Carmélites de Compiègne (1/4) : La véritable histoire 

Publié le 05 Fév 2025
carmélites de Compiègne

À l’échafaud, les carmélites chantent le Salve Regina, le Veni Creator, le Te Deum. © Alamy

> Dossier : « Carmélites de Compiègne, 230 ans après, un témoignage universel »
Canonisées en 2024, les carmélites de Compiègne sont, par leur destin dramatique et leur mort exemplaire, rapidement devenues célèbres. Elles avaient en toute connaissance de cause accepté de se sacrifier, sur la foi d’une prophétie, pour sauver le catholicisme menacé d’éradication par la Révolution. Récit d’un martyre.

  L’on suffoque à Paris ce 17 juillet 1794, ou, nouveau style, 29 messidor an II. Mi-juin, la guillotine a quitté la place de la Révolution (Concorde), pour celle du Trône renversé (Nation), car le sang répandu dégageait une puanteur intolérable… Façon de déplacer le problème, et, la machine à tuer révolutionnaire envoyant toujours plus de gens au bourreau, cela empire. Les fosses communes ouvertes à l’ancien couvent des chanoinesses de Saint-Augustin de Picpus débordent ; mille décapités s’y entassent déjà, sans que l’odeur décourage les habitués du macabre spectacle. Mais ce soir, ni huées ni ricanements à l’arrivée des condamnés. Depuis qu’elles ont quitté la Conciergerie, les charrettes avancent dans un silence consterné. Dans la première, 16 femmes en habit du Carmel, exceptés guimpe et voile, omis pour que le bourreau ne les touche pas en les leur enlevant. Elles chantent.

La communauté presque au complet

Ce sont les sœurs du carmel de Compiègne, le cinquante-troisième fondé en France en 1641. Hormis trois absentes lors de l’arrestation, la communauté est au complet avec ses deux tourières, employées de maison payées, ses trois converses, sa novice. Ainsi s’accomplit la prophétie, datée de 1693, d’une autre carmélite de la maison, sœur Baptiste, annonçant que Compiègne « à deux ou trois près », est voué à « suivre l’Agneau partout où Il va », comme il est écrit au livre de l’Apocalypse. Pourquoi mère Thérèse de Saint-Augustin, la prieure, en rien une exaltée, a-t-elle, voilà deux ans, interprété cela comme l’annonce du martyre collectif de la communauté ? Dans le contexte de persécution, elle y a puisé du réconfort, y a vu la promesse que tout n’était pas perdu, et trouvé un moyen, tandis que la vie religieuse était anéantie, d’être encore utiles à l’Église, en s’immolant pour la France et les âmes, si c’était la volonté divine.

Des liens étroits avec la cour

Face au château où la famille royale passait autrefois l’été, le carmel de Compiègne avait des liens étroits avec la Cour. Feue la reine Marie Leszcsynska en était familière ; une…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Anne Bernet

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Víctimae pascháli (Pâques)

La séquence de Pâques est célèbre, elle fait la joie de l'Église durant toute l'octave, par sa fraîcheur et son enthousiasme. Elle se présente à nous sous la forme d'un poème versifié au rythme métrique, comprenant huit strophes. Elle est inspirée de l'alléluia Christus resurgens, dont la mélodie est empruntée au 1er mode, et qui traduit l'atmosphère de paix lumineuse et chaude dans laquelle baigne la communauté chrétienne en ce jour de Pâques.

+

communion kyrie introït séquence pâques
À la uneÉgliseSociété

Padre au combat : au cœur de la mission, avec les soldats

Initiatives chrétiennes | Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne.

+

padre aumônier militaire
ÉgliseSpiritualité

1ers samedis de Fatima (1/9) | Le Cœur immaculé de Marie : un remède pour notre temps

Jubilé 2025 des 1ers samedis de Fatima | 2025 est une année jubilaire pour l'Église, mais c'est aussi le centenaire d’une demande toute particulière de la Vierge de Fatima : « la communion réparatrice des premiers samedis du mois », évoquée dès 1917. Le 10 décembre 1925, Notre-Dame apparaît à Lucie, pour lui donner les détails de cette dévotion des premiers samedis du mois et lui demander de commencer à la propager.

+

fatima samedis