Lors de la récitation du Regina caeli du 21 avril dernier, le Pape a commenté l’épisode évangélique bien connu du Bon Pasteur, lu la semaine auparavant dans la forme extraordinaire.
Cette image du Bon Pasteur est très biblique. L’Ancien Testament peint, à plusieurs reprises, les traits caractéristiques du bon et du mauvais pasteur. Il enseigne, surtout par Ézéchiel dans un long passage, que Dieu est le pasteur d’Israël et que le Messie annoncé le sera à son tour, étant le bon pasteur des âmes. Le psaume 22 prélude, quant à lui, directement à la parabole du Bon Pasteur. De son côté, Jérémie, en opposant la conduite du bon pasteur à celle des mauvais bergers, indique les prévenances miséricordieuses de Dieu pour son troupeau. Enfin, Isaïe prédit la tendresse du Messie pour son peuple.
Nous devons connaître notre berger et savoir entendre sa voix. Le Christ n’est pas seulement la porte de la bergerie. Il est le pasteur de son troupeau qui est l’Église et il accueille tous les hommes de bonne volonté, à l’unique double condition : qu’ils le reconnaissent comme l’unique véritable et Bon Pasteur et qu’ils demeurent dans son enclos. Pierre lui-même et ses successeurs ne sont que ses vicaires. Il est le Bon Pasteur, ou plus exactement le Beau Pasteur, selon le grec.
On peut distinguer deux beautés : la beauté physique et la beauté morale. Notre-Seigneur Jésus-Christ les possédait toutes deux. L’image du Bon ou du Beau Pasteur embrasse l’œuvre entière du Salut. Jésus est le Roi messianique, dont Dieu a fait à la fois le berger et le prophète des temps nouveaux. Être dans l’Église, c’est vivre une relation intime avec le Bon Pasteur. La personne de Jésus est l’unique porte qui peut être confusément devinée hors de l’Église visible, mais qui est toujours glorifiée en elle par l’unique signe qui nous y fait entrer : la Croix du Christ.
Le Pape, en notant que l’expression est répétée trois fois dans l’Évangile, s’attache surtout à nos relations intimes avec le Bon Pasteur. Il commence par dire que le berger donne sa vie pour ses brebis. En effet, être berger demeure une mission très délicate. On ne peut pas être berger à temps partiel. Comme une mère de famille pour ses enfants, le berger doit consacrer toute sa vie à ses brebis. En cela, le vrai berger se distingue du mercenaire qui n’a cure de ses brebis, car ce qui l’intéresse, c’est l’argent qu’il recevra. Si le mercenaire ne connaît pas ses brebis, le vrai pasteur les connaît au point de les appeler par leur nom.
Cette parabole a surtout pour but de nous inviter à un abandon confiant et total dans l’unique Beau et Bon Pasteur qui nous fait passer de la mort à la vie, en nous faisant traverser indemnes tous les obstacles, de la peur au péché, comme l’enseignait déjà le psaume 22. D’autre part, elle nous montre combien le Bon Pasteur qu’est Jésus prend soin de chacun de nous, s’occupant de tout son troupeau, avec un souci à la fois missionnaire et pastoral, n’oubliant pas les brebis égarées ou éloignées qu’il désire ramener dans l’unique bercail.
Ce souci missionnaire et pastoral converge en effet avec le désir profond de l’unité de tout le troupeau qu’est l’Église. Non seulement le Christ est guide, mais encore il aime chacun de nous. Chacun peut dire : « Le Seigneur est mort et est ressuscité pour moi ». Ces quelques réflexions, qui n’épuiseront jamais ce mystère, sont très importantes pour ceux qui auraient tendance à se déprécier, ou à croire que leur vie est terminée. Non ! Jésus, Bon Pasteur, continue à nous aimer.
Trouvons, grâce à Marie, un moment dans la journée pour embrasser la certitude de se savoir aimé par Jésus et donner ainsi une valeur à ma vie. Le passé, n’y revenons plus : il est à la miséricorde de Jésus. Le futur ne nous appartient pas : il est à sa Providence. Reste l’instant présent qui nous appartient. Par la prière, l’adoration, laissons-nous caresser par Jésus, comme la brebis qui se laisse caresser par son berger.
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