> L’Essentiel de Thibaud Collin
De plus en plus, l’administration scolaire demande aux établissements catholiques sous contrat de remplacer l’instruction religieuse par une « culture du fait religieux » présentée comme neutre. Mais une école catholique peut-elle encore annoncer la foi à tous ses élèves sans être accusée d’atteinte à la liberté de conscience ?
Maintenant que la rentrée scolaire a eu lieu, il est bon de revenir sur un enjeu actuel crucial concernant la liberté de l’enseignement catholique associé par contrat avec l’État. Le problème est le suivant : une école catholique est-elle libre d’annoncer la foi chrétienne à tous ses élèves ? De plus en plus, l’administration fait pression pour que les écoles catholiques rendent facultative l’instruction religieuse et la remplacent par un cours de « culture religieuse » consacré à « l’enseignement du fait religieux », dans une perspective aconfessionnelle et relativiste. Elle invoque le respect de la liberté de conscience des élèves.
Une contradiction ou une polarité ?
Dans la loi Debré (1959), on lit :
« Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus ci-dessous, l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’État. L’établissement, tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinions ou de croyances, y ont accès. » (art. 1)
On perçoit d’emblée une tension entre le « caractère propre », en l’occurrence catholique, et « le respect total de la liberté de conscience ». La difficulté est de saisir la nature de cette tension. Certains peuvent l’interpréter comme une contradiction et d’autres comme une polarité. Tout dépend de la manière dont on entend les deux termes en présence. Le caractère propre de l’établissement est ici sa catholicité. Or au cœur de la mission de l’Église, il y a la mission d’annoncer l’Évangile à tous les hommes. Cette exigence d’annonce présuppose que la foi ne peut être imposée par la contrainte. Le problème se noue donc autour du sens de la liberté de conscience.
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