Là-bas au loin, ou le miracle raspailien

Publié le 03 Juil 2015
Là-bas au loin, ou le miracle raspailien L'Homme Nouveau

Partant du rêve et de l’imagination, Jean Raspail a bâti une œuvre ancrée dans la réalité. Ni didactique, ni déclaratif, il donne tout simplement à voir et à aimer, et, à sa manière, transmet la vie. Les œuvres rassemblées en un volume sont complétées par un joyau, La Miséricorde. À découvrir sans tarder.

Au fil du temps, Jean Raspail s’est imposé comme un écrivain majeur de notre époque, sans peut-être que nous y prenions toujours garde. Mais un écrivain, pas un saltimbanque ou un politicien, en quête de voix ou d’applaudissements ! Jean Raspail n’est pas, en effet, l’homme d’une coterie – même s’il est celui de la fidélité à ses amis –, ni d’un parti, image à laquelle ses adversaires voudraient le réduire pour justifier la maigreur de leur jugement littéraire, ou travers dans lequel certains de ses fidèles lecteurs tombent parfois aussi.

Comme tout écrivain important, de ceux qui restent à travers le temps, Jean Raspail a bâti une œuvre, laquelle possède en l’occurrence cette incroyable destinée de partir du rêve et de l’imagination pour planter tranquillement son bivouac dans la réalité. Le volume que vient de lui consacrer la collection « Bouquins », grâce à l’action efficace de Christophe Parry, reflète à merveille ce trait unique qui est le miracle raspailien.

Construit essentiellement autour de la Patagonie et de l’au-delà de tout, du Jeu du roi à Sept cavaliers, en passant par Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie et Septentrion, préfacé par cet autre aventurier qu’est Sylvain Tesson, Là-bas, au loin, si loin (c’est le titre de ce volume) constitue à sa manière le bréviaire de l’aventure, le vademecum de la fidélité, le salut respectueux aux mondes disparus, l’incarnation littéraire des vertus militaires et aristocratiques que la modernité, comme une hyène puante, s’ingénie à salir avant de tenter de les écraser. C’est un hymne, un hommage, une sonnerie de clairon dans le soir qui tombe. C’est aussi et surtout la mobilisation des énergies pour illustrer une fois encore, fût-ce l’ultime fois, l’homme comme héritier et bâtisseur en quête d’éternité.

Passeur de mémoire

Je sais que certains reprochent à Jean Raspail de courtiser de trop près le rêve au détriment du combat à mener. L’erreur…

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