Des livres pour éveiller la foi

Publié le 10 Juin 2023
foi

La fin du printemps coïncide avec « les fêtes de la foi », autrement dit les communions et confirmations. C’est le moment d’offrir aux enfants et adolescents des livres qui les aideront à aller plus loin, le moment, aussi, de penser aux petits frères et sœurs un peu oubliés lors de ces réjouissances et qui méritent, eux aussi, une initiation aux vérités du Salut.

Commençons par eux, justement, avec une Histoire sainte qui ne dit pas son nom, Mon grand cahier de coloriages de la Bible d’Anne-Sophie Chauvet et Laetitia Zink (Emmanuel Jeunesse. 6,90 €). À l’heure où les coloriages sont devenus des passe-temps pour adultes stressés, l’on est presque surpris de découvrir qu’il en existe encore destinés aux enfants. Celui-ci marie intelligemment très simple initiation aux textes sacrés, de la Création à la Pentecôte, au plaisir accordé aux petits de barbouiller à leur goût de grands dessins, faciles ou plus complexes. L’Ancien Testament est réduit à peu : Adam et Ève, tout en omettant le péché originel, Noé, Abraham, Joseph, Moïse, David, Élie,  mais le Nouveau colle assez fidèlement à l’évangile.

Les personnages ne sont pas très jolis, mais cela vaut mieux quand on songe à ce qui les attend livrés aux mains innocentes de chérubins dépourvus de tout sens artistique. Quant au récit, il mérite d’être explicité et élargi avec l’aide des adultes.

Les albums d’Annette Langen et Martina Hoffmann, auteur et illustratrice allemandes, qui rencontrent un vif succès outre-Rhin, s’y prêtent, à condition d’en rectifier certains aspects. Lhistoire de Pâques (Emmanuel Jeunesse. 24 p. 14,90 €) est le dernier traduit en français. Des Rameaux à la Résurrection, Annette Langen propose de la Semaine Sainte une version adaptée à un très jeune public que l’on ne saurait effrayer avec les réalités cruelles de la Passion. L’on n’en dit donc rien ou presque. Bien entendu, l’instauration de l’Eucharistie, dans une volonté œcuménique, est présentée sous une forme qui ne saurait choquer les protestants.

Martina  Hoffmann illustre tout cela avec de jolis dessins faussement naïfs : agneaux de Pâques mignons à souhait, petits oiseaux de toutes les couleurs et gentils ânes entourant un Jésus années 70. Pas une goutte de sang, rassurez-vous ! La sensibilité enfantine risquerait d’en être traumatisée. L’image la plus violente de l’album  est celle des marchands chassés du Temple, un Temple qui offre à nos regards médusés d’adultes tatillons attachés aux détails historiques la vision saugrenue d’un étal de charcutier ployant sous les jambons … A moins qu’à mieux y regarder, il s’agisse déjà du gigot pascal ?

Restons dans l’initiation avec Mon premier missel (Emmanuel jeunesse. 32 p. 9,90 €.) du Père Aldric de Bizemont, Anne de Braux et Laetitia Zink. Très gracieusement illustré, ce livre de messe permettra aux plus petits de suivre la messe dans le rit ordinaire. Au déroulé de la messe elle-même s’ajoutent des explications sur les différentes parties de l’église, le mobilier, les vêtements liturgiques ; l’on s’étonnera peut-être, à cette rubrique, d’apprendre que le violet « rappelle que nous sommes dans un temps de préparation pour une grande fête », ce qui n’est pas faux mais évacue l’idée de pénitence et d’expiation …

Aller à la messe, c’est assister à l’Eucharistie dans le but de pouvoir un jour y accéder à son tour. C’est aux futurs premiers communiants que s’adressent Inès d’Oysonville et Marion Reynaud de Prigny avec un album très réussi, La communion est un trésor (Artège Le Sénevé.80 p. 17,90 €). Les abbés Amar et de Servigny en ont été les conseillers.

Au vrai, dans l’inculture religieuse actuelle, bien des adultes peu ou pas catéchisés tireraient profit de cette lecture qui fait pénétrer, de façon très accessible, au cœur même du mystère du Salut, de l’amour divin pour l’homme, de l’Incarnation et de la communion. De la faute de nos premiers parents à la Résurrection, le plan de Dieu se déroule, avant que soit expliquée la place que chacun de nous est appelé à y tenir. Suit une présentation complète des sacrements et de la messe, qui ne saurait heurter ni les tradis ni les tenants du nouvel ordo. Cela constitue en soi un exploit !

