« Bêtes de sexe », j’ai vu l’exposition.

Publié le 25 Jan 2013
"Bêtes de sexe", j'ai vu l'exposition. L'Homme Nouveau

La scène se passe au Palais de la découverte (Paris) où se tient l’édifiante exposition « Bêtes de sexe, la séduction dans le monde animal » depuis le 23 octobre et jusqu’au 25 août prochain…

« Les humains doivent-ils être monogames ? Oui, non, parfois ? » Une quinzaine de lycéens, sous le regard amusé de leur professeur, se pressent pour appuyer sur le bouton qui enregistrera leur vote. « C’est trop cool d’avoir plein de meufs », ricanent grassement les jeunes garçons tandis que les filles se forcent à glousser, sans pourtant pouvoir retenir une expression de dégoût : «  Ah non, c’est dégueu d’avoir plusieurs femmes ». Stéréotype d’une société hétéronormée ? Réalité surtout de la différence d’appréhension de la sexualité entre garçons et filles.

Dans cette vaste salle d’exposition la lumière est tamisée, les murs sont noirs, ornés seulement de lourdes tentures rouges. Le décor est planté.  

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On déambule, de « chapitre » en « chapitre » : « Pourquoi s’encombrer de sexualité ? », « Entre elles les filles se débrouillent », « Jeux nuptiaux », « L’homme au foyer », « Ménage à … », « Homosexualité » et d’autres. Pour chacun de ces thèmes, des animaux empaillés, un panneau explicatif et une vidéo. Pour certaines, il s’agit d’un film sur la reproduction des bonobos, qui n’apprend d’ailleurs pas grand-chose puisque l’on y voit uniquement la scène d’accouplement sans autres explications que les cris des animaux susnommés. Les autres sont des courts-métrages dits Green Porno… soit un porno bio, nature. A l’écran donc, l’actrice Isabella Rossellini, singeant l’accouplement ici d’une libellule, là d’une araignée. Affublée d’un justaucorps d’un beige douteux, une coquille en carton-pâte sur le dos, et tandis qu’elle « s’accouple » avec un compère escargot en carton, elle gémit : « J’adore qu’on me fasse mal, le sadomasochisme m’excite ! ».

Si ce n’est la collection d’animaux magnifiquement empaillés qui feraient la joie des curieux, l’exposition n’a rien de scientifique et n’apprend sur la sexualité des différentes espèces d’animaux que ce qui pourrait ajouter de l’eau au moulin de la théorie du Gender, du féminisme et de la propagande homosexuelle. Des lézards « à queue en fouet », on sait seulement qu’ils se reproduisent exclusivement entre femelles, par un processus de clonage qui n’est évidemment pas expliqué. Ces pauvres lézards ne sont qu’un prétexte au panneau explicatif qui titre : « Entre elles, les filles se débrouillent ». Là-bas, au chapitre «Jeux nuptiaux », les mâles sont poétiquement définis comme « usines à sperme fonctionnant en continu ». Que l’on songe seulement aux commentaires qu’auraient fait des féministes venues voir l’exposition si l’on y parlait des femelles comme de « machine à fabriquer des ovules par intermittence »…

Plus loin, un autre panneau précise que « l’une des prérogatives de la femelle est de pouvoir se montrer exigeante dans le choix de son partenaire. Elle dispose d’un stock d’œufs limité et doit veiller à ce que seul le meilleur mâle puisse les féconder. S’il est de bonne stature, paraît en bonne santé et montre ses capacités à devenir un bon père de famille, il aura peut-être sa chance. Mais ses talents de séduction peuvent aussi annoncer des fils qui s’en tireront bien, eux aussi, avec les femelles – l’hypothèse du fils sexy ». Cette volonté de brouiller autant que possibles les frontières entre l’homme et l’animal décrivant la réalité du monde animal par des termes que l’on attribue habituellement aux humains se poursuit au chapitre « la bataille des sexes ». Que voulez-vous, « s’occuper des petits demande du temps, c’est une lourde contrainte et atteinte à la liberté de parents qui, sinon, pourraient retourner à leurs ébats ». Ce qui pourrait être extrait d’un manifeste du Planning familial prétend nous instruire sur la sexualité des animaux…

Il serait long et fastidieux d’évoquer chacun des panneaux qui rythment cet étonnant parcours mais comment ne pas citer le dernier chapitre, véritable sommet de l’idéologie qui porte l’exposition ? Arrivé presqu’au terme de ses pérégrinations, le visiteur passe sans plus de cérémonie de l’animal à l’homme. Un panneau le prend à parti : « C’est vous la bête de sexe ! ». A côté, défilent sur un écran géant : torses nus, pieds habillés de bas résille, portraits d’hommes n’ayant pour seul habillage que piercings et tatouages, décolletés plongeants… Ludique, le parcours propose de voter pour ou contre la polygamie, de donner son avis sur les finalités de la sexualité : intimité, divertissement ou procréation ? Enfin, clou du spectacle, près d’une collection de petites annonces de personnes recherchant l’âme sœur (ou les âmes sœurs, ou les âmes frères) sont installés trois téléphones que des collégiens s’arrachent en gloussant. En décrochant, un message préenregistré vous informe que vous pouvez écouter plusieurs annonces. « Faites 1 si vous êtes un homme, 2 si vous êtes une femme. » Si vous êtes une femme et que, par conséquent, vous tapez 2, vous entendez : « Si vous cherchez d’autres femmes, tapez 1, si vous cherchez d’autres hommes, tapez 2, si vous cherchez d’autres couples, tapez 3 ». L’option homosexuelle, et ce n’est pas un hasard, est proposée en premier. Et la touche 3 déclenche une annonce échangiste sans plus de complexe.

Et le professeur qui accompagnait ses élèves trouvait ça drôle…

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