Congrès eucharistiques (3/4) : Le XIXe siècle, le temps du triomphe du Saint Sacrement ?

Publié le 29 Déc 2023
eucharistie saint sacrement XIXe

Fête-Dieu à Paris en 1830 par Turpin de Crissé

> DOSSIER : « Les Congrès eucharistiques : l’adoration au cœur de la mission » (n° 1798)
La dévotion à l’eucharistie en France connut un regain de vigueur après la Révolution française. Rejet ou renouveau de ferveur, le Saint Sacrement retrouve une place importante avec les Fêtes-Dieu, des congrégations dédiées, dans l’enseignement, ou au contraire fait l’objet d’attaques et de profanations.

  Après le rejet protestant de la Présence réelle, la peur d’approcher de l’Eucharistie janséniste, les ricanements des Lumières, le XIXe siècle semble un retour inespéré, en France, à une pratique eucharistique saine. Encore faut-il nuancer cette vision qui cache la profonde déchristianisation d’une part importante du pays.  

Le renouveau après l’épreuve

Paradoxalement, la persécution révolutionnaire est l’origine de ce renouveau. L’interdiction des messes, la traque des prêtres, le martyre de certains, suppliciés pour avoir voulu sauver les saintes Espèces de la profanation, la difficulté d’accéder aux sacrements provoquent chez les fidèles un manque. Certes, l’on communiait peu auparavant, mais ne plus communier du tout est une souffrance et les plus fervents prennent des risques pour permettre à leurs enfants de faire leur première communion. La suppression des processions de la Fête-Dieu, événement majeur en certaines régions, conduit, au-delà de leur aspect social, voire économique, à reconsidérer l’importance du culte rendu au Saint Sacrement. Chateaubriand ne s’y trompe pas qui, en 1801, constate avec étonnement qu’à Lyon, ville janséniste, l’on n’a pas attendu le rétablissement officiel du catholicisme pour célébrer en public la Fête-Dieu dans un énorme concours de peuple. L’Église voit là l’occasion d’en finir avec le respect mal compris inculqué depuis le XVIIe siècle à trop de bons chrétiens et de les ramener, après confession, à la  communion, sinon fréquente, privilège exceptionnel, au moins régulière.  À sa châtelaine qui assure « n’en être pas digne », le jeune curé d’Ars, parfait exemple du clergé de son temps, assène : « Certes, mais vous en avez besoin ! » À Pontmain, l’une des paroisses les moins pascalisantes de la Mayenne, l’abbé Guérin préfère, afin de ramener ses ouailles à la pratique eucharistique, passer par la dévotion mariale, puis instaure l’adoration perpétuelle et rétablit, dans les années 1840, le « sacre », la procession de la Fête-Dieu, avec un tel faste que ce village de 600 âmes draine en cette occasion des foules de 4 à 5 000 personnes venues de loin.  

Catéchisme de persévérance

Ce succès réclame une meilleure…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Anne Bernet

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseChrétiens dans le monde

Léon XIV : rester fidèles à la vérité dans la charité malgré la persécution

Commentaire du Pape | Lors de la récitation de l’angélus du 17 août dernier, le Pape a prononcé des paroles très fortes, parce que très évangéliques. Partant des lectures dominicales concernant les exigences imposées par la suite du Christ signe de contradiction narrées au chapitre 12e de saint Luc et la vie apostolique selon le message de charité de Jésus, au chapitre 4e des Actes, le Pape parle du problème crucial de la persécution qui se retrouve à travers toutes les générations des deux millénaires du christianisme.

+

pape Léon XIV jubilé politique unité
À la uneÉgliseChrétiens dans le monde

« Œuvre d’Orient » : soutenir les chrétiens sur leur terre

Initiatives chrétiennes | À la tête de l’« Œuvre d’Orient » à partir de septembre, Mgr de Woillemont cumulera aussi la charge de vicaire général de l’ordinariat des catholiques orientaux en France. Une double mission au service des communautés chrétiennes, de Beyrouth à Marseille. Entretien avec Mgr Hugues de Woillemont, Directeur général de l’« Œuvre d’Orient ».

+

œuvre d’orient chrétien 
À la uneÉgliseMagistère

Les conciles (2/4) | Histoire du premier concile de Nicée

DOSSIER « Les conciles, des jalons pour comprendre l’histoire de l’Église » | Nicée, dont nous fêtons les 1700 ans cette année, est le premier des vingt et un conciles œcuméniques qu’a connus l’Église. Convoqué par l’empereur Constantin en 325, il est à l’origine d’un Credo qui est resté, jusqu’à aujourd’hui, la norme de la foi catholique.

+

concile de nicée