Prêcher, saint Louis-Marie Grignion de Montfort l’aura fait toute sa vie, envers et contre tout, malgré les moqueries et les hostilités, allant chercher jusqu’à Rome un titre qui de missionnaire apostolique valable en tous lieux. Et il continuera jusqu’à sa mort à s’y consacrer sans faiblir. Les amoureux ne se lassent jamais de redire le nom de l’aimé. Ainsi en est-il des saints s’agissant de Dieu. Louis-Marie Grignion sait à peine parler qu’il passe son temps à entretenir ses proches des mystères du Salut. Ce devrait être, au demeurant, notre unique préoccupation à tous… Naturellement, car sa figure maternelle est familière aux enfants, le petit garçon révèle l’apôtre de Notre-Dame qu’il sera. Marie, dont il salue et vénère les images partout où il les rencontre, est déjà au cœur de ses pensées. Il en parle à sa mère, ses cadets, notamment sa sœur Louise, qu’il convainc de réciter le chapelet avec lui en échange de friandises dont il se prive, ses amis. C’est Elle qu’il vénère, élève chez les jésuites de Rennes, puis au séminaire Saint-Sulpice où il fonde l’Association des esclaves de Marie, prélude à sa doctrine du Saint Esclavage, que les supérieurs rebaptiseront Esclavage de Jésus en Marie. Prêcher des convertis ne lui suffit bientôt plus. Certains séminaristes le moquent car ils le croisent aux carrefours en train de haranguer chanteurs de rue et marchands ambulants, avec assez de talent pour que ses supérieurs lui confient, outre le catéchisme paroissial, le soin d’assurer le carême aux laquais du quartier, public difficile. Louis-Marie s’en tire admirablement et l’on commence à vanter « son talent pour toucher les cœurs ». Il en va de même lorsque, en 1699, choisi pour être l’un des deux séminaristes chargés d’effectuer le pèlerinage de Chartres, il ne cesse de prier que pour prêcher les moissonneurs beaucerons. Au lendemain de son ordination, en 1700, la vocation missionnaire de l’abbé Grignion ne fait de doute pour personne. Il demande à gagner Ville-Marie, la future Montréal, fondée par les Sulpiciens mais la mission canadienne est en crise et l’on n’y envoie personne. Louis-Marie songe alors aux Missions étrangères de Paris et à l’Extrême Orient. « Que faisons-nous ici quand tant d’âmes périssent dans le Japon et dans les Indes ?! », gémit-il, mais ce n’est pas là non plus que Dieu le veut. Si l’évangélisation des pays lointains, moyen de contrebalancer les pertes subies par la catholicité en Europe avec…
Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)
Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents.