Le père Luc Artur, moine de l’abbaye bénédictine du Barroux, après une maîtrise de lettres classiques et une maîtrise en théologie, a consacré son mémoire de maîtrise en philosophie au mystère et à l’absurde. Il en a tiré, avec des ajouts, un livre très clair, fruit d’une vaste recherche (2 573 notes infrapaginales et dix pages de bibliographie) et d’une réflexion qu’il sait faire partager à ses lecteurs. « Rien d’étonnant qu’un moine écrive sur le mystère », écrit l’abbé Bernard Lucien dans la longue préface qu’il a donnée à ce livre. Il souligne qu’« il ne s’agit pas d’une démonstration apologétique en faveur de la Révélation chrétienne. Plus radicalement, l’auteur scrute les soubassements philosophiques d’une telle démonstration. » Le père Luc examine, de près, la doctrine philosophique sur le mystère que l’on trouve chez saint Thomas d’Aquin, dans les écrits encore peu connus du père Guérard des Lauriers et chez d’autres philosophes et théologiens catholiques (Hans Urs von Balthasar et d’autres). À partir du chapitre 6, après avoir examiné la fameuse formule attribuée à Tertullien (Credo quia absurdum) et l’absurde chez Kierkegaard, Schopenhauer, Nietzsche, il les confronte à la doctrine sur le mystère puis il fait une fine analyse des théoriciens de l’absurde au XXe siècle : Sartre, Camus, Cioran. On ne résumera pas ici toutes les analyses et démonstrations de l’auteur qui conclut : « il est possible de prouver par la raison que la raison elle-même est dépassée, spécialement lorsqu’il s’agit de Dieu ». Le père Luc relève aussi que « le mystère ressemble à l’irrationnel, à l’absurde et au contradictoire, en ce que, comme ceux-ci, il dépasse l’homme ; mais d’autre part il s’oppose à eux, du fait qu’il n’est pas complètement fermé à l’intelligence ». Le mystère n’est pas l’irrationnel, car il y a une « harmonie entre mystère et raison ». Proclamer que le monde, le mal ou l’idée de Dieu sont absurdes peut être une « démission de l’esprit ». En fin d’ouvrage, on trouve un index onomastique et thématique très détaillé (27 pages sur deux colonnes) qui permet une recherche plus précise ou de découvrir des choses qui auraient échappé à une première lecture – par exemple saint Thomas et l’astrologie, évoqués dans une note de la page 118. Le bon livre est celui qui permet de connaître ou de comprendre de nouvelles choses et qui suscite de nouvelles questions. Par exemple, dans la vie mystique, les visions intellectuelles et d’autres phénomènes, comme la transverbération, ne…
Encore un récit passionnant sur Sophie Scholl
Recension | La Rédaction de L'Homme Nouveau vous propose une page culture, avec un choix de livres, récit et CD. Paru dans le n°1819.