Une confrérie prie pour les enfants malheureux

Publié le 02 Avr 2019
Une confrérie prie pour les enfants malheureux L'Homme Nouveau

La Confrérie des Mères de Famille Catholiques est née en Mayenne, il y a maintenant plus de deux ans, à l’initiative de Marie* qui a souhaité, en s’inspirant de l’Archiconfrérie des Mères Chrétiennes, réunir des mères de familles pour prier spécialement pour les enfants malheureux. 

Aujourd’hui cette confrérie qui a reçu une bénédiction spéciale du cardinal Sarah, grandit et essaime (Versailles, Montpellier, …). Nous avons contacté Marie*, l’initiatrice de ce projet, pour en apprendre plus. 

Comment est née la Confrérie des Mères de Famille Catholiques ? 

Marie : C’est le fruit de rencontres et d’un désir personnel que j’avais depuis très longtemps, d’entreprendre quelque chose pour les enfants malheureux. Depuis mon enfance, j’étais troublée par les enfants en souffrance, qu’ils soient orphelins, battus, violés… Je me demandais ce que je pouvais faire. La vie continuant je gardais ce désir en tête sans savoir comment le mettre en pratique. 

En déménageant en Mayenne, j’ai fais la connaissance d’une dame qui m’a parlé d’une Archiconfrérie des mères de famille chrétiennes qui existait au XIXe siècle et dont le principe était de réunir des mères qui priaient pour leurs enfants. 

À l’époque, cela s’adressait à des femmes qui ne travaillaient pas, qui avaient du temps. Une Messe était dite spécialement tous les mois pour cette confrérie en plus de réunions fréquentes. Nous avons essayé de retranscrire cela en prenant en compte nos contingences modernes. 

Un autre aspect a joué, en démangeant de Paris à la Mayenne, nous avons cherché un endroit pour la messe et nous nous sommes tournés vers les célébrations de la messe en rit tridentin, j’y ai découvert les richesses de la liturgie.

A cette époque-là, je faisais partie d’un groupe de « Prière des Mères », mouvement qui avait été fondé par une anglaise anglicane, et nous n’avions pas la dimension Mariale, bien que nous ajoutions un Ave en fin de réunion. Au fur et à mesure de ma fréquentation de la paroisse de la Roë, les richesses de la liturgie tridentine m’ont vite fait comprendre le manque que je vivais à ce moment. Pourquoi nous priver de cette aide si précieuse que Notre Seigneur nous a donnée : sa Mère, protectrice des enfants ? Et celle de tous les saints qui ont œuvré sur terre pour les enfants ?

Notre but est donc de prier pour les enfants : nos propres enfants bien sûr, et les enfants défavorisés, notre cœur de mère étant assez large pour accueillir d’autres enfants que les nôtres, et la liste est hélas longue. Nous choisissons d’adopter un enfant en particulier afin d’exercer une maternité spirituelle dont nous verrons les fruits au ciel : par les échos que nous renvoient la presse, ou bien par des organismes qui s’occupent d’enfants en difficulté, nous avons matière à prier. Nous recherchons des partenariats avec des associations s’occupant d’enfants, afin de prier pour des causes bien concrètes (un pseudonyme est donné par confidentialité). Si quelques-uns de vos lecteurs s’occupent de ces organismes, ou connaissent des enfants maltraités, ils peuvent nous contacter sur l’adresse mail de l’association.

« Je pleurai sur l’affligé, mon cœur s’est attendri sur l’indigent, car la compassion a grandi avec moi dès mon enfance, et dès ma naissance elle a guidé mes pas » (Job 30, 25 ;31,18)

A quoi s’engagent les mères de famille qui rejoignent votre Confrérie ? 

Dans l’Archiconfrérie il y avait un office particulier chaque mois, j’ai repris ces textes, je les ai transformés en mode de prière. Une mère s’engage à trois choses  :

  • Une prière courte quotidienne disponible sur le site,
  • Une messe mensuelle, précédée ou suivie d’une confession, aux intentions de la Confrérie. 
  • Se retrouver une fois par mois (ou plus, ce choix étant laissé à la liberté des groupes) pour prier le livret intégral de la Confrérie. 

Cela fait trois ans que la Confrérie est réellement créée. Je recense actuellement les différents groupes créés, nous sommes présentes dans plusieurs villes telles que Versailles, Montpellier, Annecy, un en Charente, un en Mayenne, un groupe se constitue à Lyon… un autre en Nouvelle-Calédonie. Enfin, le livret a été traduit en anglais pour s’expatrier vers les Etats-Unis où un groupe existe déjà. La traduction en espagnol est en cours, nous avons des demandes en Amérique du Sud, où les enfants sont comptés comme moins que rien. 

Avez-vous un aumônier qui vous suit ? 