Il est possible de compléter cette approche avec celle d’Anna Kurian et Amandine Wanert, Je fête ma première communion (Emmanuel jeunesse ; 48 p ; 18,90 €)

Guillaume va faire sa première communion et n’en est pas peu fier, même s’il n’est pas certain d’avoir tout compris. Bien sûr, il n’est pas encore d’humeur à prêter ses Lego à sa petite sœur, – il y a des limites à ne pas franchir-, mais il voudrait se préparer au grand jour par quelques bonnes actions.  Justement, devant la boulangerie, il y a une vieille dame qui vend des bracelets tressés ; elle a l’air pauvre et lui en acheter un l’aiderait un peu. Guillaume n’imagine pas l’étrange cadeau que lui réserve l’inconnue : cinq incursions dans le passé afin de mieux comprendre les grandeurs de l’Eucharistie.

Flanqué du petit chien de sa bienfaitrice, Guillaume rencontrera une communauté de la primitive Église en Palestine, sous la menace du martyre ; sera témoin de la réconciliation inespérée de deux guerriers irlandais ; assistera au duel d’un chevalier allemand au cœur pur contre un horrible bandit et participera à la procession du miracle de Cava commémorant l’arrêt d’une épidémie.

Quant à la cinquième rencontre, il lui appartiendra d’en déchiffrer le sens en apparence banal.

Comme toujours avec Anna Kurian, le style est soigné, les récits construits, les vérités de la foi joliment mises à la portée des enfants. Ce n’est ni une leçon de catéchisme ni un cours de théologie mais les jeunes lecteurs devraient en tirer de bonnes réflexions sur la puissance de la communion sacramentelle et ses effets sur les âmes. Les dessins sont agréables et frais.

Le sens de l’Eucharistie, et l’amour du Christ, par une grâce qui demeure exceptionnelle, au début des années 2000, un jeune Italien en a pénétré les mystères avec une acuité qui laisse rêveur : il s’appelait Carlo Acutis et son nom, inconnu voici quelques années, s’est répandu dans le monde.

Devant la multiplication des ouvrage qui lui sont consacrés, certains se demanderont si l’on n’est pas en train de faire de l’argent avec la très belle figure de cet adolescent, emporté à quinze ans par une leucémie foudroyante, devenu, depuis sa béatification, le saint patron des Geeks. Ce serait dommage car le bienheureux Carlo vaut mieux, et de loin, que sa réputation de surdoué de l’informatique.

L’Église ne l’a pas béatifié parce qu’il est mort trop jeune, – disparaître prématurément, pour tragique que ce soit, n’est pas une garantie de sainteté …- ni pour ses capacités à se servir d’un ordinateur mais pour l’extraordinaire amour qu’il eût, tout enfant, pour le Christ, et son ardent désir de Le suivre chaque jour, dans les plus humbles actions d’un quotidien transfiguré par l’Eucharistie, trésor de ce garçon pas comme les autres.

Cela,  Paul de Vulpillières et Émilie  Droulers, co-auteurs de la bande dessinée Carlo Acutis, en route vers le Ciel (Éditions Emmanuel.48 p. 15,90 €.) le savent et leur premier mérite est d’insister sur la dévotion eucharistique de Carlo, qui lui permettait d’aller au devant des autres avec une générosité inattendue, s’oublier pour aider et secourir, garder la chasteté et les autres vertus chrétiennes dans un monde qui ne les pratiquait guère et convertir simplement parce qu’il rayonnait, sans s’en rendre compte, la lumière divine.

Quelques-uns jugeront les dessins naïfs mais ils ont leur charme, et permettent d’entrer vraiment dans le récit.

Les illustrations de Fabrizio Russo, qui cosigne avec Camille de Prévaux un autre album, Carlo Acutis, un saint pour la jeunesse (Plein Vent. 48 p. 15,90 €) sont plus léchées, réalistes et travaillées, en excellent produit qu’elles sont de l’école italienne de bédé. Sont-elles plus émouvantes ? Il est vrai que le destin de l’adolescent suffit à bouleverser et que l’on sort du récit de cette si courte existence avec le sentiment gênant de n’avoir pas fait grand-chose de bon de la sienne. Reste à tenter de faire mieux tant que le loisir en est offert.

 

A lire également : 10 ans d’Actuailes : l’actualité pour les adolescents

Anne Bernet

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