Quelle herméneutique pour l’Eglise ?

Publié le 11 Jan 2023
hermeneutique

© Bistum Regensburg

Le temps long et amer qui suivit l’abdication du pape Benoît XVI jusqu’à sa mort donne l’impression que ce pontificat fut un grand échec. Les louanges respectueuses qui sont prodiguées au « grand théologien », le « père d’Église » moderne qui aurait répondu au défi de l’ère moderne postchrétienne de manière offensive à travers la grande thématique de sa vie, « foi et raison », cachent à peine la déception de ceux qui avaient de l’affection pour lui, et encore moins la hargne et la dénonciation de ses nombreux adversaires – notamment en Allemagne. À l’heure de sa mort, Benoît paraît être un des derniers à avoir mené un vain combat défensif maladroit, et à l’aide de moyens inadaptés, contre la re-création de l’Église que demande l’époque actuelle. Il s’avérera pourtant que Benoît XVI a reconnu et nommé avec sagacité le sujet qui sera au cœur du conflit au sein de l’Église : celle-ci sera-t-elle à jamais l’obligée de la Tradition des évangélistes, des apôtres, des martyrs et des Pères de l’Église, ou pourra-t-elle rompre avec cette obligation et découvrir sans cesse de nouvelles sources de révélation ? Le concile Vatican II signifie-t-il le début d’une rupture avec la Tradition ou est-il au contraire enraciné en cette Tradition et souhaite-t-il la poursuivre sans rompre avec elle ? Il s’agit là de l’antagonisme entre une « herméneutique de la rupture » et une « herméneutique de la continuité », comme l’appelait Benoît XVI – et c’est bien cette lutte-là qui déterminera notre proche avenir. Bien que Benoît XVI ait eu le dessous jusqu’à maintenant, il a tout de même formulé la question qu’aucun catholique – qu’il soit membre du clergé ou laïc – ne pourra éviter de se poser : est-ce que je crois que l’Église des apôtres, des martyrs et des Pères est celle de Jésus-Christ ou est-ce que je crois que cette ancienne Église a disparu et que l’Esprit Saint se manifeste désormais dans l’esprit du temps ? Une fois que la fumée du désarroi actuel se sera dissipée, cette exigence d’une décision que nous a imposée Benoît XVI apparaîtra comme étant la véritable et impérissable mission que nous aura laissée son pontificat.   A lire également : Un réel souci de la vérité et de la beauté

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Martin Mosebach, écrivain allemand, membre de l'Académie des Arts de Berlin

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