La Toussaint, notre fête en espérance

Publié le 11 Nov 2016
La Toussaint, notre fête en espérance L'Homme Nouveau

La fête de la Toussaint engendre inexorablement la joie, car elle nous permet de nous souvenir de tous les saints, de ceux qui ont été canonisés comme de ceux qui ne le sont pas encore ou ne le seront jamais. La Toussaint est ainsi un peu notre fête, au moins en espérance. À l’avance, nous nous réjouissons de notre bonheur éternel si du moins nous l’avons mérité en ayant exercé sur la terre les huit Béatitudes de l’Évangile de Matthieu que l’Église a toujours lu en cette fête. Les Béatitudes apparaissent en effet comme la synthèse et le nectar de tout l’enseignement de Jésus sur la Loi nouvelle, la résumant et invitant les disciples à trouver une motivation profonde pour tout quitter en vue du Royaume qui est la perle précieuse.

La plénitude des vertus théologales

En pratiquant en effet les Béatitudes les élus ont vécu leur vie terrestre dans la plénitude des vertus théologales. Et grâce à Dieu, comme le reconnaît le Pape lui-même, chacun de nous en connaît parmi ses parents, ses proches ou ses connaissances. La fête de la Toussaint est en ce sens une grande fête familiale. Nos saints nous ont montré la route par le renoncement qu’ils ont accepté et qui ne fut sans doute pas toujours facile. A nous de suivre leur exemple sans nous perdre dans les labyrinthes du péché ou du relativisme. Le Pape nous donne alors un moyen sûr et en quelque sorte infaillible pour savoir si nous sommes sur la bonne route. C’est la joie. La caractéristique essentielle de la sainteté est en effet la joie. Pourtant, il ne s’agit pas de n’importe quelle joie, mais bien de celle qui a sa source en Dieu lui-même et qui est à la fois motivée et engendrée par les béatitudes qui sont en réalité le profil même du Christ qui les a lui-même proclamées. Le Pape s’attarde alors à une béatitude particulière, celle des doux, justement parce qu’elle nous fait entrevoir jusque dans le détail le portrait spirituel du Christ dans son humanité : doux et humble de cœur. La douceur est certainement l’une des caractéristiques principales de la sainteté, alors qu’à l’inverse l’impatience et, à plus forte raison la colère, dénotent un manque certain de vertu. Mais il ne faut pas confondre la vraie douceur avec ses caricatures, telle la mièvrerie hypocrite par exemple. La vraie douceur est source de paix et de charité et elle laisse de côté tout ce qui pourrait diviser. Elle est le signe de communion par excellence, comme l’ont prouvé deux saintes suédoises : sainte Brigitte et sainte Élisabeth Hessebald.

Carte de visite des chrétiens les Béatitudes, toutes formées par des contrastes saisissants, leur permettent d’affronter le combat spirituel avec les armes mêmes du Christ. Et le Pape glose alors celles-ci pour montrer leur profonde actualité, en donnant des exemples qui permettent de sauvegarder et protéger la maison commune aujourd’hui. Car l’appel à la sainteté est non seulement universel comme l’a rappelé le Concile, mais encore de tous les temps. Et aujourd’hui comme hier il exige un grand esprit de foi qui nous permet de voir le Seigneur toujours et partout. Les saints sont des modèles, mais ils sont aussi des aides précieux qui nous permettront d’arriver nous-même avec leur Reine au Port du salut. Qu’ils nous aident à devenir des saints et rapidement, comme le demandait déjà saint Jean-Paul II à des jeunes au tout début de son pontificat. Avec le Pape, confions à Marie cette grande intention à laquelle il ajoute la pleine communion de tous les chrétiens.

Homélie du Pape :

Avec toute l’Église, nous célébrons aujourd’hui la solennité de Tous les Saints. Nous nous souvenons, ainsi, non seulement de ceux qui ont été proclamés saints au long de l’histoire, mais également de beaucoup de nos frères qui ont vécu leur vie chrétienne dans la plénitude de la foi et de l’amour, au milieu d’une existence simple et cachée. Sûrement, parmi eux, il y a beaucoup de nos familiers, amis et connaissances.

