Saint Jean-Baptiste, la voix qui crie dans le désert

Publié le 20 Déc 2023
jean-Baptiste désert

Raphaël Mengs, Musée des Beaux-Arts de Houston

À l’occasion de l’Angélus du 10 décembre 2023, le pape François a prononcé une allocution sur la figure de Jean-Baptiste, personnage majeur de l’Avent, précurseur de Jésus, et dont « la voix crie dans le désert ».

 

Saint Jean-Baptiste demeure, avec Marie, la grande figure de l’Avent. Il est, peut-on dire, le prédicateur officiel de l’Avent, car il a reçu mission de préparer les âmes à la venue du Seigneur, de préparer les voies devant sa face. Il est la voix criant dans le désert : « Préparez les voies du Seigneur, faites-lui des chemins, rectifiez les sentiers, redressez les routes ».

Le Pape insiste sur cette voix qui crie dans le désert, car il s’agit pour lui de deux images apparemment contradictoires : le désert en effet est un lieu où il n’y a personne avec qui l’on puisse communiquer, et la voix est l’organe par lequel précisément on peut communiquer. Analysons ces deux termes tour à tour et nous verrons que la contradiction n’est qu’apparente et qu’en réalité elle est fort suggestive.

 

Le désert, lieu de silence et d’écoute

Le désert a marqué toute la vie du Précurseur. Le désert lui fit découvrir et goûter la révélation du silence de Dieu, et donna à son existence un caractère de lutte contre le diable qui lui permit de trouver Dieu et d’attendre le Christ, tout en devenant de plus en plus solidaire des aspirations de l’humanité réduite en esclavage. À l’image d’Élie et de certains prophètes de l’ancienne Loi, la solitude est ennoblie et sanctifiée par sa pénitence et sa prière, en attendant que Celui dont il était la figure et le reflet annonciateur, vînt consacrer à jamais, par son séjour sanctifiant, les virtualités et les prérogatives du désert.

Le désert nous renvoie aussi à Moïse, qui y séjourna avec le peuple élu pendant quarante ans, permettant à Dieu d’éduquer son peuple, avant qu’il n’entrât dans la Terre sainte. Le désert symbolise donc tout le temps d’effort et de patience nécessaire dans le combat spirituel, car on y rencontre tout à la fois Dieu et le diable. C’est là aussi que l’acédie, le « démon de midi », pourrait nous séduire finalement par tout ce qui n’est pas Dieu et donc vanité.

Comme au désert il règne un silence presque parfait, on peut écouter, sans être absorbé par la fascination des bagatelles. D’où le cri de Dieu en Osée : « C’est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur ».

Pour résumer, disons avec le Pape que le désert est le « lieu du silence et de l’essentiel, où l’on ne peut pas se permettre de s’attarder sur des choses inutiles, mais où l’on doit se concentrer sur ce qui est indispensable pour vivre ». On découvre ainsi l’actualité non seulement du désert, mais encore de tout le message du Baptiste. Nous devons nous convertir sans relâche, pour que le Seigneur vienne en nous.

Rappelons que durant l’Avent nous célébrons les trois venues du Seigneur : la venue proche en ce monde que nous célébrerons à Noël ; la venue dans notre âme, qu’il faut espérer quotidienne grâce aux sacrements et à la prière. Enfin, la venue lors du jugement dernier. Jésus vient et le désert nous permet de nous dépouiller, de nous débarrasser de tout ce qui est superflu et inutile.

À la prière, nous devons ajouter le silence bien sûr, mais aussi la sobriété. Que l’Avent soit pour nous un temps pour mettre un frein à notre langue, cet organe utile, mais qui peut devenir très dangereux, comme nous l’enseigne saint Jacques.

 

La voix, expression de notre intérieur

Nous arrivons ainsi à la deuxième image retenue par le Pape : la voix. Le chrétien ne doit pas se laisser prendre à de fallacieux mirages, en écoutant comme Ève n’importe quelle voix. Il doit écouter la voix du Bon Pasteur, la voix de l’Église, celle de Marie, celle de son ange gardien. La voix est en effet l’instrument par lequel nous manifestons ce qu’il y a dans notre cœur. C’est pourquoi le culte du Sacré Cœur est riche de symbolisme. Il nous permet de nous recueillir, de nous mettre en face de Jésus, pour lui parler comme un ami parle à son ami.

N’oublions jamais que notre voix clame ce que nous avons à l’intérieur de nous. Elle nous permet aussi d’écouter en conséquence ce que nous avons en nous. Saint Jean-Baptiste nous rappelle en définitive que la voix est liée à l’authenticité et à la clarté de notre cœur qui est peut-on dire comme l’œil. Posons-nous donc la question essentielle : quelle est la part de silence dans ma vie ? S’agit-il d’un silence vide ou oppressant, ou bien du silence de Marie « qui conservait toutes choses en son cœur » ?

 

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Un moine de Triors

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