Un pas de plus vers la reconnaissance du génocide vendéen ?

Publié le 04 Jan 2018
Un pas de plus vers la reconnaissance  du génocide vendéen ? L'Homme Nouveau

Le 21 décembre 2017, dans les colonnes de Valeurs Actuelles, Eric Brunet demandait la reconnaissance officielle du génocide vendéen. Il rendait hommage dans le même article aux travaux de Reynald Secher, premier historien à avoir soutenu que l’extermination planifiée des vendéens était véritablement un génocide. Une thèse politiquement incorrecte qui lui vaudra d’être mis au ban des historiens. Suite aux déclarations d’Eric Brunet qui viennent renforcer la position de Reynald Secher, nous avons contacté l’historien qui a accepté de répondre à nos questions :

Quelle est votre réaction suite à l’article d’Éric Brunet sur vous et la Vendée dans Valeurs actuelles ?

Je salue son courage, son honnêteté et son talent. Je tiens à préciser que je ne le connais pas et qu’il ne m’a pas interviewé. Il a fait un excellent travail de journaliste tant à mon niveau personnel qu’au niveau de la Vendée et, plus particulièrement, du génocide. 

C’est-à-dire  ?

En fait le problème est double. D’une part, le traitement de la vérité sur la Vendée et, d’autre part, celui de mon problème propre.

Il a rappelé avec justesse tout ce que l’on m’a fait et que l’on continue à me faire en raison de ma thèse sur la Vendée soutenue en 1985 et parue en 1986 aux PUF sous le titre : Le Génocide franco-français : la Vendée Vengé1. Avec le recul, le scandale est immense, car en fait on m’a sanctionné uniquement parce que je révélais la réalité de la nature du crime commis en Vendée en 1793-1794. L’histoire est une chose, ce qu’on en fait en est une autre. Ce que je veux dire par là, c’est que l’on ne peut pas rendre la France actuelle responsable de ce crime conçu et mis en œuvre en 1793-1794 au plus haut de l’État, en l’occurrence le Comité de salut public et la Convention. Par contre, il est évident que maintenant que l’on sait la vérité sur les évènements, continuer à mentir ou justifier le crime commis fait, de facto, des tenants de ce discours des complices. En clair : si on n’est pas responsable de ce que nos ancêtres ont fait, on est responsable de ce que nous en faisons. 

Éric Brunet rappelle avec justesse tout ce que l’on m’a fait subir : perquisitions, menaces, sanctions. Pouvait-il en être autrement ? On aurait pu espérer que oui, mais en fait la logique est la même au-delà des siècles. Plus de victimes, plus de bourreaux, plus de témoins, plus d’histoire. Sans le vouloir, j’étais un témoin qui, grâce aux archives, avait ressuscité une histoire atroce avec, d’un côté, des bourreaux et, de l’autre, des victimes. Mais au-delà de ce crime premier, on en avait commis un second, tout aussi monstrueux que j’appelle le mémoricide qui avait fait que les victimes étaient devenues au fil du temps, à la suite d’une manipulation mûrement réfléchie, des bourreaux et les bourreaux des victimes. 

En raison du contexte, la commémoration du bicentenaire de la Révolution, des hommes au pouvoir qui se voulaient héritiers des révolutionnaires, de la dimension mondiale que voulait donner de l’évènement le président de la République, François Mitterrand, il fallait coûte que coûte m’éliminer, m’empêcher de parler, de témoigner comme hier les révolutionnaires l’avaient fait en exterminant tous les témoins oculaires selon le principe que « cette histoire devait s’oublier avec le temps ». En 1985-1986, les tenants du pouvoir politique et ses serviteurs zélés ne pouvaient plus m’éliminer physiquement quoique… Autre temps, autres mœurs. Ils ont préféré me tuer universitairement, intellectuellement, socialement, financièrement comme le raconte Éric Brunet.

Éric Brunet demande la reconnaissance du génocide par la France. Où en est-on à ce sujet  ?

Depuis quatre législatures, des députés courageux demandent la reconnaissance du génocide. En vain ! Dans quelques jours ou semaines, une nouvelle proposition de loi dans ce sens va être faite, sans illusion. 

Au-delà de cette situation, il y a un autre problème. Nous sommes le seul pays au monde à avoir voté des lois d’anéantissement et d’extermination vis-à-vis d’une minorité non pas pour ce qu’elle avait fait, mais pour ce qu’elle était. Ces lois font toujours partie de notre arsenal législatif, car elles n’ont jamais été abrogées ou retirées. Je crois qu’il est temps au nom de la vérité et de la justice de mettre fin à ce double scandale.

1. Reynald Secher, Le Génocide franco-français : la Vendée-Vengé, Perrin, 2006, 352 p., 23,50$ €.

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