Traduction : Alléluia ! Le Seigneur est roi, que la terre exulte, que la multitude des îles se réjouisse. Alléluia !
(Psaume 96, 1)
Thème spirituel
Il y a trois alléluias Dóminus regnávit : celui de la messe de l’aurore, à Noël ; celui du dimanche qui suit la fête de l’Ascension, au Temps Pascal, et celui-ci. On pourrait les appeler les alléluias du règne de Dieu.
Le premier chante la beauté et la force de ce règne :
« Dóminus regnávit decórem índuit ; índuit Dóminus fortitúdinem et præcínxit se virtúte. » (Le Seigneur a régné, il s’est revêtu de beauté ; le Seigneur s’est revêtu de force, il s’est entouré de puissance.) (Psaume 92, 1)
Le second chante l’universalité et la transcendance de ce règne :
« Regnávit Dóminus super omnes gentes ; Deus sedet super sedem sanctam suam. » (Le Seigneur a régné sur toutes les Nations ; Dieu siège sur son trône sacré.) (Psaume 46, 9)
Et notre alléluia célèbre quant à lui la joie, l’allégresse de ce règne :
« Dóminus regnávit exsúltet terra ; læténtur ínsulæ multæ. » (Le Seigneur est roi, que la terre exulte, que la multitude des îles se réjouisse) (Psaume 96, 1)
Ces trois alléluias empruntent leur texte au Psautier. Ils s’appliquent tout naturellement au Christ qui accomplit les prophéties en sa personne. Le Christ est Roi et la liturgie ancienne en témoigne abondamment, bien avant même l’institution récente de la fête du Christ-Roi. Noël, l’Épiphanie, Pâques, l’Ascension, comme aussi la Transfiguration, sont autant de fêtes de la royauté du Seigneur Jésus. Il est Roi, il règne au ciel, dans le royaume de son Père, mais en s’incarnant, il a fait également de la terre son royaume. L’Église qu’il a fondée, est son royaume, le règne qu’il est venu instituer, règne universel et définitif, « règne de vérité et de vie, règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d’amour et de paix », comme le chante la belle préface du Christ-Roi.
Notre alléluia ajoute une note à cette énumération des qualités du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’Église, et cette note est la joie. Quelle autre société chante comme le fait l’Église ? Le chant n’est pas pour elle un plaisir qu’elle prend ou qu’elle donne à ses heures, ni même un devoir toujours prescrit et fidèlement accompli, mais un besoin car il est l’expression de son amour. On a toujours chanté dans l’Église et l’on chantera toujours, par amour. Telle est la joie de l’Église qui la fait chanter à toute heure du jour et de la nuit dans la liturgie, et qui lui vient directement du cœur du Christ. Elle est belle,notre joie chrétienne, elle est féconde, c’est elle qui nous sauvera de la tristesse et de la laideur de ce monde qui passe. C’est cette joie du Christ qui nous sauve et nous habite, pour que nous la portions, par notre chant, jusqu’aux confins de la terre, et jusqu’aux îles lointaines que mentionne notre alléluia, dans le grand mystère de la communion des saints.
Commentaire musical
L’alléluia Dóminus regnávit utilise une des mélodies types les plus fréquentes dans le répertoire grégorien. On la retrouve au premier dimanche de l’Avent, à la messe de minuit de Noël, à l’Ascension. Empruntée au 8ème mode, le mode de la plénitude, elle se revêt pourtant d’une exquise douceur qui transparaît partout, comme on va le voir. Deux longues phrases constituent le corps de cet alléluia au jubilus plutôt bref, mais très expressif, à lui seul, de l’atmosphère spirituelle de toute la pièce.
L’intonation part de la sous-tonique Fa, et par degrés conjoints, s’élève avec légèreté jusqu’à la dominante Do, autour de laquelle la mélodie module très harmonieusement, soit au-dessus du Do (on entend une seule fois le Ré) soit en dessous, grâce au Si naturel ou au La. Un bel élan traverse cette montée légère et intense, à mesure qu’elle nous porte vers l’accent du mot alléluia, lequel est pris avec douceur et netteté. La retombée du mot, sur la syllabe finale, est très gracieuse, notamment avec son premier mouvement ternaire qui précède les deux notes longues binaires, très bien posées, très fermes, amenant la première cadence en Sol de la pièce. La suite du jubilus alterne très heureusement les élans et les retombées, alliant la grâce et la fermeté, le tout dans une atmosphère très lumineuse. La cadence finale, très fréquente en 8ème mode (c’est notamment la finale de l’alléluia de la vigile pascale) est très appuyée, très rythmée, et elle demande une chaleur vocale qui doit être bien maintenue jusqu’au bout.
