En la fête de la Croix glorieuse, le pape Léon XIV a célébré la messe pour les martyrs et les témoins de la foi du XXIe siècle. Son homélie rappelait l’importance de l’œcuménisme du martyre, dans lequel se dévoile la communion la plus vraie avec le Christ.
Dimanche 14 septembre, en la fête de la Sainte Croix, le Pape a commémoré les martyrs et les témoins de la foi du XXIe siècle lors de son homélie de la messe. Aux pieds de la Croix du Christ, les martyrs témoignent aux yeux de tous et en tous les temps de l’espérance des chrétiens. Depuis Pie IX avec la solennelle canonisation des martyrs du Japon, les papes modernes ont beaucoup insisté sur le martyre et depuis Paul VI, lors de la canonisation des martyrs de l’Ouganda, ils attachent une grande importance à l’œcuménisme du martyre. En témoignent particulièrement la commémoraison du 7 mai 2000 pour le Grand Jubilé et cette messe du 14 septembre dernier.
Le martyre jusqu’à la mort est la communion la plus vraie avec le Christ qui, par le sang versé sur la Croix, rend proches ceux qui jadis étaient loin, faisant des deux peuples, les païens et les Juifs, un seul peuple. Pourquoi le martyre a-t-il une portée œcuménique ? Parce que devant les sataniques dictatures que l’on a connues et que l’on connaît encore, les martyrs de toutes les confessions chrétiennes, malgré la haine dominante qui imprègne notre monde contemporain, attestent de manière évidente que l’amour est plus fort que la mort.
Qui ne loue par exemple le courage du pasteur Bonhoeffer ou de l’archimandrite Men. Ils n’étaient pas de confession catholique, mais ils ont témoigné par leur martyre de la divinité du Christ et sont véritablement morts en haine de la foi, in odium fidei, comme cela est exigé pour le martyre. Ils ne seront jamais canonisés certes, mais du haut du Ciel, ils protègent et soutiennent tous ceux qui doivent confesser le Christ.
Nous devons nous souvenir de tous nos frères persécutés spécialement lorsque nous tournons notre regard vers le Crucifié. Par sa Croix, Jésus nous a révélé le vrai visage de Dieu, son infinie compassion pour l’humanité. Et combien, aujourd’hui encore, portent la même Croix du Seigneur. Le 14 août 1983 à Lourdes lors de la procession aux flambeaux, Jean-Paul II avait lancé un appel pour tous ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.
Encore aujourd’hui, en Syrie, au Nigeria, au Soudan et, dans bien des pays, beaucoup paient de leur vie leur fidélité à l’Évangile. Selon les critères du monde, ils ont été vaincus ; mais l’espérance de l’immortalité les comblait. Comment ne pas se souvenir dans ce contexte des lumineuses paroles de Benoît XVI affirmant que « Dieu n’échoue jamais ou plutôt qu’humainement il échoue toujours, car il triomphe toujours par la Croix ».
En effet, l’espérance des martyrs est pleine d’immortalité, parce que leur martyre continue à diffuser l’Évangile dans un monde marqué par la haine, la violence et la guerre. Bien qu’ayant été tués dans leur corps, personne ne pourra étouffer leur voix. C’est une espérance pleine d’immortalité, parce que leur témoignage demeure comme une prophétie de la victoire du bien sur le mal.
Le Pape donne alors plusieurs exemples : devant ses bourreaux, sœur Dorothy Stang brandit la Bible, « sa seule arme » ; le père Ragheed Ganni de Mossoul qui renonça à se battre pour témoigner de la conduite d’un vrai chrétien et le frère Francis Tofi, anglican qui donna sa vie pour la paix dans les Îles Salomon. Les exemples seraient nombreux, parce que la persécution des chrétiens s’est intensifiée dans certaines parties du monde.
Nous ne pouvons pas et ne voulons pas oublier, car « le sang des martyrs est semence de chrétiens ». Préservons la mémoire de tous les chrétiens martyrs. L’œcuménisme du sang unit les chrétiens de différentes appartenances qui donnent ensemble leur vie pour la foi en Jésus-Christ. Le témoignage de leur martyre est plus éloquent que toute parole : l’unité vient de la Croix du Seigneur.
Le Pape termine en donnant l’exemple d’un enfant pakistanais martyr, Abish Masih, qui avait écrit : « rendre le monde meilleur ». Que le rêve de cet enfant, grâce à la Reine des Martyrs, nous pousse à témoigner courageusement de notre foi, pour être ensemble le levain d’une humanité pacifique et fraternelle.
à lire également : Foyers chrétiens (1/4) | Le premier couple canonisé : saints Louis et Zélie Martin