> Lettre Reconstruire n° 40 | La Bibliothèque politique et sociale
Après le De Regno de saint Thomas d’Aquin, la Bibliothèque politique et sociale de la Lettre Reconstruire propose de s’intéresser à la Somme contre les gentils, aux éditions du Cerfs ou Flammarion.
Parmi les œuvres de saint Thomas d’Aquin, la Somme théologique est sans conteste la plus connue et la plus citée. Une autre Somme, due également au frère Thomas, existe pourtant également : la Somme contre les gentils. Si la première offre une présentation systématique de la théologie catholique, la Somme contre les gentils vise un autre but. Selon le frère dominicain James A. Weisheipl, dans la Somme contre les gentils, « Thomas a été d’abord un apologète choisissant les questions les plus importantes qui séparent les chrétiens des musulmans, des juifs et des chrétiens hérétiques. » Dès son origine, cette Somme était destinée à être une sorte de manuel venant en aide aux missionnaires, leur fournissant les arguments nécessaires, y compris dialectiques, pour répondre aux théories de la philosophie païennes et aux affirmations des tenants des autres religions, voire des chrétiens dissidents.
Le domaine politique
A priori, l’ouvrage n’aborde pas directement les questions politiques, sauf à considérer les arguments vis-à-vis des musulmans comme un aspect également politique aujourd’hui. Deux exemples pourront, en revanche, illustrer comment saint Thomas touche le domaine politique. Au livre troisième (question 85), il rappelle que « Par nature l’homme est un animal politique, ou social » et que « vivre en société est inné en la nature ». Une affirmation qui s’oppose directement à la philosophie contractualiste actuelle. À la question 78 du livre quatrième, il défend la génération comme but du mariage. Par celle-ci, le mariage contribue au bien commun du peuple auquel il appartient et à celui de l’Église. Ajoutons que saint Thomas, au livre troisième (question 98), insiste sur…