Le pape François poursuit sa catéchèse des vices et vertus, entamée en décembre. Ce 20 mars, il évoquait la prudence, la première des vertus cardinales, que l’on associe au bien agir, selon la raison et aussi selon la foi.
Après avoir consacré ses premières catéchèses sur les vices, le Pape a abordé l’examen des vertus, en commençant par une étude générale sur l’action vertueuse. Mercredi dernier, lors de l’Audience générale du 20 mars dernier, il a étudié la première des vertus cardinales : la prudence. Il commence par faire une remarque sur le fait que ces vertus existent déjà à l’état naturel et font partie du patrimoine de la sagesse antique, que la Révélation chrétienne a surélevé.
Dès l’Ancien Testament, mais surtout dans le Nouveau Testament, la prudence nous est montrée comme une vertu essentielle, le pilier qui permet à l’homme de bien agir, selon la raison et aussi selon la foi. L’opposition entre conduite prudente et insensée est évoquée en plusieurs occasions.
L’homme prudent bâtit sur le roc (Mt 7, 24), agissant non seulement en paroles, mais par des actes justifiant sa conduite prudente. Le serviteur prudent et avisé que le maître a établi sur tous ses gens (Mt 24, 45 et Lc 12, 42) évoque la fidélité dans la tâche en attendant le retour du maître. De l’épisode des vierges sages et des vierges folles (Mt 25, 1-13), on peut noter l’importance de la vigilance qui prépare l’avenir en prévoyant et en envisageant toutes les possibilités. Le riche est insensé (Lc 12, 17-21) parce qu’il ne pense qu’aux biens temporels et néglige d’envisager l’essentiel.
Bien que l’adjectif prudent ne soit pas alors utilisé, on ne peut omettre le passage relatif à celui qui veut construire une tour ou partir en guerre (Lc 14, 28-33) : il lui faut d’abord s’assurer qu’il a les moyens de mener à bonne fin son entreprise, avant de se décider à entreprendre ou renoncer. Reste le cas de l’intendant malhonnête (Lc 16, 1-13) dont la conduite est qualifiée de prudente, mais au sens où il est habile à mettre à profit le délai qui lui est ménagé.
La prudence – et le Pape cite saint Thomas – est donc la capacité de gouverner son agir en l’orientant vers le bien. Aussi l’a-t-on appelée « le cocher des vertus ». Le prudent est donc celui qui fait le bon choix. Cela valait bien sûr dans l’ordre naturel, mais cela vaut encore plus dans l’ordre surnaturel, où le saint apparaît comme un prudent par excellence. On objectera pourtant que beaucoup de saints se sont montrés bien imprudents ! Oui à vue humaine, mais pas selon Dieu. Leur foi en la Providence leur a valu d’être prudent, tout en étant traités de fous par leurs contemporains.
Je pense par exemple à saint Jean Bosco, à saint Clément Hofbauer, à saint Luigi Orione, à Marie-Thérèse de Soubiran et à bien d’autres. Il faut donc préciser. Il est certain que le monde actuel ne favorise pas la prudence. Les politiciens agissent par opportunité, selon les desiderata de leurs électeurs et ils en viennent ainsi agir très imprudemment, même s’ils sont loués par certains de leurs contemporains. La triste loi de l’insertion de l’avortement dans la Constitution nous en donnerait plus d’un exemple. Il n’est donc pas facile d’agir prudemment au milieu de la tempête quotidienne, alors que les esprits ont perdu le sens du bien moral.
Le vrai prudent ne choisit jamais au hasard. Il se laisse guider par la foi et le don de conseil, dans ses trois dimensions : l’écoute, le choix et l’agir. Il faut en effet au bout du compte savoir trancher, décider et peu savent le faire, car ils ne sont pas guidés par le Saint Esprit et son don de conseil. Ils ont peur et n’ont pas le courage d’aller jusqu’au bout du vrai choix moral. Un très bon exemple de prudence nous a été donné par saint Paul VI, quand il écrivit son encyclique prophétique Humanae vitae. Et Dieu sait s’il a été vilipendé et calomnié, même par des hautes autorités ecclésiales.
Que Marie nous apprenne la vraie prudence qui est prévoyance selon Dieu et non pas selon les hommes !
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