Les grâces de Noël (3/4) : Le retour à la foi de Louis Bertrand, la nuit de Noël 1906 à Bethléem

Publié le 22 Déc 2022
Louis Bertrand
Passé d’un scepticisme bien de son époque à la foi retrouvée, Louis Bertrand (1866-1941) eut lui aussi une grâce d’illumination le soir de la Nativité. Mais celle-ci arrivait après des années d’évolution politique, de recherches intellectuelles, une retraite spirituelle au désert et enfin l’abandon et la confiance en Dieu.

 

Qui est Louis Bertrand ?

Né en Lorraine en 1866 dans une famille catholique, l’écrivain et académicien Louis Bertrand appartient à la génération des intellectuels qui marquèrent le début du XXe siècle, et à la catégorie plus particulière de ceux qui retournèrent à la « religion », à l’instar de Paul Claudel, de Charles de Foucauld, de Charles Péguy, de Jacques Maritain et tant d’autres. Élevé dans la tradition catholique, il prit néanmoins ses distances, séduit par le scientisme déterministe qu’il découvrit lors de ses études. L’École normale supérieure lui ouvrit la carrière de l’enseignement qu’il embrassa à défaut de pouvoir vivre de sa plume. Il partit enseigner à Alger dix années durant, et c’est sur cette terre d’islam qu’il réalisa « l’importance de la religion dans le monde oriental » (1).

Une carrière d’écrivain

En 1901, encouragé par ses premiers succès littéraires, Louis Bertrand délaissa la carrière de professeur pour se consacrer à l’écriture. Auteur prolifique, il signa également de nombreux articles de journaux et revues, dont la fameuse Revue des Deux Mondes pour laquelle il entama une enquête en Orient en 1906. C’est à cette occasion qu’il découvrit que « la religion est l’âme des nationalités » (2), ce qui suscita chez lui une réflexion politique avant qu’elle ne devienne plus spirituelle. Un temps attiré par le dreyfusisme, et sur le point de devenir socialiste comme il le confessera plus tard, Louis Bertrand revint à la religion par le cheminement intellectuel et politique. Il effectua une sorte de double conversion, convaincu que les lois contre les congrégations, puis la séparation des Églises et de l’État étaient une marche en avant vers le déclin. Devenu compagnon de route de l’Action française, ce sont les idées monarchistes qui le menèrent à la foi. Pour lui comme pour d’autres intellectuels, « la conversion est donc un aboutissement, l’accomplissement d’un raisonnement politique qui cherche à donner des bases morales à un désir d’ordre » (3). Après sa conversion à 40 ans, Louis Bertrand usa de sa notoriété pour se faire le porte-voix du catholicisme et du monarchisme. Son tempérament intransigeant, renforcé par ses nouvelles convictions politico-religieuses, (« convictions idéologiques furieuses » [4]…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Claire-Marie Miailhes

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLéon XIV

Léon XIV à Saint-Jean-de-Latran : les apôtres « ont cherché la communion avec l’Église mère »

Parole du Pape | Léon XIV a pris possession de la cathédrale Saint-Jean-de-Latran en tant qu’évêque de Rome le dimanche 25 mai. Il y a prononcé son homélie, commentant les Actes des apôtres et particulièrement les difficultés du concile de Jérusalem. L’occasion de rappeler de toujours chercher la communion avec l’Église mère et de la suivre avec humilité.

+

Latran pape léon XIV
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Jean-Pierre Maugendre : Quas Primas, la guérison des sociétés à portée de main

Enquête Quas Primas 6 | Les principes de la postmodernité n'en finissent plus d'enfoncer le monde dans leurs néfastes aboutissements, les illusions sont tombées, les sociétés se cherchent toujours un sauveur. Que reste-t-il ? La Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, répond Jean-Pierre Maugendre, écrivain, chroniqueur vigilant de la vie ecclésiale, et directeur de « Renaissance catholique ».

+

cuasi primas société royauté christ roi
CultureSpiritualité

Huitième centenaire du Cantique de Frère Soleil 

Instrumentalisé et détourné de son sens premier – un chant de louanges adressé à Dieu à travers sa Création – le cantique de saint François d’Assise réjouit le cœur des hommes et de Dieu depuis un siècle maintenant. Ce chant d’admiration tourné vers le Créateur, pour ce qu’il est lui-même et pour son œuvre, appelle à l’amour de l’Église et au service du prochain.

+

cantique de saint François
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Veni Sancte Spíritus (Pentecôte)

La séquence Veni Sancte Spiritus est l’œuvre d’Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry, qui l’a composée vers l’an 1200. C’est une prière absolument merveilleuse et complète, qui chante, en 1er mode, dans un climat de paix et d'amour, l'événement intérieur de la Pentecôte, source vive et profonde destiné à jaillir à la surface de l'histoire en un élan missionnaire sans limites et sans frein.

+

veni sancte spiritus grégorien séquence
ÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (4/4) | La Tradition : un acte de foi

DOSSIER « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | À la tête de la formation de « Notre-Dame de Chrétienté », Isabelle Piot expose les principes qui guident la transmission de la foi au sein de l’association. Entre rigueur doctrinale, attachement liturgique et sens du discernement, elle rappelle que la fidélité à la Tradition n’est pas une affaire de goût mais un acte profondément enraciné dans la foi de l’Église. Entretien.

+

tradition Notre-Dame de Chrétienté