L’adieu aux armes : les Français désarmés !

Publié le 27 Déc 2022

L’opération spéciale organisée dernièrement par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer (du 25 novembre au 2 décembre derniers) pour recenser et récupérer auprès des Français les armes non déclarées apparaît une nouvelle fois complètement décalée dans le contexte d’insécurité croissante que connaît le pays. Prévenus que la libre détention d’armes est prohibée, les intéressés étaient invités soit à s’inscrire dûment sur le SIA (Système d’information sur les armes, outil informatique géré par le ministère de l’Intérieur) comme le font déjà les chasseurs et les adhérents aux clubs de tir, pour régulariser leur situation ; soit à abandonner carrément l’instrument visé, le plus souvent hérité d’un aïeul, comme objet affectif ou bien de collection. Sous peine, sinon, de poursuite judiciaire ou administrative, selon les usages coutumiers de notre État de plus en plus totalitaire… L’opération d’abandon volontaire concernait tout type d’armes y compris les bombes aérosols, les armes blanches, les armes de poing, les grenailles ou les munitions. La plupart devaient être détruites, celles ayant une valeur patrimoniale pouvant tout de même être confiées à des musées. On devine que si cette espèce d’« adieu aux armes » a fait « un carton » au sein de la France honnête et bien élevée, laquelle s’est volontiers pliée à l’injonction gouvernementale, comme le constate Ouest France, avec des milliers de dépôts – 140 000 au total, dit-on, sur les cinq à six millions d’armes détenues de façon irrégulière, selon l’estimation « empirique » du ministère – dans les quelque 300 sites régionaux dédiés (gendarmeries, commissariats, sous-préfectures…), appelés « armodromes » pour la circonstance, les gangs et délinquants de tout acabit s’en sont pour leur part bien évidemment exemptés ! Qui dit prohibition dit d’ailleurs trafic : le trafic d’armes est un commerce – estimé par l’Onu à 1 200 milliards de dollars par an – qui prospère dans le monde. Ce ne sont pas, en effet, les armes généralement anciennes de nos demeures paternelles qui servent à alimenter le banditisme et à réapprovisionner massivement les réseaux mafieux. Si les saisies d’armes à feu ne cessent d’augmenter (selon la dernière étude mondiale de l’ONUDC, Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime, en 2020), la proportion la plus importante est réalisée dans le cadre du trafic de stupéfiants. Et ce ne sont pas les membres de ces réseaux criminels qui sont venus déposer paisiblement leurs armes dans lesdits « armodromes »  ! Autrement dit, non seulement on filtre le moucheron en laissant…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Jean-Michel Beaussant

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte
SociétéBioéthique

Fraternité et euthanasie : un débat sciemment faussé

Faisant droit aux revendications anciennes et répétées de certaines associations, le président Macron vient d’annoncer une loi sur l’euthanasie. Mais en usant d’un registre lexical détourné qui évoque l'« aide à mourir », l’autonomie de l’individu, les « conditions strictes » et la « fraternité »... Toutes expressions trahissent le sophisme, l’influence des officines francs-maçonnes, la solution miraculeuse aux déficits et surtout la crainte d’un vrai débat.

+

fraternité euthanasie
SociétéBioéthique

50 ans de résistance à l’avortement (3/3) : Combat contre l’avortement et transition postdémocratique

Question disputée | Combattre à temps et à contretemps en faveur de la vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, est une urgence née des lois mortifères mises en place par un système politique qui, loin d'être neutre, a rompu dès ses origines avec les exigences de la loi naturelle. Dès lors, n'est-il pas nécessaire de finaliser ce combat particulier en l'insérant dans une perspective plus large ?

+

AdobeStock 417378513 avortement