Humanæ Vitæ, ouvertement critiquée par les nouveaux « défenseurs » des mœurs.
Le pape François a désigné le 23 septembre 2024 28 nouveaux consulteurs du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, présidé par le cardinal Fernández. Ces experts se réuniront avec ceux déjà en place pour conseiller la direction et les membres du Dicastère à intervalles réguliers. Ils vont ainsi aider la cinquantaine de collaborateurs permanents, le secrétaire, le sous-secrétaire, les chefs de bureau, les « officiers » (fonctionnaires) et aussi les membres proprement dits du Dicastère, à savoir les cardinaux et évêques qui se réunissant environ tous les mois au palais du Saint-Office, un mercredi, réunions dites pour cela de feria quarta. Ces consulteurs, surtout les plus en vue d’entre eux, comme le père Chiodi, ont une importance semblable à celle qu’avaient les experts qui conseillaient les évêques au concile Vatican II.
Des « progressistes »
Les nouveaux nommés, dont six femmes, sont en majorité des Italiens enseignant dans les universités catholiques de la Péninsule ou dans les universités romaines. Ce sont globalement des « progressistes », comme Mgr Antonio Staglianò, président de l’Académie pontificale de Théologie, qui avait fait une conférence à Milan sur l’Église et la franc-maçonnerie, pleine de miséricorde pour cette dernière, avant de procéder à un rétropédalage, ou Mgr Giacomo Canobbio, qui, dans Un nuovo volto della Chiesa ? Teologia del Sinodo (Morcelliana, 2023), estime qu’avec la synodalité l’Église découvre que les fidèles peuvent contribuer à décider des orientations pastorales, mais aussi doctrinales. Frappante est l’importance de cette fournée. Tout se passe comme si le Pape faisait le plus de nominations possibles pour préserver dans l’avenir l’orientation du pontificat.
Tous de la même couleur
Mais particulièrement notable est le caractère unicolore des moralistes qui s’y trouvent : Maurizio Chiodi, spécialiste en bioéthique, qui estime que l’enseignement d’Humanæ Vitæ peut être modifié ; Aristide Fumagalli, auteur entre autres de L’Amore sessuale. Fondamenti e criteri teologico-morali (Queriniana, 2017), qui propose une morale centrée non plus sur la détermination de la bonté ou de la malice des actes humains, mais sur « la qualité amoureuse des relations interpersonnelles et l’amour de Dieu qui s’y révèle » ;…