La vérité l’emportera toujours sur le mensonge

Publié le 05 Août 2008
La vérité l'emportera toujours sur le mensonge L'Homme Nouveau

La mort d’Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne a déjà suscité dans la presse beaucoup de commentaires. Faut-il vraiment en rajouter un ? Un commentaire, non, mais notre salut respectueux et ému, accompagné de nos prières, certainement. Soljenitsyne fut non seulement l’anticommuniste que l’on sait, le dissident que l’on connaît, l’écrivain – et cela compte pour nous – que nous pouvons encore lire, il fut aussi un chrétien et un patriote dont la foi éclairait ses principales prises de position. On ne s’étonnera donc pas de retrouver dans son livre Comment réaménager notre Russie ? plusieurs propositions qui, dans le contexte russe, s’apparentent à des principes de la doctrine sociale de l’Église. Devant sa mort, nous voudrions donc nous incliner et faire silence, non peut-être sans avoir souligné, rapidement, quelques points.

Décédé ce dimanche, l’écrivain russe allait avoir 90 ans le 11 décembre prochain. Son œuvre est mondialement connue, même si depuis la chute du Mur de Berlin, elle est de moins en moins lue. Sa critique du mode de vie occidental, fondé sur le matérialisme pratique, le sécularisme et le rejet de Dieu, explique pour une grande part ce désamour de l’élite intellectuelle de notre pays pour ce grand écrivain qui refusait d’abdiquer les principes qui guidaient sa vie. Soljenitsyne avait été accepté comme l’écrivain dissident, érigé en critique implacable du régime stalinien. Mais c’est sous l’ère Brejnev qu’il est expulsé. En 1945, alors qu’il est officier dans l’artillerie soviétique, Soljenitsyne écrit une lettre dans laquelle il critique vertement le gouvernement de l’URSS et Staline lui-même. La censure ne laisse pas passer la lettre et son auteur est arrêté, condamné à huit ans de « redressement » dans les camps de travail pour complot anti-soviétique. Si sa critique du régime stalinien sert bien de révélateur, Soljenitsyne remontera à la cause, en critiquant profondément le communisme comme phénomène et singulièrement Lénine. Il ne se taira plus, enseignant à ceux qui veulent bien l’écouter que le mensonge est la première abdication face au totalitarisme et qu’il ne faut pas cesser de clamer la vérité. Cette position « morale » – dont certains critiqueront l’apolitisme – restait dans le monde clos du mensonge communiste certainement la seule attitude possible et servira, à sa manière, à faire éclater le carcan soviétique. Contrairement à ce que les dépêches des agences de presse et la presse ont pu écrire, Soljenitsyne ne prit pas le chemin de l’exil volontairement mais fut bel et bien expulsé.
Son refus de la modernité, des droits de l’homme sans Dieu, son respect de la tradition et de l’autorité, sa vision chrétienne du monde, feront que Soljenitsyne sera également critiqué par nombre de dissidents qui penseront que la révolution française restait malgré tout l’aube de la liberté. Lors de sa venue au Mémorial de Vendée aux Lucs, le 25 septembre 1993, il avait rappelé le caractère profondément meurtrier de toute révolution. Si Soljenitsyne a disparu aujourd’hui aux yeux du monde pour se retrouver face à Dieu, il reste parmi nous grâce à son œuvre. Il faut lire et relire Alexandre Soljenitsyne.
 

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