L’été en musique avec… Anton Bruckner

Publié le 14 Août 2017
L'été en musique avec… Anton Bruckner L'Homme Nouveau

Organiste et compositeur autrichien, Anton Bruckner (1824-1896) fut appelé le ménestrel de Dieu tant sa foi profonde se reflétait dans ses œuvres. Il est aussi considéré comme l’un des géants de la symphonie au XIXe siècle.

 Arrivant dans le sillage tracé par Wagner, Anton Bruckner trouve tout naturellement sa place de « mystique » dans la composition musicale. Il naît à Ansfelden en Haute-Autriche où son père est l’instituteur du village. À l’âge de 10 ans, le jeune Anton remplace déjà celui-ci à l’orgue de la paroisse et après sa mort, sa mère conduit son fils à l’abbaye de Saint Florian: Bruckner commence alors sa carrière de musicien en tant que petit chanteur, puis il passe son diplôme d’instituteur. Il exerce ce métier tout en jouant parfois le violon dans les fêtes populaires du village.

Mais attiré par la musique des grands compositeurs, il continue ses études d’harmonie et de contrepoint avec des maîtres locaux; il deviendra plus tard professeur au Conservatoire de Vienne. Il est nommé au poste de titulaire à l’orgue de la cathédrale de Linz. Jusqu’à l’âge de 40 ans, il compose ainsi surtout de la musique religieuse et toute sa vie il restera fidèle à sa foi.

La révélation

En 1863, à l’âge de 39 ans, il recevra la révélation musicale qui bouleversera sa vie et fera de lui un des plus grands symphonistes de la fin du XIXe siècle: à l’Opéra, il entend Tannhäuser de Richard Wagner. Après quoi il décide de se lancer dans la composition de ses symphonies. Il assiste aussi à la première de Tristan à Munich en 1865, à la Tétralogie, L’Anneau du Nibelung, à Bayreuth en 1876 et à Parsifal en 1882.

Une anecdote haute en couleur nous décrit toute la candeur et la simplicité de son caractère: avant l’ouverture du festival de Bayreuth, Bruckner décide de rendre visite au Maître chez lui, pour lui apporter la partition de sa Troisième Symphonie qu’il lui a dédicacée. À la porte, on lui prend le paquet en lui demandant de repasser un peu plus tard pour que Wagner puisse en prendre connaissance et le recevoir. Bruckner fait une promenade afin d’aller visiter le chantier du théâtre du festival et, regardant toujours vers le haut pour admirer la construction, il marche malencontreusement dans un bac de ciment frais… C’est dans cet état, le pantalon maculé de taches et les chaussures durcies par le mortier, qu’il se présente timidement à nouveau chez Wagner. Cette fois-ci, c’est le Maître lui-même qui lui ouvre et en riant aux éclats devant sa mise, le prend dans les bras pour le remercier de sa dédicace.

Bruckner, en outre, est connu pour avoir souvent commis des bourdes. Il ne comprend pas, par exemple, pourquoi à l’âge de 56 ans, son projet de mariage avec une toute jeune fille de 16, ait pu être rejeté par les parents à cause de la différence d’âge! Il composera neuf symphonies dont la dernière restera inachevée, quatre messes, un Te Deum et de la musique pour le Psaume 150. Au moment de la mort de Wagner en 1883, il compose à sa mémoire un adagio splendide pour sa Septième Symphonie. Si Bruckner fut une adepte de l’œuvre wagnérienne, c’est surtout pour leur contenu purement musical qu’il admire ses opéras.

Des symphonies atypiques

Dans son œuvre profane, les compositions de Bruckner atteignent parfois des dimensions géantes. Il écrit également un très beau Quintette à cordes et de nombreuses œuvres chorales, en s’inspirant de la liturgie catholique. Ses harmonies demeurent toujours classiques, et il utilise çà et là des cuivres somptueux, amples et veloutés. On lui a souvent reproché la longueur parfois démesurée de ses symphonies, mais pour Bruckner, la composition musicale semble avoir été une forme de méditation cursive, inspirée par sa foi religieuse. Au-dessus des plaines et des montagnes, on survole avec lui le monde dans une sorte de travelling cinématographique, dans une expression de piété généreuse qui nous permet à nous aussi de prendre de la hauteur avec lui pour louer Dieu.

cabaud

Pour aller plus loin :

Judith Cabaud
En route vers l’infini, musique et foi (portraits de musicieux)
Éditions de L’Homme Nouveau, 268 pages, 19 €

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