Pour l’homélie du 6 janvier dernier, le Pape s’est attardé sur le symbolisme de l’étoile, qui doit tous nous éclairer et nous guider.
L’Épiphanie, en commémorant les trois événements de l’adoration des mages, du Baptême de Jésus et du miracle des noces de Cana, est la fête de la Révélation, de la manifestation de Dieu au monde. C’est une manifestation qui nous ouvre d’une manière déjà immensément riche et ineffable, à une vision supérieure et transcendante de la divinité.
Toute l’humanité et chacun de nous en particulier doit accueillir le don, la lumière, la vie de cette Révélation. Ce dessein divin s’accomplit en Jésus-Christ et se communique à nous à travers notre acceptation, qui est la foi, pour se mêler alors aux autres courants dérivant de l’Esprit Saint, auxquels nous donnons le nom de charité, de grâce, faisant de nous des croyants, qui, ainsi régénérés, forment un seul corps dans le Christ, l’Église. C’est pourquoi l’Épiphanie est tout à la fois une fête christologique et ecclésiale.
Benoît XVI a toujours été très marqué par le mystère de l’Épiphanie, qui pour lui donnait à chacun de nous une très grande leçon d’humilité. Dans son deuxième tome de Jésus et lors de plusieurs homélies, il a insisté sur ce point. La science ne suffit pas, il faut la sainteté et il n’y a pas de sainteté sans humilité. En 2009, Benoît XVI disait à la Commission théologique internationale (CTI) :
« Les Rois mages d’Orient demandent à ceux qui sont compétents, aux scribes, aux exégètes le lieu de la naissance du Sauveur, du Roi d’Israël. Les scribes le savent, car ce sont de grands spécialistes ; ils peuvent dire immédiatement où naît le Messie : à Bethléem ! Mais ils ne se sentent pas invités à y aller : pour eux, cela reste une connaissance académique, qui ne touche pas leur vie ; ils restent en dehors. Ils peuvent donner des informations, mais l’information ne devient pas formation de leur propre vie. »
Si l’évêque et le prêtre doivent être des hommes de science, ils doivent être aussi des hommes de cœur et ils doivent savoir allier le courage de proclamer la vraie foi avec l’humilité des serviteurs inutiles. Saint Paul le disait déjà : « Moi, j’ai planté ; Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a donné l’accroissement. » L’humilité est nécessaire pour tous les chrétiens, quelle que soit leur place dans la hiérarchie. Tous, nous devons imiter le Christ serviteur et le pape lui-même n’est que le Serviteur des serviteurs de Dieu.
Pie XII disait lors de son message pascal de 1953 : « Toute vie humble, si elle est vécue en Dieu, est une semence de réalités sublimes ; une symphonie éternelle, que la mort ne brise pas, mais épanouit ; et, sur la terre où tout passe, elle est un message de vie immortelle. »
Sans parler explicitement de l’humilité, le Pape reprend les grandes intuitions que son prédécesseur savait tirer de cette fête. Avec son charisme propre et sachant tirer grand profit de la spiritualité ignacienne, le Pape développe, tout au long de son homélie du 6 janvier dernier, le symbolisme de l’étoile.
L’étoile est lumineuse, elle éclaire et réchauffe. Elle nous parle de la seule lumière qui peut indiquer à chacun le chemin du salut et du bonheur : celle de l’amour qui seule peut nous rendre heureux. L’étoile est visible par tous. Elle nous rappelle que le Fils de Dieu est venu dans le monde pour rencontrer chaque homme et chaque femme de la terre et qu’il nous confie la même mission universelle. Elle nous appelle à bannir toute forme de sélection, de marginalisation ou de rejet de personnes. Elle nous appelle à promouvoir une culture de l’accueil, dans laquelle les verrous de la peur et du rejet sont remplacés par les espaces de la rencontre, de l’intégration et du partage.
C’est pourquoi l’étoile est dans le ciel, pour que sa lumière soit visible par tous et franchisse toute barrière pour apporter à tous l’espérance et la joie du salut. L’étoile nous parle du rêve de Dieu, pour que l’humanité dans la richesse des différences légitimes puisse parvenir à la concorde et à la paix.
Enfin, l’étoile indique le chemin et elle doit nous l’indiquer particulièrement en cette année, durant laquelle nous serons tous avec le Pape pèlerins de l’espérance. Nous marcherons tous ensemble en regardant l’étoile, renouvelant notre engagement à être des hommes et des femmes de la Voie, comme on appelait les chrétiens à l’origine.
Et nous accomplirons ce chemin avec Marie, l’étoile de la mer, qui nous conduira sains et saufs au port du Salut et nous montrera alors Jésus, le fruit béni de ses entrailles.
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