Au quotidien n°92 : le vaccin comme preuve

Publié le 17 Nov 2020
Au quotidien n°92 : le vaccin comme preuve L'Homme Nouveau

C’est un morceau d’anthologie qu’il faut lire. Doucement et calmement. La lutte contre la Covid-19 a conduit à la fabrication d’un vaccin. Mais ce vaccin n’est pas comme les autres. Il n’appartient pas simplement à l’arsenal de lutte contre le virus, mais il est présenté comme la preuve absolue des bienfaits de la mondialisation. Non seulement de l’internationalisation de la recherche scientifique (qui existait avant ce que nous appelons la mondialisation), mais de la grande finance internationale et de l’immigration à grande échelle. Ceux qui dénoncent les complotistes en permanence leur fournissent en fait des arguments. C’est le cas avec cet éditorial de Luc de  Barochez dans Le Point (17 novembre) :

La prouesse scientifique que constitue la mise au point, en un temps record, du premier vaccin contre le Covid-19 est le fruit de la mondialisation libérale. La start-up allemande qui l’a présenté la première n’aurait pas pu ni le développer, ni le tester aussi vite sans le capitalisme, sans le marché et même sans « Big Pharma » : l’un de ses partenaires est l’américain Pfizer, géant mondial de la pharmacie, l’autre est le chinois Fosun Pharma. Grâce à leur coopération, grâce aux autres entreprises privées, comme l’américain Moderna, qui sont aussi en train d’aboutir, on peut enfin envisager la sortie de crise. La lumière est au bout de la seringue.

Tout dans cette histoire souligne le rôle clé de la libre circulation du savoir, des capitaux et des hommes pour repousser les limites du possible. Le vaccin est fondé sur les recherches d’une scientifique hongroise émigrée aux États-Unis. Il a été mis au point à Mayence par la PME allemande BioNTech, créée par deux médecins originaires de Turquie. Il a été testé simultanément aux États-Unis, en Chine, en Allemagne, au Brésil, en Argentine, en Afrique du Sud et en Turquie. Il est produit en Belgique, en Allemagne et aux États-Unis grâce à la puissance de Pfizer, multinationale dirigée par un PDG qui incarne à lui seul l’aventure de la mondialisation contemporaine : Albert Bourla, vétérinaire grec né dans une famille juive en 1961 à Thessalonique, a vécu dans quatre pays et sept villes depuis qu’il a quitté la Grèce il y a un quart de siècle. L’exploit accompli montre que la science, le progrès technique et même l’immigration ne sont pas le problème, mais la solution pour sortir de la pire crise de notre génération.(…) Si on avait écouté la droite nationaliste, BioNTech – entreprise fondée par un immigré et une fille d’immigrés venus de Turquie – n’aurait jamais vu le jour, et le patron de Pfizer serait toujours en Grèce. Si l’on avait suivi les écologistes décroissants, la technologie révolutionnaire du mRNA, fondée sur le génie génétique, n’aurait pas existé. Si l’on avait obtempéré aux oukases antimondialisation des ténors de la gauche comme Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg, il n’y aurait pas de coopération internationale entre les entreprises pharmaceutiques, qui sont mues par l’excitation de la recherche scientifique mais aussi par la quête du profit. Pfizer a pu se permettre d’investir 1,5 milliard de dollars dans un vaccin inédit parce qu’elle était une de ces multinationales honnies. (…) « Ce qui nous rend forts, a tweeté en Allemagne le député libéral Johannes Vogel, c’est d’être un pays d’immigration, une économie de marché et une société ouverte. » La leçon doit être méditée de notre côté du Rhin.

CQFD

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
SociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe