Après la révélation de l’affaire Santier, du nom de cet évêque français accusé d’abus sexuels, les fortes paroles de Paul VI en 1972 : « La fumée de Satan est entrée dans l’Église » prennent un relief particulier. Si les tous moyens humains doivent être mis en place, notamment en faveur des victimes, n’oublions pas aussi les moyens surnaturels. Car Satan ne reste pas inactif et pour le combattre durablement, seules les armes de la grâce sont vraiment efficaces.
Après les nombreuses révélations de ces dernières années concernant des abus sexuels commis dans l’Église, voici qu’une nouvelle fracassante vient ébranler à nouveau les fidèles. Un évêque, Mgr Michel Santier, est accusé de ce crime. Aussitôt la nouvelle connue, nombre de catholiques ont manifesté leur indignation devant le manque de clarté dans la communication de l’Église. Des demandes de clarification et de mise en place de nouvelles procédures, plus explicites et plus efficaces, en ont découlé. Le rapport de la Ciase est bien évidemment invoqué et, là aussi, des catholiques exigent l’application décidée de ses préconisations (1).
Une partie de la hiérarchie catholique mise en cause
Si, au regard de ces scandales, touchant jusqu’au haut de la hiérarchie (souvenons-nous de l’affaire du cardinal américain Theodore McCarrick), il est certainement nécessaire, sur le plan naturel, de recourir à des procédures plus efficaces, à une communication plus adaptée, notamment vis-à-vis des fidèles, et à une meilleure prise en compte des victimes, une autre réaction, sur le plan surnaturel cette fois, semble également s’imposer. Or, celle-ci manque aujourd’hui, de façon criante. Insistons bien, au risque sinon d’être incompris. Demander de poser un regard surnaturel sur ce que vit l’Église aujourd’hui ne revient pas à nier ou à amoindrir la nécessité de recourir à des moyens naturels pour éviter de tels abus. Pour autant, ces moyens, nécessaires, risquent d’être insuffisants si l’on ne passe pas également à un plan supérieur.
La fumée de Satan est toujours dans l’Église
En 1972, dans l’immédiat après-Concile, le pape Paul VI avait émis publiquement ce terrible constat : la fumée de Satan est entrée dans l’Église. Le propos visait la remise en question permanente de l’enseignement de l’Église. Satan, malheureusement, n’est pas seulement entré dans l’Église par cette négation des dogmes mais aussi en agissant sur le comportement des hommes d’Église. Mais, étrangement, il n’est jamais nommé dans l’analyse d’une situation où le mal se déploie pourtant sur une grande dimension et à visage ouvert.
Pouvons-nous continuer à l’ignorer alors qu’il salit l’Église, entraîne les fidèles à se méfier en permanence des prêtres et des religieux et pousse au départ des chrétiens scandalisés se privant ainsi des canaux habituels du Salut ?
Face à Satan, les armes de la grâce
D’autant qu’en refusant de nommer clairement l’origine du mal, nous nous privons aussi des remèdes surnaturels pour sortir de cette crise. Que constatons-nous, en effet ? La grâce n’est jamais invoquée, pas plus que la nécessité de la pénitence, du recours aux sacrements, voire aux exorcismes. Ils ne sont plus invoqués parce que nous n’y croyons plus. Plus vraiment !
Notre foi est devenue un filet d’eau tiède, et tous, sans être des assassins ou des pervers, nous sommes infectés par l’air ambiant et le conformisme qui conduisent au refus pratique de Dieu et du surnaturel. Derrière les comportements scandaleux et les crimes commis, qui doivent être jugés et punis, se trouve une perte profonde de la foi. Plus que tout, c’est elle qu’il nous faut recouvrir, entretenir et diffuser.
« Car la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure. Qui l’a une fois compris est entré au cour de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine. Notre Eglise est l’Eglise des saints. Mais qui se met en peine des saints ? On voudrait qu’ils fussent des vieillards pleins d’expérience et de politique, et la plupart sont des enfants. » (Bernanos)
Que pouvons-nous faire à notre niveau ? Bernanos aurait répondu : devenir des saints. Dans cette direction, il nous faut revenir à l’enseignement constant et sûr de l’Église, à une véritable vie sacramentelle et d’oraison en nous appuyant sur les grands auteurs chrétiens. C’est dans ce cadre que nous publions Les Entretiens spirituels de saint François de Sales, petit précis pour vivre intégralement la vie chrétienne.
Ce merveilleux complément à l’Introduction à la vie dévote permet, à partir d’entretiens réellement donnés par le grand évêque, de garder la boussole catholique pour traverser les marécages du moment. En ce mois de novembre, nous sommes heureux aussi d’annoncer à nos lecteurs que nous faisons célébrer une neuvaine de messes aux intentions des défunts des familles des collaborateurs et des lecteurs de L’Homme Nouveau (2) dans la claire certitude de la communion des saints.
Là où le péché abonde, la grâce surabonde
L’Église, aujourd’hui, a besoin d’une réforme profonde, d’un nouveau saint Grégoire le Grand qui la réenracine dans la plénitude de sa foi. Certes, il y aura toujours des pécheurs, même et y compris parmi les hommes de sa hiérarchie. Judas a trahi le Christ, des théologiens ont été à l’origine d’hérésies, des évêques sont représentés en enfer au tympan de certaines de nos cathédrales. Mais là où le péché abonde, la grâce surabonde. Le croyons-nous ? Le croyons-nous vraiment ?
1°) Sur le Rapport de la Ciase, voir notre numéro 1748.
2°) Vous pouvez vous y associer. Cette neuvaine aura lieu du 5 au 15 novembre. Il est également possible de faire un don pour participer à la prise en charge de cette initiative spirituelle.
Au fait, n’oubliez pas de vous inscrire au dîner exceptionnel du Club des Hommes en noir qui aura lieu le mercredi 9 novembre, à Paris. Pour plus d’informations et pour vous inscrire, n’hésitez pas à lire cette présentation et à regarder notre annonce.