Nous célébrons, par conséquent, la fête de la sainteté. Cette sainteté qui, parfois ne se manifeste pas dans de grandes œuvres ou dans des succès extraordinaires, mais qui sait vivre fidèlement et chaque jour les exigences du baptême. Une sainteté faite d’amour de Dieu et des frères. Amour fidèle jusqu’à l’oubli de soi-même et jusqu’au don total de soi aux autres, comme la vie de ces mères et de ces pères, qui se sacrifient pour leurs familles en sachant renoncer volontiers, même si ce n’est pas toujours facile, à tant de choses, à tant de projets ou de plans personnels.

Le secret du bonheur

Mais s’il y a quelque chose qui caractérise les saints, c’est qu’ils sont réellement heureux. Ils ont trouvé le secret de ce bonheur authentique, niché au fond de l’âme et qui a sa source dans l’amour de Dieu. C’est pourquoi on appelle bienheureux les saints. Les béatitudes sont leur chemin, leur but vers la patrie. Les béatitudes sont le chemin de vie que le Seigneur nous enseigne, pour que nous suivions ses traces. Dans l’Évangile de la Messe, nous avons entendons comment Jésus les a proclamées face à une grande multitude sur une montagne près du lac de Galilée.

Les béatitudes sont le profil du Christ et, par conséquent, du chrétien. Parmi elles, je voudrais en souligner une : « Bienheureux les doux ». Jésus dit de lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). C’est son portrait spirituel et cela nous révèle la richesse de son amour. La douceur est une manière d’être et de vivre qui nous rapproche de Jésus et nous unit entre nous ; elle nous permet de laisser de côté tout ce qui nous divise et nous oppose, et on cherche les façons toujours nouvelles pour avancer sur le chemin de l’unité, comme l’ont fait les enfants de cette terre, dont sainte Marie Élisabeth Hesselblad, canonisée récemment, et sainte Brigitte, Brigitte Vadstena, co-patronne de l’Europe. Elles ont prié et travaillé pour resserrer les liens d’unité et de communion entre les chrétiens. Un signe très éloquent est que ce soit ici, dans votre pays, caractérisé par la cohabitation entre des populations très diverses, que nous sommes en train de commémorer ensemble le cinquième centenaire de la Réforme. Les saints parviennent à des changements grâce à la mansuétude du cœur. Avec la mansuétude, nous comprenons la grandeur de Dieu et nous l’adorons avec sincérité ; en outre, c’est l’attitude de celui qui n’a rien à perdre, car son unique richesse est Dieu.

La carte d’identité du chrétien

Les béatitudes sont de quelque manière la carte d’identité du chrétien, qui l’identifie comme disciple de Jésus. Nous sommes appelés à être des bienheureux, des disciples de Jésus, en affrontant les souffrances et les angoisses de notre époque avec l’esprit et l’amour de Jésus. Ainsi,  nous pourrions indiquer de nouvelles situations pour les vivre avec l’esprit renouvelé et toujours actuel : Bienheureux ceux qui supportent avec foi les maux que d’autres leur infligent et pardonnent du fond du cœur ; bienheureux ceux qui regardent dans les yeux les rejetés et les marginalisés en leur manifestant de la proximité ; bienheureux ceux qui reconnaissent Dieu dans chaque personne et luttent pour que d’autres le découvrent aussi ; bienheureux ceux qui protègent et sauvegardent la maison commune ; bienheureux ceux qui renoncent à leur propre bien-être pour le bien d’autrui ; bienheureux ceux qui prient et travaillent pour la pleine communion des chrétiens… ils sont tous porteurs de la miséricorde et de la tendresse de Dieu, et ils recevront certainement de lui la récompense méritée.

Chers frères et sœurs, l’appel à la sainteté est pour tous et il faut le recevoir du Seigneur avec un esprit de foi. Les saints nous encouragent par leur vie et leur intercession auprès de Dieu, et nous, nous avons besoin les uns des autres pour nous sanctifier. Aidez-nous à devenir des saints ! Ensemble, demandons la grâce d’accueillir avec joie cet appel et de travailler unis pour la mener à la plénitude. À notre Mère du ciel, Reine de tous les saints, nous confions nos intentions et le dialogue à la recherche de la pleine communion de tous les chrétiens, pour que nous soyons bénis dans nos efforts et parvenions à la sainteté dans l’unité.

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