Le verset se déploie lui aussi dans la belle luminosité du mode de Sol. Il convient de bien lancer le mouvement dès l’attaque sur le Do de Dóminus, puis de l’amplifier un peu sur la montée de l’accent de regnávit dont le double Ré est bien appuyé. La finale de ce verbe qui exprime la royauté du Christ est très souple et très liée, elle s’achève sur une cadence provisoire en Si naturel. Le verbe exsúltet est heureusement mis en valeur avec un accent chaleureux qui constitue le premier sommet mélodique de la pièce. La descente qui suit, affectant la syllabe finale, doit être prise d’abord piano, puis se renforce par un léger crescendo qui permet d’aller cueillir la bivirga épisématique très ferme de terra. La formule type qui ,enveloppe la retombée mélodique de terra est extraordinaire de douceur. Son merveilleux balancement rythmique doit s’accompagner d’un decrescendo expressif qui permet de déposer tout en douceur la cadence en Sol qui conclut cette première phrase.
La seconde phrase contient elle aussi une formule type qui se déploie avec un rare bonheur sur le deuxième verbe qui exprime la joie : læténtur. Quelle admirable formule, si longue, si contemplative, si bien déroulée, sans aucune coupure et sans aucun martèlement de notes, dans le plus absolu legato ! C’est vraiment du grand art. Les crescendos et decrescendos s’enchaînent subtilement, donnant à cette vocalise beaucoup de vie, de chaleur. Les Sib qui se rencontrent tout au long de la formule mélodique, contribuent pour leur part à lui donner une douceur remarquable. Le verbe læténtur traduit normalement une exultation plutôt sensible et manifeste, mais ici, il s’agit vraiment d’une joie parfaitement maîtrisée. C’est le triomphe de la paix rayonnante, sans qu’aucun éclat vienne déflorer la beauté de ce sentiment très pur né dans les cœurs de la foi en la royauté du Seigneur. Le sommet de cette deuxième phrase se situe au beau milieu de la vocalise et il est très bien amené par le crescendo de la tristropha qui le précède, en sorte qu’on le cueille avec douceur et largeur. Le deuxième membre de phrase nous offre une dernière formule type, très heureuse également, sur ínsulæ multæ, très liée toujours, très souple, mais peut-être plus vive et plus élancée que la précédente qui brillait surtout par sa valeur contemplative. Ici, on sent une nette et continuelle progression vers l’ultime double Do de la pièce qui arrive juste avant la cadence finale. Un crescendo doit donc accompagner cette formule d’un bout à l’autre. À l’inverse de la précédente, son sommet ne se situe pas au milieu mais à la fin. Cela se sent : elle est davantage en tension vers cette fin, sans qu’aucun relâchement ne se fasse sentir : c’est la plénitude de la joie des îles, c’est-à-dire des régions les plus éloignées qui s’exprime ici pour traduire l’universalité du règne de Dieu.
Cet alléluia est une merveille et il est très typique de l’art grégorien, capable d’exprimer des sentiments forts dans une parfaite maîtrise de sa ligne mélodique. La joie est grande durant le chant de cette pièce, mais elle est calme et paisible, souveraine comme le royaume qu’elle chante. On devine qu’elle évoque alors la joie de l’éternité que jamais rien ne pourra plus atteindre.
Le psaume 90 est un psaume de confiance. C'est pour cela qu'il a été placé par la liturgie à l'office des complies, au soir de la journée, et aussi au premier dimanche de Carême, à toutes les pièces de la messe sans exception, chose assez remarquable.
Avec cet introït, dont le texte est emprunté au psaume 91 (92 selon l’hébreu), nous nous mettons à l’école et à l’écoute de la nature. La mélodie de cet introït de 1er mode est mystérieuse et très contemplative. Elle prend son temps, et elle nous invite par là à prendre le temps, nous aussi, de contempler la croissance silencieuse et régulière du bien dans l’humanité.
Dans cette homélie, saint Grégoire prêche sur l’épisode de la tentation de Jésus au désert par le diable, qui commande toute la liturgie du Carême, puisque ce temps nous fait revivre la lutte entre le Sauveur et son adversaire, jusqu’à l’écrasement de ce dernier par la victoire du Christ sur la croix. L’orateur commence par s’étonner que le diable ait eu le pouvoir de conduire le Fils de Dieu où il lui plaisait. Mais il montre que ce fait s’harmonise bien avec le plan du Salut.
L'esprit de la liturgie | L’évangile de la Tentation du Christ au désert, au premier dimanche du Carême, rappelle ce qui a fait chuter Adam et Ève, et celui du mercredi des Cendres ce que le Sauveur propose pour notre pénitence : le jeûne, la prière et l’aumône.
DOSSIER « 1625-2025 : Sainte-Anne-d’Auray, quatre cents ans d’histoire et de ferveur » | Les apparitions de sainte Anne furent la cause pour Yvon de bien des vicissitudes, le doute sur sa sincérité pesant sur lui jusqu'à la fin, malgré sa piété, son équilibre et sa probité généralement reconnus.
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.