Souvent attribuée à Goebbels (elle viendrait en fait d’une pièce du dramaturge nazi Hanns Johst), la phrase « quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver » pourrait-elle (presque) s’appliquer à certaines municipalités vertes ? Sans aller jusque là, Jérémie Rousseau dans l’éditorial de Classica (avril 2021) pointe certaines politiques anti-musicales.
Si la mairie de Lyon n’aime pas la viande, il semble que l’opéra ne soit pas non plus sa tasse de thé. Début mars, l’adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert a déclaré retirer 500 000 euros de subvention à l’Opéra, laquelle passera de 7,5 à 7 millions d’euros. Motif : une « meilleure répartition des aides, entre des esthétiques, des disciplines, entre le secteur subventionné et l’indépendant », estime la mairie Europe écologie-les verts, renvoyant sans barguigner aux annonces de campagne. Le directeur de l’institution, Serge Dorny, en partance pour Munich à la fin de la saison, a fait part de son « inquiétude », évoquant « une idéologie anti opéra », tandis que son successeur Richard Brunel s’est dit « interloqué ». Comment ne pas l’être ? Et ne pas songer au cas de la ville de Grenoble qui, passée sous étiquette écologiste en 2014, décida du jour au lendemain de priver de subvention Les Musiciens du Louvre de Minkowski dans le cadre d’une refonte sans ménagement de la politique culturelle ? (…) Car l’opéra et la musique classique sont des cibles faciles : ne voilà donc pas des arts élitistes, des arts de bourgeois, réservés à des îlots de privilégiés ? Des arts que ces nouveaux rééducateurs des masses, qu’on entend gronder de loin, doivent sanctionner sans plus tarder ! (…) Antoine Vitez, metteur en scène et citoyen engagé à la manière d’un Jean Vilar, avait une expression pour cela : « Élitaire pour tous. » Une injonction que ces édiles devraient copier dans leur petit livre vert.