Au moment de la création de la Confrérie, j’en ai parlé à mon directeur spirituel, un prêtre de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier, je lui ai montré les livrets, il m’a encouragé, m’a guidé dans ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Nous sommes désormais suivis par le père Bernard-Marie Laisney, à la Roë. Chaque premier samedi du mois, il dit la messe pour les mères de famille aux intentions de la Confrérie et nous accompagne lors de notre temps de prière qui suit la célébration. 

Vous avez une dévotion mariale, vous vous placez également sous la protection du Sacré-Coeur, comment cela se manifeste-t-il ? 

Il se trouve que je suis scoute, cheftaine de groupe, je suis donc également guide-aînée. Il y a deux ans, au regroupement des guides ainées à Paray le Monial, ma cheftaine m’a incité à prendre mon flot jaune, première étape d’un engagement guide-aînée. Après un cheminement, j’ai accepté qu’elle me le remette à Paray. Il y a trois points liés à cet engagement :

Choisir une devise, choisir un symbole et réaliser un chef d’oeuvre. J’ai choisi comme chef d’oeuvre la « Confrérie des Mères de Famille Catholiques » et plus précisément le livret qui accompagne les groupes, avec comme technique utilisée, l’écriture. Mais la Confrérie est le fruit de réflexions partagées et d’un travail en commun : une pieuse et chère amie conquise à cette cause a apporté sa contribution dans la présentation artistique avant de devenir secrétaire de la Confrérie, et sa fille a conçu le site internet.

Après mon engagement de guide ainée, j’ai présenté la Confrérie et le livret, et nous sommes allés avec plein de cheftaines au pied de la Sainte Vierge et de la relique de Sainte Marguerite-Marie dans la chapelle du Coeur Sacré de Jésus à Paray. C’est là que nous avons consacré, ensemble, la Confrérie au Coeur Sacré de Jésus ainsi qu’au Coeur de Marie. 

Le cardinal Sarah a soutenu votre initiative, comment lui avez-vous présenté ? 

Après avoir eu d’excellents retour du sermon du cardinal Sarah à Vézelay en 2016, je l’ai sollicité pour une bénédiction de la Confrérie. Il est très demandé, il a été compliqué de le contacter. 

Lors du 40e anniversaire du pèlerinage à Paray, dont le thème était « Cœur de femme », le cardinal a donné une conférence, et lorsqu’il a remonté l’allée j’ai pu lui remettre mon enveloppe contenant ma requête. Après quelques péripéties (lettre perdue, puis retrouvée…), j’ai reçu une lettre du Vatican, avec la bénédiction de la Confrérie. Qui priera pour ces enfants, si nous, femmes et mères, sentinelles invisibles, ne prions pour eux ?

« Heureux celui qui prend souci du pauvre et de l’indigent ; au jour du malheur, le Seigneur le délivrera » (Psaume 40)

Voir le site de la Confrérie.

Commander le livret du Petit office ici.

* Marie préférant mettre la confrérie en avant n’a pas souhaiter voir apparaître son nom de famille.

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina
EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneEgliseEglise de France

Mobilisation pour le maintien de la Tradition en Finistère : « Nous ne comprenons pas les raisons de cette expulsion »

Entretien avec Joseph, membre de l’organisation de la mobilisation pour le maintien de la tradition dans le Finistère. Deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre ont été expulsés sans explications. Pour les fidèles, cette situation est à la fois inexplicable et injuste. La Fraternité Saint-Pierre est un institut sacerdotal fondé en 1988 et dont les statuts ont été approuvés par le Pape François en 2022. Ces deux prêtres en sont membres.  

+

tradition Finistère
EgliseLiturgie

La Pause liturgique : Alléluia « Dóminus in Sina » (Ascension)

Grégorien | « Alléluia ! Le Seigneur, du Sinaï vient dans son sanctuaire, il monte vers les hauteurs ; il conduit ceux qu'il a libérés de la captivité. » (Psaume 67, 18-19) L'alléluia "Dóminus in Sina" de l'Ascension, utilise une des mélodies types les plus fréquentes dans le répertoire grégorien. Empruntée au 8e mode, le mode de la plénitude, elle se revêt pourtant d'une exquise douceur qui transparaît partout. Deux longues phrases constituent le corps de cet alléluia au jubilus plutôt bref, mais très expressif, à lui seul, de l'atmosphère spirituelle de toute la pièce.

+

alleluia
A la uneEgliseLectures

Face à l’absurde, une philosophie du mystère

Carte blanche d'Yves Chiron | Le père Luc Artur, moine du Barroux, après une maîtrise de lettres classiques et une maîtrise en théologie, a consacré son mémoire de maîtrise en philosophie au mystère et à l’absurde. Il en a tiré, avec des ajouts, un livre très clair, fruit d’une vaste recherche et d’une réflexion qu’il sait faire partager à ses lecteurs.

+

absurde et mystère