la Paix de Dieu : quand l’Église protège les fidèles 1/3

Publié le 13 Juin 2023
la Paix de Dieu : quand l’église protège les fidèles

Le millénaire du serment de Beauvais (1023) est l’occasion de reconsidérer le vaste mouvement de la Paix de Dieu que l’Église a initié et qui a pris différentes formes entre 989 et 1095.   Le vaste mouvement de la Paix de Dieu (Pax Dei) est apparu dans le sud de la France à la fin du Xe siècle. Il se répandra dans toute l’Europe occidentale et durera, sous des formes variables, au moins jusqu’au XIIIe siècle. La Paix de Dieu, comme la Trêve de Dieu, sont des initiatives prises par des hommes d’Église pour limiter les guerres et en réduire les dommages pour les populations. Le contexte historique est celui de la désagrégation des institutions carolingiennes et l’avènement de la dynastie capétienne (987). Entre la désintégration du pouvoir carolingien et l’avènement de l’ordre nouveau capétien, qui ne s’imposera que progressivement sur le territoire, les princes et les seigneurs locaux s’affrontent pour le contrôle d’une ville, d’une province ou d’une seigneurie ; s’ensuivent des pillages et des déprédations qui touchent à la fois la population civile et les biens de l’Église.  

Le concile de Charroux (989)

  Le mouvement de la Paix de Dieu trouve son origine en Aquitaine. À l’initiative de Gombaud, archevêque de Bordeaux, un concile se tient à Charroux (aujourd’hui dans le département de la Vienne) le 1er juin 989. Sous la présidence de l’archevêque de Bordeaux, il réunit les évêques de Poitiers, Limoges, Périgueux, Saintes et Angoulême. Trois canons sont promulgués qui frappent d’anathème les hommes d’armes qui se rendent coupables d’exactions[1]. Le premier canon vise ceux qui envahissent les églises ou les pillent. Le deuxième canon punit ceux qui s’attaquent aux paysans et s’emparent, sans qu’ils soient coupables, de « leur mouton, ou de leur bœuf, ou de leur âne, ou de leur vache, ou de leur chèvre, ou de leur bouc, ou de leur porc ». Le troisième canon jette l’anathème sur ceux qui frappent ou s’emparent « d’un prêtre, d’un diacre ou d’un autre clerc, qui ne portent pas les armes ». Ce concile vise donc à protéger les hommes d’Église, les biens d’Église et aussi les paysans et leurs biens. Il est à noter qu’il s’est tenu en présence des fidèles, à la fois témoins et bénéficiaires des décisions canoniques qui sont prises. Il ne concernait que six diocèses, soit une partie seulement du Sud-Ouest de la France. Ses décisions seront reprises et amplifiées par…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Kyrie 11 Orbis Factor (temps ordinaire)

C’est probablement ce Kyrie 11 qui est le plus célèbre et le plus connu des fidèles, après le Kyrie 8 de la messe des anges. Il se chante habituellement les dimanches du temps ordinaire et existe sous deux formes, l’une plus brève et plus antique (Xe siècle) ; l’autre plus prolixe, la plus connue, qui n’est qu’un développement mélodique du précédent, et qui se serait propagée entre le XIVe et le XVIe siècle. C’est un Kyrie du 1er mode, admirable de paix et de sérénité.

+

communion kyrie introït séquence pâques ascension glória
ÉgliseChrétiens dans le monde

Catholicisme américain (4/4) : Un monde en tension

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | Aux États-Unis, quatrième pays du monde par le nombre de catholiques, la foi s’inscrit dans un contexte contrasté où se mêlent ferveur liturgique, divisions doctrinales et stratégies d’influence sur la scène publique. Entre tradition et modernité, le catholicisme américain est à un tournant où l’arrivée d’un pape originaire du pays pourrait bien rebattre les cartes.

+

catholicisme américain
Église

Catholicisme américain (2/4) : Rome et Washington, rencontre au sommet

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | La récente rencontre entre le pape Léon XIV et le sénateur J. D. Vance soulève des questions majeures sur l’avenir des relations entre Rome et Washington. Retour sur les enjeux géopolitiques, spirituels et symboliques de cet échange inattendu, dans un contexte où les catholiques américains retrouvent un nouvel élan sous l’impulsion d’un pape originaire des États-Unis. Entretien avec Nikola Mirkovic, auteur de L’Amérique empire.

+

catholicisme américain Trump Léon XIV Vance